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LA CROISIERE S’AMUSE !

Fichtre sacrebleu, le dernier trend du parfait fêtard balinais est la party en bateau ! Attention, pas un Radeau de la Méduse rempli de réfugiés afghans ; sur le Dragoon yacht, s’il vous plaît ! Si le nom est prometteur, nous sommes loin du Pirate des Caraïbes. Moins Barbe-Bleue que carte bleue, c’est toujours mieux qu’un tour en bateau-mouche sur la Seine, entouré d’ectoplasmes en sandales ou qu’une balade en pédalo à la Grande-Motte. Accueillis par un jeune homme gominé, aux dents et chaussures impeccablement blanches, nous naviguons bien sous pavillon italien. Sur le pont , les avions de chasse me font penser au Charles de Gaulle. Loin des gilets jaunes, le dress code, très Jakarta, est «casual white». Mannequins, photographes, pique-assiettes: le «mood» est au fashion-show, photo shoot et tequila shots. Dans la cale, l’ambiance est moins glamour. On y sert des cocktails dans des gobelets en plastique et des mie goreng façon Flunch. Mais qu’importe: on vient ici pour exhiber son dernier bikini, concours de selfies et compagnie.

A défaut de criques sauvages, nous navigons dans Benoa. A tribord: jet skis, chalutiers et banana boats. A babord, zodiacs, kite surfs et un drone qui nous suit comme son ombre. Puis la nuit tombe et nous devenons les flibustiers du vaisseau fantôme. Mille millions de mille sabords, le DJ, un bachi-bouzouk d’Ibiza est installé dans le cockpit du Capitaine Haddock. A l’avant, une russe sexy et un Casanova colombien très attiré par la coque, observent la houle. Un footballeur carioca en speedo léopard fait chavirer de bonheur une flamande rosie par le soleil. Tout en contemplant son Raymond Kopa latino, elle rencontre des problèmes de mouillage. Ah, les aléas de la pêche aux moules en eaux vaseuses ! A défaut de luxe, ca suinte la luxure. Un viking, fan de bondage et qui voulait se familiariser avec les noeuds marins, tente de briser la glace et drague une cougar de la Silicon Valley, dont la façade en cours de ravalement, indique que le chantier n’est pas naval. Que diable allait-il faire dans cette galère ? Mais ce fétichiste de l’escarpin était prêt à n’importe quelle fourberie. Niveau WC, ce n’est pas Hollywood. Surtout en passant après la femme voilée qui a le mal de mer, ou Barbe-Rousse, le Hollandais volant, qui rencontre des problèmes de précision à cause de la bière. Il avait bien essayé de se soulager par dessus bord,mais avait oublié le fameux proverbe marin: « Qui pisse contre le vent se rince les dents! » Et puis tout le monde se met à danser comme s’il n’y avait plus de lendemain.

Les fêtes en bateau ont cet avantage: à moins de rentrer à la nage, on est obligé d’y rester jusqu’au bout. On lâche prise, sans devoir subir ces marathoniens de la nuit, qui courent de club en club, car la musique n’est pas « cool », les filles pas assez « hot » ou le sex on the beach trop « sweet » : on est dans la même galère, on s’adapte et on met les voiles sans arrière-pensées. C ’est tellement bon de se laisser mener en bateau. La nuit est un navire qui nous transporte chaque jour vers l’autre côté de l’existence. Hisse et oh !

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