Accueil Portraits

l’Indonésie en difficulte face au SIDA

L’Indonésie s’est longtemps cru protégée des ravages du Sida par le respect des valeurs et vertus musulmanes. Mais dans ce pays réputé pour sa grande liberté sexuelle, il n’en est rien. En 2004, une enquête révélant que 90% des étudiantes de la ville universitaire de Yogjakarta n’étaient plus vierges avait jeté un pavé dans la mare des défenseurs de l’islam comme rempart contre le virus.

Et quand cette même année l’Onusida a placé l’archipel sur la liste des pays dont le seuil précède l’épidémie, les autorités indonésiennes ont été forcées de réagir. Car les chiffres sont éloquents : entre 2002 et 2006, le nombre de malades aurait doublé, passant de 100 000 à 200 000 selon les estimations. Toutes les provinces sont touchées, mais celles où les revenus sont les plus faibles – et l’accès aux médias et aux soins plus difficiles – sont les premières victimes.

Le gouvernement a alors conventionné 75 établissements pour traiter les patients séropositifs. L’Hôpital Dharmais à Jakarta est un de ceux-là. Il est le mieux équipé et peut compter sur les meilleurs spécialistes du SIDA en Indonésie. Le Docteur Samsuridjal Djauzi, ancien directeur de l’établissement, fait partie de ceux-là : « Tous les jours nous accueillons ici entre 40 et 50 patients. Une vingtaine de lits leur sont réservés. Nous leur apportons bien sûr l’aide médicale nécessaire, mais également, avec l’aide d’associations locales et d’ONG internationales, une aide psychologique et professionnelle ».

L’Etat indonésien distribue gratuitement les trithérapies, utilisant pour cela des médicaments génériques produits en Indonésie et coûtant 25 fois moins cher que les médicaments occidentaux. Néanmoins, le test de dépistage, lui, reste payant. Ce qui fait, d’après le Professeur Samsuridjal, que « sur les 200 000 personnes supposées atteintes du SIDA en Indonésie, seules 8000, soit 4%, sont effectivement sous traitement ».

Melri fait partie de celles-là. Cette ancienne héroïnomane de 27 ans a aussi contaminé son bébé de 9 mois. Elle a contracté le virus par le partage des mêmes seringues que d’autres consommateurs lors de leurs injections intraveineuses. Ce mode de transmission est, avec les relations sexuelles non protégées, le plus répandu en Indonésie. « Mes amis ne savent pas que je suis malade, explique Melri. A la maison, seule ma mère est au courant. Elle m’a juste dit de bien prendre mes médicaments, mais personne d’autre ne sait. Si je le disais à mes amis, ils auraient peur, s’éloigneraient de moi et me diraient de ne plus les fréquenter. Donc il vaut mieux que je me taise ».

La discrimination est en effet le problème majeur auquel sont confrontés les malades atteints du SIDA, plus encore que l’accès aux soins. «Les cas de séropositifs chassés de leur village sont très courants», confirme un responsable associatif. Selon lui, certains malades refusent même de se faire soigner par crainte des discriminations.
Les manques de moyens et de volonté politique ont également un effet négatif. 70% de l’argent servant à lutter contre le SIDA provient ainsi de l’étranger. Car le SIDA n’est qu’un problème parmi tant d’autres. Il est loin d’être le seul fléau contre lequel l’Indonésie doit lutter.

LAISSER UNE RÉPONSE

Please enter your comment!
Please enter your name here