Accueil Cover Story Evénement

Jean-René Gossart : notre public est en demande de spectacles drôles

La Gazette de Bali : Jean-René, tout d’abord, presque qu’un an après les représentations de « Suzon et la République », peux-tu faire le point sur cette aventure ? A-t-elle comblé tous tes espoirs ? As-tu des regrets ?

Jean-René Gossart : On n’est jamais totalement comblé. Disons que je suis globalement satisfait que l’aventure théâtrale ait perduré, et que la Compagnie Licence IV ait connu sa seconde année d’existence. Les acteurs de Suzon sont en majorité restés fidèles et ont décidé de poursuivre l’aventure avec moi. Des regrets, oui, j’en ai. Un : que nous n’ayons pas pu donner d’autres représentations de Suzon. Les acteurs sont restés sur leur faim et se sont sentis frustrés d’avoir travaillé un an pour ne jouer que deux fois. Deux : que nous n’ayons pas pu trouver une salle pour nos répétitions, les acteurs ont besoin des vraies dimensions d’un plateau pour s’exprimer, et les répétitions à domicile ne sont pas toujours la meilleure solution. Certes, nous avons essayé de répéter le plus souvent possible au Royal Beach, mais cela représente un coût, que nos maigres finances ont eu du mal à couvrir. Mon troisième regret, puisque nous parlons finances, est que les sponsors qui nous avaient suivis en nombre l’année dernière, n’aient pas tous renouvelé leur soutien, et que je n’ai pas senti non plus un encouragement et une adhésion à nos projets. Bali souffre d’un désert culturel important et je pense que tous les organismes (Consulat, Alliance Française, Ecole Française…) devraient travailler main dans la main pour permettre la réalisation de projets culturels conséquents.

LGdB : Tu prépares deux nouveaux spectacles. Peux-tu nous en parler ?

J-R G : Oui, j’ai fait le choix cette année de monter un spectacle plus léger, en terme de distribution, donc plus facilement déplaçable, et j’ai choisi « Le diner de cons », grand succès populaire. Un pari à risques vu la notoriété de la pièce, et en même temps un challenge formidable pour les acteurs d’arriver à faire oublier Villeret et Lhermitte. Mais Franck Metay et Djamal Saouli sont deux formidables acteurs et je ne suis pas inquiet quant au résultat. Donc une pièce à 7 personnages est plus facile à déplacer que Suzon et ses 30 acteurs. Le revers de la médaille c’est que cela ne faisait travailler que 7 acteurs. J’ai donc doublé les rôles, à l’exception de François, Pierre et Leblanc. Donc 12 comédiens étaient maintenant employés. Il en restait 18 à distribuer. Alors on s’est attaqué à un autre succès populaire : « Ils s’aiment, ils se sont aimés »  de Laroque-Palmade, 12 sketches à 2 personnages articulés sous la forme d’un combat de boxe sous le titre  « Vous avez dit l’amour ? ». L’avantage a été une plus grande souplesse dans la distribution, puisque 80% de la troupe est en couple dans la vie, et se retrouvent en couple sur scène, donc des répétitions plus facilement planifiables pour des acteurs tous very busy dans leurs activités professionnelles.

LGdB : Outre la raison que tu viens d’invoquer, pourquoi ce choix de sketches de comiques célèbres ? A la demande populaire ?

J-R G : Notre public est en demande de spectacles drôles et populaires. Je ne dis pas que je ne m’attaquerai pas à des textes plus sérieux dans les années à venir, mais pour l’instant, on s’amuse et jouer de vraies comédies est tellement excitant. Maintenant, j’ai dans mon tiroir plein de beaux textes (Cuisine et Dépendances, Variations Enigmatiques, La Cage aux Folles…). Je travaille également à une adaptation du « Petit Prince » que j’aimerais jouer avec les jeunes élèves qui vont rejoindre mon atelier-théâtre et la troupe existante (faire cohabiter sur une scène des adolescents avec des adultes expérimentés, ne peut être qu’enrichissant pour tout le monde).

LGdB : Pourtant, il y a un peu plus d’un an, tu nous avais dit que vous alliez écrire ensemble des petites chroniques de la vie des francophones à Bali à mettre en scène. Ce projet tient-il toujours ?

