La découverte de ces bombes a été suivie les jours d’après par d’innombrables fausses alertes non seulement à Jakarta mais aussi dans de nombreuses autres villes de l’archipel, développant ce sentiment de peur, d’appréhension et d’insécurité dont les medias indonésiens ont abusé.
La faible puissance des engins incriminés laisse à penser que l’intention n’était pas réellement de tuer. Il s’agirait davantage d’une volonté d’attirer l’attention, de rappeler que l’Indonésie est une cible privilégiée du terrorisme et qu’elle y est vulnérable. Sur tous ces points, l’objectif a été atteint. L’intense médiatisation des événements, reposant sur la recherche et la surenchère permanente de sensationnel des chaines de télévision, souvent au détriment du factuel et de la pondération, y a largement contribué.
Les événements n’ont pas été revendiqués, et la police semble piétiner dans son enquête, laissant assez de place à chacun pour exprimer ses hypothèses. Comme souvent dans les pays à tradition musulmane, certains y ont vu la patte américaine. L’Oncle Sam a le dos large quand il s’agit de trouver un coupable. Abu Bakar Ba’asyir, (grand-) père des islamistes indonésiens et parfaite incarnation locale du Calimero qui n’aurait rien à voir avec les dérives de l’islam radical national, a quant à lui profité de ses procès et exposition médiatique actuels pour évoquer la piste du Détachement 88. Selon lui, l’unité anti-terroriste indonésienne souffrirait d’un manque d’opérations de terrain actuellement et aurait donc créé ces événements de toutes pièces pour ne pas paraître inutile.
Une autre hypothèse possible serait celle d’individus ou de petits groupes peu organisés mais qui se revendiquent de la Jemaah Islamyia, ont de l’admiration pour elle ou adhèrent à la même cause de création d’un Etat islamique en Asie du Sud-est. L’apparent manque de moyens et de cibles clairement établies apportent du crédit à cette thèse.
Parmi les autres potentialités suggérées ici ou là apparaissent les communautés déjà impliquées dans le passé dans des conflits religieux à Poso, ou des groupes qui souhaiteraient voir le président Yudhoyono être renversé avant la fin de son mandat. Bien que ne pouvant être complètement dénigrées, ces hypothèses semblent peu probables au regard
des faits.
Comme pour plusieurs récents événements lies aux atteintes à la liberté de culte, pourtant inscrite dans la Constitution, aucun suspect n’a été formellement identifié dans ces attaques à la bombe qui portent pourtant le sceau des conflits religieux. Cette situation devenue récurrente est une preuve supplémentaire du manque d’attachement du gouvernement indonésien au concept de pluralisme religieux. C’est également une incitation voilée à continuer en cette voie pour tous ceux que la différence et la diversité dérangent.