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Joseph Defilippou: du R’n’B au F & B

« J’ai la musique dans le sang », explique ce fou de black music au sujet du lancement de Billboard Live, dans la rue Benesari à Kuta. L’idée est simple : « Nous reprenons ici le concept qui a marché sur la plage Double Six, avec Goody’s et la Vida Loca côte à côte, mais dans un style plus chic et cozy. Nous ne faisons venir que des groupes de Noirs américains », précise cet Australien né en Grèce, à Platanos, au début des années 60. En face, son restaurant Chasers, que les habitués français de l’Ada Bar connaissent bien pour ses pizzas. Les amateurs de funk, de soul, de rap n’auront donc que la rue à traverser pour commander à manger, faisant comme le patron qui est passé du R’n’B au F & B (Food and Beverage). Avant de venir s’installer à Bali avec femme et enfants, son frère George et des cousins, Joseph Defilippou a bourlingué pendant 15 ans dans le circuit des hôtels internationaux comme entertainer, de quoi se constituer une solide expérience dans les métiers du boire et du manger.

Avec des fonds réunis grâce à des investissements immobiliers judicieux en Grèce et en Australie, les frères Defilippou se sont lancés dans les containers à leur arrivée à Bali. Après quelques envois et des profits rapidement multipliés, ils ont loué l’emplacement qui allait devenir Goody’s, pour vendre pizzas, hamburgers et souvlakis. Le succès est au rendez-vous rapidement, le restaurant étant situé au milieu des bars et boites de nuit, au bout de la Double Six. Joseph Defilippou ouvre ensuite la Vida Loca, adjacent à son restaurant, avec au cœur du projet de la musique live toutes les nuits, marquant ainsi une rupture avec la musique électronique jouée habituellement aux alentours. Le succès est quasi immédiat. Tout le monde y afflue et se mélange sans rechigner, recréant ainsi ce Bali d’antan qui a disparu sous les assauts de la spécialisation des offres, facteur de la fragmentation socioculturelle de ces dernières années.

Ce descendant de Marseillais ayant immigré en Grèce et hellénisé son nom de famille ne peut travailler qu’en réseau. Son parrain est le patron sino-indonésien du Kama Sutra, cet établissement du front de mer de Kuta qui fait passer à Bali les meilleurs groupes et artistes indonésiens. Il est ainsi présent dans toutes les affaires de Joseph Defilippou. En échange, ce dernier est également présent, à hauteur de 10% dans le capital du Kama Sutra. « Nous travaillons en famille », explique-t-il. Une entreprise « familiale » qui emploie plus de 100 personnes. Auxquels il faut ajouter 62 musiciens répartis en 7 orchestres que Joseph Defilippou envoie dans le monde entier. « J’aime être très occupé et stressé », ajoute encore celui qui ne rentre aux pays (Grèce et Australie) qu’une fois tous les deux ans.

Si les métiers de la nuit et du spectacle constituent la vitrine la plus connue des affaires de Joseph Defilippou, il existe aussi une branche dans la construction et une autre dans l’artisanat et le mobilier. L’Asian Bazaar propose en effet toute sorte de produits indonésiens à des prix cassés. « Là, nous sommes revenus à nos origines. Un bazar. On vend de tout à prix super pas cher, imbattable. Aux particuliers et aux professionnels. Aujourd’hui, avec la crise mondiale, ça marche, on a triplé nos bénéfices sur les premiers mois de l’année », commente-t-il avec satisfaction. Venu à Bali la première fois avec dans la tête l’envie de prendre une semi-retraite après des années sur la route, le Grec de Melbourne a donc pris un chemin radicalement inverse ces dernières années. « Ici, on peut faire ce qu’on veut, on est libre. J’ai trouvé mon chez moi à Bali », ajoute-t-il. Et s’il se voit bien passer plus de temps en Grèce et en Australie pour ses vieux jours, pas question de quitter son île chérie. Nous aurons donc encore tout loisir de le voir pousser la chansonnette (probablement un vieux standard de James Brown !) au détour d’une nuit bien arrosée…

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