J-R G : C’est toujours d’actualité. J’en profite pour faire appel aux Français de longue date sur Bali pour alimenter la chronique de la vie des francophones d’anecdotes croustillantes.

<img3928|center>

LGdB : Tes comédiens amateurs d’il y a un an sont-ils en passe de devenir des pros, au moins en terme de talent et de maitrise du métier ?

J-R G : Il y a eu de véritables révélations, des comédiens qui pourraient (s’ils en avaient le temps) rivaliser avec bon nombre de comédiens professionnels. C’est pour cela que je nourris d’ambitieux projets pour les années à venir. En tout cas, aucune comparaison entre leurs premiers pas en décembre 2011 et ce qu’ils sont devenus maintenant.

LGdB : La troupe, c’est combien de personnes aujourd’hui ? Où en est License IV et l’association que vous avez créée ?

J-R G : On est une trentaine encore, même si notre ex-Consul nous a abandonnés pour aller présider le Rotary Club, si Christophe le coiffeur a préféré travailler avec les Japonais de Sisheido, et si Michel et Karine se sont mis en vacances temporaires. Mais je ne désespère pas de les voir rejoindre le « troupeau » l’année prochaine. Maintenant Annie et Jacques, anciens comédiens de Nouvelle-Calédonie ont rejoint nos rangs et ils sont formidables.

LGdB : Comment se passent les répétitions aujourd’hui comparé au début de la troupe ? Quels changements notoires ?

J-R G : Les répétitions ont été plus longues, vu le doublement des rôles pour « Le Diner de Cons » et la multiplicité des sketches. Les activités professionnelles de la troupe sont florissantes, et il n’a pas été simple de conjuguer leur travail et le théâtre, mais ce sont tous des passionnés, et on sera prêt pour le jour J, même si quelques nuits blanches nous attendent sur la fin.

LGdB : Parle-nous un peu de l’avenir et de ton projet de trouver un lieu pour ouvrir un vrai centre culturel.

J-R G : Comme je l’ai mentionné plus haut, on a besoin d’une vraie salle pour répéter. Il faudrait trouver un lieu où l’on puisse accueillir d’autres spectacles – danse, musique, organiser des expos… Je continue à me battre pour ça, même si parfois j’ai envie de baisser les bras devant une certaine apathie des « pouvoirs publics ». J’ai des dossiers sur des bureaux à Jakarta et j’attends que les décideurs se décident. Mais on y arrivera. Pour l’année prochaine, pour garder la motivation des troupes, on va monter, non pas un spectacle qui se répète sur un an pour se jouer en octobre-novembre, mais 3 spectacles, un tous les 4 mois, mars, juin et octobre, celui de juin se conjuguant avec le spectacle que je monterai avec mes « élèves ».

Alors, encore du pain sur la planche, mais un tel plaisir de mettre ma petite expérience au service de la communauté française, pour les enrichir et les distraire. J’invite les parents qui ont des enfants de 7 à 18 ans, à leur faire rejoindre l’atelier-théâtre dès la fin du mois de septembre. La troupe Licence IV aura très vite besoin d’une relève. Quant aux adultes, rejoignez-nous aussi, « plus on est de fous, plus on rit », et ne me dites pas : «  oh la la, jamais je ne monterai sur une scène, je suis trop timide. » Chantal Bonfils, Sylvie Blanchet, Jamie van den Post Tafinine, Esther Sanchez, Michel Pappaz, Sandra Mascré, Claude Jouvaud, Lucie Nikel, Jean-Joel Zattara, Liliane Soro et 80% des acteurs de la troupe disaient la même chose il y a 18 mois, venez les applaudir maintenant, vous verrez qu’ils se sont trompés.

A 20h, au Royal Beach Seminyak, Jl Camplung Tanduk, Seminyak, les vendredi 18 et samedi 19 de ce mois, « Vous avez dit l’amour ? » et les vendredi 15 et samedi 16 novembre « Le dîner de cons ». Possibles dates supplémentaires en cas de guichets fermés les dimanches 20 octobre et 17 novembre. Billets en vente aux Cafe Moka Seminyak, Canggu et Ubud, à Khaïma et au Café Bali.

LAISSER UNE RÉPONSE

Please enter your comment!
Please enter your name here