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Il veut faire la fiesta à Nusa Dua

C’est une première à Bali, un résident d’origine étrangère est l’organisateur d’une date importante du calendrier des festivités de l’île la plus touristique d’Indonésie. Kusitino Halemai Oam est très officiellement conseiller auprès du président du BTDC et responsable cette année de l’organisation de ce Festival de Nusa Dua, né il y a onze ans déjà. Rebaptisé Fiesta 2007 à son initiative, cet événement qui aura lieu en octobre prochain se voit désormais concurrencé par les festivités d’autres localités du sud de Bali, parmi lesquelles le récent Sanur Village Festival ou le Carnaval de Kuta. Devant cette surenchère de fêtes et d’événements créés au nom de la sacro-sainte promotion touristique et le manque de coordination dans l’établissement des agendas, ce Français du bout du monde fait le point sur le challenge qu’il a décidé de relever.

« Si seulement la moitié des clients des hôtels de Nusa Dua vient jeter un œil durant les quatre jours de Fiesta, alors nous aurons redressé la barre », confie celui qui est loin d’être un parachuté dans ce dossier. En effet, Kusitino Halemai Oam, que tout le monde appelle Kossy, est un ancien du Club Med de Nusa Dua et a déjà participé à un niveau plus modeste à l’organisation du Festival en 2000. Les ambitions de cet homme du Pacifique ne se bornent pourtant pas à limiter les dégâts. Il ne fait qu’un constat sur les errements des éditions précédentes. « Avec des rues et des routes bloquées dans tout le complexe de Nusa Dua, seulement accessibles par des badauds en mobylettes qui se garent n’importent où, les touristes ne sont jamais sentis concernés par le festival », confie-t-il. En tant qu’étranger résident à Bali, Kossy aimerait aussi réformer un tant soit peu les mentalités qui prévalent, notamment cette défiance à l’égard des communautés étrangères que les officiels entretiennent obstinément. La démarche de Fiesta 2007 sera donc radicalement différente des festivals des années passées.

Tout d’abord, explique le Wallisien, « en y associant les communautés expatriées », dont la majorité des membres sont dans les affaires et seront sans doute attirés par les facilités de foire d’exposition de Fiesta 2007. Et puis aussi par le contenu du festival que notre homme entend bien « globaliser ». Il y aura bien sûr des spectacles et performances en provenance de toutes les régions de Bali et de 18 provinces indonésiennes, mais il y aura aussi un concours de pétanque, du hip hop, un concours de cuisine et une élection de miss. Cultures, traditions, mais aussi sport, art vivant, world music, mode et danses de salon et bien d’autres attractions encore sont programmées par Kossy qui explique : « par le passé, il y a toujours eu plus de visiteurs indonésiens que de touristes ou de résidents étrangers, nous devons inverser cette tendance ».

Afin de redorer l’image d’un festival tombé en deçà des standards supposés de Nusa Dua – même si le luxe à Bali s’est depuis ancré dans des endroits moins tape à l’œil comme Bukit, Canggu ou Ubud – le Français d’Outre-mer a invité des intervenants de marque. Mercedes et Harley-Davidson, les écoles de tourisme, tous les consulats étrangers et enfin, grande première, tous les palais princiers de Bali sont sur cette liste du renouveau. « Je ne veux plus des stands de vendeurs de t-shirts de Kuta dans Fiesta 2007 », martèle-t-il. Cosmopolite certes, chic probablement, mais aussi urbain avec des artistes et des orchestres de rue, phénomène quasi inconnu à Bali, qui animeront à tout moment les trottoirs de Nusa Dua. Le pari de Fiesta est donc ambitieux et pourrait réussir là où le Carnaval de Kuta manque quelque peu sa cible, c’est-à-dire refléter le Bali d’aujourd’hui, celui du mélange des genres et des cultures.

« Même la parade d’ouverture ne bloquera pas le trafic à l’intérieur de Nusa Dua », précise encore Kossy. Le trajet du défilé a en effet été pensé en fonction de ce critère inconnu ici, où la moindre activité communautaire justifie à tout moment de bloquer l’accès à des quartiers entiers, sans se soucier des personnes extérieures à l’activité. Enfin, les questions de sécurité et de propreté sont aussi au cœur des préoccupations de cet ancien du Bounty Group qui déplore « l’amoncellement des détritus et leur impact négatif sur les touristes » lors des éditions précédentes. Sorte d’interface entre le très officiel et gouvernemental BTDC et les hôtels, le conseiller français doit dynamiser un événement qui n’a jamais tenu ses promesses mais aussi donner des éléments de satisfaction à des groupes hôteliers plutôt mécontents des coûteuses prestations de gestion et de promotion du BTDC, dont fait partie le festival.

D’aucuns affirmeraient que Kossy est bien évidemment assis sur un siège éjectable. D’autant que le site de Nusa Dua, concept touristique remontant aux années 70, et qui peut être facilement décrié de nos jours comme une sorte de « parc à touristes » aux modalités obsolètes, souffre d’un solide déficit d’image dans le Bali moderne de ce début de 21ème siècle. Avec son C.V bien rempli et toutes les années qu’il a passées à Bali dans l’hôtellerie et l’organisation d’événements, notamment au sein du Bounty Group, le Français des TOM a la confiance des patrons d’hôtels de Nusa Dua et du comité de gestion du BTDC. Son charisme d’homme des îles du Pacifique aidant – ce qui lui sert souvent à se faire passer pour un Indonésien – et sa vision d’un Bali plus multiculturel, plus ancré dans la réalité donc, sont les atouts qu’il met au service de son île d’adoption. Gageons que Kossy ne va pas en rester là et que son nom sera associé à la promotion de Bali dans les années qui viennent, avec ou sans l’adoubement du BTDC.

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