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L’Enlèvement à la Balinaise

Le kawin lari ou ngerorod en balinais, l’enlèvement de la promise par le fiancé avant le mariage, est l’une de ces traditions locales qui nous paraissent appartenir au folklore d’antan. Coutume ancienne peut-être, mais toujours pratiquée de nos jours ! Il en est même des situations, où ce stratagème semble la seule solution pouvant mener à l’union sacrée.

Nyoman est un garçon sérieux et travailleur de 28 ans, originaire d’une famille de paysans du Nord de l’île. Depuis quatre ans, il est le fidèle assistant de son patron à Kuta. Récemment, il vient encore de prouver son sens des responsabilités.

Pendant plusieurs mois, il fréquente Lisa, une Javanaise de 20 ans qui vit avec son père à Denpasar. Un amour véritable et réciproque naît entre eux. Quand Lisa déménage chez son amoureux, son paternel n’y voit aucun inconvénient. Plusieurs mois se passent et l’inévitable arrive: la jeune fille tombe enceinte. Nyoman n’hésite pas une seconde et propose de l’épouser.

Lorsqu’on annonce le projet nuptial au père de Lisa, ce musulman fervent s’oppose catégoriquement à un mariage à la balinaise. Sa fille doit rester membre de la communauté musulmane et seule une union célébrée selon les préceptes musulmans est envisageable. Cette option est totalement exclue pour le fiancé qui se trouve chez lui, à Bali, où l’hindouisme régit d’une façon incontournable la vie de toute la population. Intransigeant, le père de Lisa refuse d’en débattre plus avant.

Alors, dans la plus pure des traditions locales, Nyoman enlève sa fiancée ! Il l’emmène dans son village natal où les parents accueillent l’élue de leur fils avec la simplicité propre aux gens de la campagne. Et déjà on s’active à préparer des noces qui ne manqueront pas d’avoir lieu.

En vue d’obtenir un accord pouvant satisfaire les camps opposés, les deux familles se rencontrent. Grâce à la médiation de l’employeur de Nyoman, la discussion se déroule dans le calme, mais les positions ne varient pas : le père musulman estime perdre sa fille si elle se marie selon le rite balinais, le fiancé insiste sur son « droit du sol ». Le résultat : Lisa doit choisir entre sa famille et son amour. Devant la menace d’être reniée par toute sa parentèle, la jeune fille craque et part avec son père, sous le regard attristé du fiancé délaissé.

Nyoman, abasourdi mais pas abattu, est convaincu que l’on enverra son amoureuse à Java et veut foncer vers Gilimanuk pour l’intercepter. Ses proches arrivent à le raisonner et il patiente, la peine dans l’âme. Après deux jours de déprime, le coup de téléphone libérateur : c’est Lisa ! Elle se trouve en effet à Java, mais après plusieurs altercations et une gifle de sa mère, elle a sauté dans le prochain bus en direction de l’aéroport le plus proche.

Le lendemain, Ngurah Rai voit des retrouvailles dans la joie. Puis, c’est le retour au village de Buleleng: préparatifs de mariage et lancement des invitations. La cérémonie sera simple, mais officiée dans les règles de la foi hindouiste par trois pemangku qui ont du mal à comprendre l’esprit sectaire qui règne dans d’autres religions.

Nyoman et Lisa sont enfin réunis officiellement. On n’attend plus que le bébé pour que le bonheur soit complet. Et lorsqu’on célébrera la naissance de leur Wayan dans six ou sept mois, Lisa mangera peut-être aussi le babi guling servi à l’occasion de la réception.

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