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“Ici”, “ici, mais où donc ce “ici” de la Smart’aine de ce mois-ci ?

Si je vous dis « rouge », vous allez probablement penser que je m’apprête à vous expliquer d’où viennent les couleurs du drapeau national, le « merah putih* », ou bien à vous apprendre pourquoi un jour férié est un « jour rouge » (« tanggal merah** »), ou éventuellement, que je m’extasie sur le fait que rose se dise « rouge jeune» (« merah muda »)…C’est vrai, c’est mignon non ? Et bien non, je vais juste vous dire que la noix de bétel (pinang, en fait la noix des palmiers areca, pas du tout du bétel) n’est pas rouge et ne colore pas la salive, les dents, la langue, les lèvres en rouge orangé. C’est seulement après avoir décalotté le fruit vert d’un coup sec des molaires, puis enlevé avec les canines le coque, que l’on extrait la noix (blanche translucide) et qu’on la mâche, sans l’avaler… en prévision de ce qui suit, il est judicieux de la placer dans le creux de sa joue. Ce qui suit est la production d’environ un litre de salive amère qu’il faudra cracher tout en gardant la noix dans la joue. Là, il faut persévérer – car l’amertume et l’astringence de la noix sont difficiles à supporter – le temps d’attraper une tige de sirih (une tige de bétel donc, car « ici » pas question de feuilles, on mange directement les tiges) de la tremper dans du kapur (de la « chaux » obtenue en broyant des coquillages et du corail) avant d’en croquer un bout. Enfin, la magie opère, le goût arrive, puissant, mentholé et résineux, et le deuxième litre de salive qu’il faudra cracher sera rouge, très rouge, très très rouge. Oui, j’ai des photos de moi en pleine « dégustation » de cette friandise addictive – dont la consommation est « ici » permanente et généralisée – non, vous ne pouvez pas les voir.

Si je vous dis 9 mètres pour papa et maman, 4 ou 5 mètres pour junior, une durée de vie estimée à une bonne centaine d’années et… une addiction non pas au bétel mais aux filets de pêche recouverts de plancton, une grâce et une délicatesse inégalée même chez des non géants… Penserez-vous au Rhincodon Typus – le requin baleine – au déplorable statut d’espèce menacée ? « Ici », on en trouve la seule colonie sédentaire répertoriée.

Si je vous dis qu’il ressemble à un gros moineau mais qu’il imite les sons qu’il entend, met des années à construire « ici » une hutte (jusqu’à 1 mètre de haut et 1,5 mètre de diamètre pour un oiseau d’une vingtaine de centimètres…), dans laquelle il n’habite pas, mais dont l’entrée est un jardin de fleurs, de baies, de fruits et d’objets glanés sur son territoire et classés par groupes en fonction des couleurs et des matières afin d’attirer les dames, croirez vous qu’il s’agit d’un oiseau, le bien nommé Jardinier
Brun ? L’Amblyornis Inornata qui a un voisin fascinant, le Paradisier Sifilet qui danse et danse et danse encore une sorte de boogie endiablé (le comble pour un oiseau du paradis) si deux ou trois belles dames oiselles se donnent la peine de venir l’admirer.

Et si je vous dis couscous et lucioles, vous allez me répondre, Oberoi, Khaima et La Lucciola…Alors qu’« ici », je suis toujours en Indonésie mais très loin de Bali et que je ne pense pas à mon estomac mais au Phalanger Intercastellanus (cuscus ou kuskus), un adorable marsupial tropical et aux lumineuses Lampyres (lucioles).

Alors, ca y est ? Vous avez trouvé ?
Non ? Allez, un dernier un indice : koteka.
Didier Champagne Pour Tout Le Monde peut se rendormir, je n’empiète pas sur le territoire de ses virées nocturnes avec une nouvelle discothèque privée de sa première syllabe. Ce koteka est un tube, un étui en courge séchée, avec ou sans plume au bout, pour y ranger un bout de l’anatomie de certains messieurs « d’ici », bout que la décence m’empêche de nommer, mais qui rime avec « indice » et qui est situé dans le voisinage d’une paire allitérative de « courge ».

Toujours rien ?
C’est une région épapoustouflante, dans laquelle on ne va papou rien, et dont les habitants sont de fervents pratiquants de la religion du pape ou de celui qu’il représente…

* Un étendard Javanais du 13ème siècle.
** Parce que les jours fériés sont écrits en rouge sur les calendriers.

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