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Janet de Neefe : portrait d’une reine en son royaume

Hôtel, café, bar, restaurant, linge de maison, décoration, boulangerie-pâtisserie, cours de cuisine, cours d’art, livres et peinture sont les activités dans lesquelles Janet de Neefe excelle. Celle que nombre de personnes ont désormais baptisé la « reine d’Ubud » semble en effet être en mesure de transformer en or tout ce qu’elle touche. Et ce depuis 1987, date à laquelle elle a démarré son premier restaurant, baptisé Lilies, avec son mari originaire d’Ubud. « C’est mon père qui m’a amenée en vacances pour la première fois à Bali, dans les années 70. J’ai tout de suite été attirée par cet environnement très féminin », rappelle-t-elle aujourd’hui dans son hôtel Honeymoon qui sert également de résidence familiale. Cette prof d’histoire de l’art, peintre à ses heures et admiratrice de Cézanne et Gauguin, a démarré sa vie balinaise en 1984. Flash-back…

« J’ai tout de suite voulu apprendre la cuisine balinaise. J’étais si impressionnée par les mets servis dans ma belle-famille », raconte-t-elle. Mais comme les arts de la table ne font pas partie de ses qualifications, elle va d’abord passer trois ans à étudier et compiler une somme sur le sujet. De cette passion vont naître les cours de cuisine et deux restaurants, Lilies tout d’abord, qui fermera en 1991, et le célèbre Casa Luna, ouvert en 1992 en plein centre d’Ubud, qui va démarrer l’incroyable saga balinaise de cette Australienne de Melbourne. La réputation de l’endroit ne va cependant pas passer par les plats locaux dont elle raffole mais par la boulangerie-pâtisserie (aujourd’hui Honeymoon Bakery) qu’elle démarre à l’époque. Casa Luna se révèle alors comme le salon de thé idéalement connecté avec le vernis culturel très anglo-saxon et gentiment snob d’Ubud. Janet de Neefe essaye alors de perfectionner sa carte, adaptant la cuisine locale au goût occidental et le succès, là encore, ne se fait pas attendre. « La carte se doit d’être fusion et non pas confusion », s’amuse-t-elle aujourd’hui.
Si elle considère Casa Luna comme sa « maison », le restaurant est bâti sur un terrain appartenant à la famille de son mari ; Ketut, elle n’a pas hésité à décliner ses talents de restauratrice ailleurs. Avec Indus notamment, où elle propose sa cuisine dans un cadre plus sophistiqué sur les hauteurs de la ville, ou encore le récent Bar Luna qu’elle voit comme un tapas bar et un rendez-vous littéraire. « Je ne prends jamais de cuisiniers qui sortent des écoles. Je veux des gens qui viennent des villages et que je vais former », explique-t-elle encore sur ce qui fait le succès de ses cuisines. Les cours de la « Casa Luna Cooking School », où elle enseigne elle-même deux fois par semaine, sont également un succès indéniable depuis presque 20 ans. Des centaines de personnes suivent tous les ans les 5 à 6 cours nécessaires pour se lancer dans la cuisine balinaise.

Son emploi du temps, rythmé désormais par les échéances du festival littéraire, est on ne peut plus serré et Janet de Neefe est flanquée depuis deux ans d’une assistante personnelle qui l’aide à gérer sa vie de chef d’entreprise. Ses différentes affaires emploient plus de 200 personnes hors festival. Démarré en 2004, pour revitaliser Bali après le choc de la première bombe islamiste, ce festival est en passe d’acquérir ses lettres de noblesse. Toutefois, les budgets sans cesse grandissants restent encore difficiles à boucler et Janet de Neefe doit financer en partie elle-même cette fête des écrivains et des lecteurs qui s’inscrit peu à peu sur la carte de la littérature mondiale, notamment en Australie et au Royaume-Uni. Là encore, ce sont plus de 200 personnes qui sont employées pendant la durée du festival. « Il nous faut attirer des auteurs encore plus connus à l’avenir. Mon rêve est aussi d’instituer un prix littéraire pour les écrivains indonésiens et d’avoir leurs ouvrages traduits dans plusieurs langues », dévoile-t-elle. Le thème du festival 2010 sera centré sur la devise de l’Indonésie : « Bhinneka Tunggal Ika » ou « L’unité dans la diversité » et promet à nouveau d’intéressants développements.

A vouloir détailler les activités de cette femme hors du commun, on perd le fil et on ne sait plus ce qui fait le succès de quoi, des restaurants aux cours de cuisine, des cours de cuisine au festival littéraire, du festival littéraire aux restaurants… Peut-être faut-il alors lire son livre « Fragrant Rice », où elle mêle autobiographie, recettes de cuisine et instantanés sur sa vie à Ubud pour savoir ce qui a fait d’une fille d’imprimeur de Melbourne la nouvelle reine d’Ubud.

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