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Kodok-Pesawat-Pohon

« Quand on habite aux Gili, le soir au coucher du soleil, on ne peut pas ne pas remarquer les petites filles qui
barbotent dans l’eau, à défaut de savoir nager, pendant que leurs frères s’amusent à faire des brasses. L’idée de
leur apprendre à nager a commencé à germer rapidement. C’est grâce à Tofa, un ami de ma fille, professeur de
plongée, que le projet a décollé il y a six mois. Il fallait aller à leur rencontre à la plage et gagner leur confiance,
ce qui fut chose faite assez rapidement. On a organisé des séances de natation les mercredis et vendredis aprèsmidi,
à la fois en mer et surtout en piscine, ce qui les a beaucoup impressionnées. Les enfants sont complètement
écartés des piscines qui fleurissent à Trawangan. Ils sont constamment entourés d’eau mais ils ont le sentiment
qu’elle ne leur appartient pas, il faut qu’ils se l’approprient.

Nous avons décidé de monter une équipe avec les 12 petites filles qui viennent toutes les semaines. Elles ont
entre 5 et 11 ans et sont très malignes pour leur âge. On a investi dans un équipement et dans des tee-shirts
roses qu’elles portent en signe de reconnaissance. En voyant qu’on s’impliquait dans le projet sans rien leur
demander en retour, elles ont été très assidues aux cours et en deux jours de pratiques, elles font déjà la brasse !
L’aspect collectif est important pour elles : elles se sont même dotées d’un cri de guerre : « kodok-pesawat-pohon
» (grenouille-avion-arbre), c’est-à-dire les mouvements à imiter pour leur apprendre à nager ! Elles s’amusent
beaucoup et apprennent en même temps. Du coup, les parents, qui se tenaient un peu à l’écart au début, se sont
rapprochés de nous, ils voient que nos intentions sont bonnes et qu’on est là pour faire partager à leurs petites
filles ce que l’on peut leur apporter.

Ma fille et moi avons été vraiment intégrées dans le village. Les enfants restent chez nous après les cours, ils
viennent nous voir quand ils ont un bobo ou quelque chose à nous dire. Les filles savent bien qu’elles sont les
bienvenues, que nous ne sommes pas là pour faire des affaires. En dehors des leçons de natation, nous essayons
de les socialiser, de leur apporter des goûters, des jeux, des coloriages. C’est important pour nous aussi qu’elles
prennent conscience de la terre qu’elles ont sous les pieds. Nous les incitons à ne pas jeter les papiers par terre
mais dans la grande poubelle que nous avons mise à côté. Il y a un certain manque de présence familiale, la
plupart de ces enfants sont livrés à eux-mêmes, encore plus qu’à Bali. Alors, tout ce qu’on leur offre, elles le
prennent avec une reconnaissance infinie. C’est vraiment une histoire de coeur.

Aujourd’hui, on a besoin d’un peu plus de moyens pour continuer. Toute aide sera appréciée. Notre objectif serait
d’apprendre aux filles à explorer les fabuleux fonds marins de Gili, de s’asseoir à deux mètres de profondeur.
Et surtout, on veut continuer à les entourer. Ce qui est sûr, c’est qu’on ne les laissera pas tomber. »

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