A la suite de deux viols perpétrés dans des mikrolet de la capitale, ces succédanés de transports en commun du « Gros Durian », le gouverneur Fauzi Bowo n’a rien trouvé de mieux à dire que : « J’invite urgemment les femmes de Jakarta et des autres villes à ne pas mettre de mini-jupe lorsqu’elles se déplacent dans ces mini-vans parce que cela pourrait exciter le conducteur ou les passagers mâles. » Evidemment, le tollé a été général de la part des associations devant ces propos sexistes. Aliansi Perempuan a organisé une manifestation à Bundaran HI regroupant une cinquantaine de femmes en minijupe. « Fauzi devrait démissionner. En affirmant que le viol a lieu à cause de la façon dont les femmes s’habillent, il accuse les victimes. C’est une prise de position honteuse de la part d’un officiel », a déclaré à Kompas Mariana Amirrudin, directrice de Jurnal Perempuan.
Copiant ainsi les célèbres « slut walks » occidentales, cette « marche des salopes » indonésienne, où on a cependant évité soigneusement de revendiquer l’appellation, différence culturelle oblige, a trouvé son chemin jusque dans les journaux télévisés. Sur les panneaux, on pouvait lire : « Ce n’est pas ma jupe qui est mini mais ton cerveau », « Contrôle ton désir, ne contrôle pas mes vêtements » ou encore « Mon corps n’est pas porno, ce qui est porno c’est ce que tu penses ». Des messages bien rafraîchissants qui ont fait craquer momentanément ce carcan conservateur étouffant qui enveloppe le pays un peu plus d’année en année. Reste que si on devait faire un micro-trottoir auprès des Jakartanais, il y a fort à parier que la majorité d’entre eux soit d’accord avec le gouverneur. Ce dernier a néanmoins présenté ses excuses dès le lendemain. Eh oui, dans le plus grand pays musulman du monde, 50 femmes en mini, c’est peu mais déjà beaucoup à la fois. D’ailleurs, l’info a fait le tour du globe. Bravo les salopes !
