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Juillet 1945: le débarquement australien à Balikpapan

Le soleil se lève à peine en cette
matinée du 25 avril. L’hymne national
australien retentit sur le bord de mer
de Balikpapan. Au milieu de la route qui
mène au port se dresse le tugu Australia,
un monument qui rend hommage
aux 229 soldats australiens tombés ici
en juillet 1945. Comme des milliers
d’autres, ils étaient venus libérer la ville
du joug japonais. Le débarquement allié
sur les plages de Balikpapan le 1er juillet
1945 est considéré comme la dernière
grande opération militaire de la fin de
la guerre. Des grandes manoeuvres que
la communauté australienne et néozélandaise
de Balikpapan commémore
tous les ans à l’occasion de l’Anzac*
Day. Aujourd’hui, l’ambassadeur
d’Australie est présent ainsi que de
nombreux officiels indonésiens. « Pour la
communauté australienne de Balikpapan,
le 25 avril est une journée importante.
Nous rendons hommage aux combattants
qui sont morts ici même, sur cette plage »,
explique Russell Wood, responsable de
l’association Anzac à Balikpapan.

La ville et ses environs ont été occupés
pendant trois ans et demi par les Japonais.
En cet été 1945, l’issue de la guerre
est déjà connue. Malgré tout, sur les
ordres de Mac Arthur, un débarquement
se profile à Balikpapan. Le général
Blamey, commandant en chef de l’armée
australienne est réticent et envisage
même l’annulation de cette opération. La
libération de Balikpapan est la troisième
et dernière étape de la campagne de
Bornéo. En juin 1945, on estime à 3900
le nombre de soldats japonais stationnés
dans la région. Plus au nord à Samarinda,
ils sont autour de 1500. Environ mille
de leurs compatriotes sont travailleurs
dans la zone. La première difficulté
pour les Australiens est d’organiser
un débarquement sur des plages très
boisées. L’ennemi a installé une centaine
de pièces d’artillerie qui font face au
rivage. Dès le 15 juin, les opérations
préliminaires débutent. Quatre cruisers
américains, deux australiens et treize
destroyers bombardent les batteries
ennemies. 23 000 obus seront tirés
pendant ces deux semaines. Ousmane
(cf. La Gazette de Bali n°50 – juillet 2009),
adolescent à l’époque, se souvient très
bien de ce tonnerre de feu : « Pendant des
jours, la ville a été bombardée, le vacarme
était hallucinant. »

La 7ème division australienne commandée
par le général Milford, vétéran de la
première guerre mondiale, compte
trois brigades qui regroupent 21 000
hommes. Le soutien naval et aérien est
conséquent. Le 1er juillet, la 7e division
met pied à terre près de la ville. Décision
est prise de débarquer sur la plage
de Klandasan au coeur de la défense
japonaise. Ousmane n’a pas oublié cette
matinée : « Je me souviens du bruit des
attaques dans la ville, il y avait des arbres
partout à l’époque et les embuscades
se faisaient dans la rue. Nous étions si
contents de voir des Australiens. Bien sûr,
ils ne faisaient pas tout à fait la différence
entre les Japonais et les Indonésiens.
Quand ils demandaient d’où nous étions,
nous devions nous empresser de répondre
que nous étions Malais ! De toute façon,
la faim nous a tellement rendue la vie
difficile pendant l’occupation japonaise
que nous avons accueilli les Australiens en
héros. Ils nous apportaient du pain et des
conserves ! Comme j’avais été recruté de
force par les Japonais, je connaissais bien
les installations militaires de la ville. J’ai pu
leur faire visiter. »

Très vite, les Australiens s’emparent
de la zone de Sepinggan et de son
aéroport. Ils pénètrent 10 kilomètres à
l’intérieur des terres à l’est de la ville.
Les découvertes sont parfois macabres.
« Un des vétérans présent il y a quelques
années à la cérémonie de l’Anzac day, ici à
Balikpapan, m’a raconté qu’il a vu dans la
campagne des Dayaks brandir fièrement
des têtes de soldats japonais. Pour ce jeune
Après trois ans d’occupation japonaise, la partie indonésienne de Bornéo est libérée par les troupes australiennes
qui débarquent à Balikpapan le 1er juillet 1945. La dernière des grandes opérations militaires de la Seconde Guerre
Mondiale menées par les Alliés peut commencer.
soldat à l’époque, c’était bien la preuve
que les coupeurs de têtes n’étaient pas
une légende », raconte Russel Wood.
D’autres vétérans lui racontèrent les
trois jours de marche éreintantes pour
rejoindre la ville de Samarinda plus au
nord. A l’époque, la route n’était qu’un
chemin de terre.

Après deux semaines de combat, près
de 1800 soldats japonais trouvèrent la
mort et 63 furent faits prisonniers. 229
soldats australiens furent tués et 634
blessés. La zone est officiellement libérée
le 21 juillet même s’il faudra encore
sécuriser la région jusqu’à la fin de la
guerre, en août. Aujourd’hui encore, les
historiens continuent de discuter sur la
nécessité de cette campagne. Pourquoi
risquer encore des vies alors que la
guerre était presque terminée ? Deux
explications sont avancées. La première
est économique, il fallait reprendre au
plus vite la main sur les installations
pétrolières de la zone. La deuxième
est humaine : les Japonais détenaient
encore de nombreux prisonniers de
guerre néerlandais dans des conditions
déplorables.

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