Accueil Papua, île aux trésors

« Impossibles négociations à Momogu »

31 octobre 2007

Nous sommes désormais sur la liste d’attente pour le vol d’Ewer. La journée se passe tranquillement à l’hôtel Lawamena. Nous préparons notre prochain périple.

1er novembre 2007

09h00

Nous avons obtenu nos places. Nous arrivons sur la piste à 9h30 mais, comme d’habitude, nous ne décollons qu’à 13h00…
Arrivés à Ewer, Nur et Aris nous accueillent. Une fois arrivés chez Nur, nous réalisons que Nasir a déjà emballé notre trésor. Il a même fait des caisses en bois pour les objets volumineux et fragiles.
Nur a changé, sur les quatre jerricanes qu’il nous restait, il en a utilisé deux et nous réclame encore 100 $ de prime sur le dernier voyage. Vu que nous utilisons sa maison comme base de travail, nous acceptons. Il exclut aussi de nous accompagner par la suite. C’est Nasir qui prendra la relève. Il habite Baitopis, tout près de chez Nur. Nous nous installons donc chez lui.

2 novembre 2007

La pirogue est prête. Nasir, comme tous les Bugis en territoire Asmat, a un petit kios. Il charge le canoë de provisions qu’il vendra aux tribus.
Le voisin de Nasir, un indigène du nom de Jacob, nous présente un énorme tifa apparemment très ancien. Il veut nous le vendre, je lui promets de voir ça de plus près à notre retour…
Notre destination est à nouveau le district de Sawaerma, d’abord chez Pak Limbang, où nous nous arrêtons un instant. Sur la route, nous stoppons à Yamas où nous récupérons d’énormes dents de crocodile très anciennes.


13h00

Nous reprenons notre chemin en direction de Bu Agani. L’accueil y est frustre et nous restons sur la berge. Il y a peu de villageois et le chef n’est pas là, donc pas question de rentrer dans la maison des hommes où nous avons de fortes chances de nous faire racketter. Après une demi-heure, nous reprenons notre progression qui durera trois heures.
Notre arrivée à la tribu de Momogu est aussi plaisante qu’à Pupis. Des chants, des danses et des cris de joie pour nous accueillir. Avec l’accord du chef, nous décidons de passer la nuit dans le jeu avec tous les célibataires.
La soirée est calme. Tous les jeunes sont assis autour de nous à nous regarder. Ils se moquent de nous dans leur langue. Je sors des biscuits qui seront notre dîner et les partage. Finalement, ma part se résume à deux biscuits !
Nasir se garde bien de montrer ses marchandises. Il compte sur nos achats de demain matin pour que les villageois puissent à leur tour lui acheter son stock. Vu qu’il n’y a pas de lumière et pas de casserole dans la maison des hommes et que personne ne semble vouloir se mettre à cuisiner, nous en restons là. Tous les gars nous regardent comme si nous venions de Mars.

03 novembre 2007

05h00

Les coqs chantent. Nous nous sommes fait dévorer par les moustiques toute la nuit malgré la lotion. C’est sans compter les puces… Il y a huit feux allumés et certains sont en train de cuisiner le sagou. C’est pas terrible mais ici, c’est la nourriture de base. De toute façon, ils ne nous invitent pas. C’est chacun pour soi, d’ailleurs, la place que j’ai occupée pour dormir appartient à un sourd-muet qui me fait comprendre que je n’ai pas réglé ma nuit. Je lui donne un billet.

Le jeu est peu à peu envahi d’hommes venus pour les affaires. Le message est passé. On nous présente des costumes du diable, des statues Umu, des boucliers, des colliers en dents de chiens, des arcs et des flèches, etc.

Je ne les laisse pas me donner un prix. J’annonce moi-même les tarifs. Tous haussent les épaules. Soit disant qu’à Jakarta tout se vend des millions ! Certains sont furieux. Les discussions entre eux vont bon train.
Certains proposent de ne rien vendre et d’attendre les touristes. Je leur dis que les touristes ne s’encombrent pas de boucliers ou de statues de deux mètres. Certains comprennent que je ne suis pas ici pour choisir une pièce mais pour acheter en quantité. Mais les anciens refusent et ordonnent de remballer la marchandise. D’autres sont furieux car ils loupent l’occasion d’acheter des marchandises à Nasir.
Les discussions s’enveniment et, voyant que la situation est dans l’impasse, je pointe discrètement la sortie. Nasir remballe et charge la pirogue. Un départ prématuré s’impose avant que les chose ne se gâtent.

Certains nous suivent, ils refusent que nous partions, ils veulent des provisions. Moi, je leur dis que je veux des statues mais à bon prix. Ils sont furieux et nous demandent de rester jusqu’à ce que des touristes arrivent et leur achètent leurs objets au prix demandé. C’est insensé mais je sais qu’il n’y a plus moyen de leur faire entendre raison.
Alors, avant qu’ils nous pillent, nous devons partir. Lorsque les Papous ont décidé quelque chose, c’est terminé ! Demain, ils retourneront chasser et tailler le sagou alors que leur belles statues attendront dans le jeu un acheteur fortuné à la Rockefeller. Ici, tous les Blancs sont des « Rockefeller » !

Nasir démarre la pirogue et nous partons avec un jeune désireux de se rendre à Sawa. Peu avant Bu Agani, nous croisons Kal Muller à bord d’une vedette rapide appartenant à un milliardaire américain qu’il amène à Momogu. Voilà donc un parfait acheteur pour leurs statues et d’ailleurs, le jeune change de navette et repart à Momogu avec les Américains.

A Bu Agani, nous prenons un autre bras de rivière qui nous mène à Komor, plus à l’Est. La montée de la rivière est longue et laborieuse, à plusieurs reprises nous pensons faire mauvaise route puis soudain après plusieurs heures de navigation, le village est en vue.
Nous sommes épuisés par cette journée et la nuit commence à tomber. Il faut dormir ici. Une fois de plus, rien à manger à part des biscuits !

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