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Horas ! Le nord de Sumatra à moto

Pour la troisième fois, un groupe de motards réunionnais de l’association Motoland Aventure est parti en terre indonésienne, à Sumatra. Les deux précédents périples avaient eu lieu à Bali et à Java (cf. La Gazette de Bali n°28 – septembre 2007). Ce séjour de deux semaines était de nouveau organisé par Archipelago Adventure. Sumatra est la sixième plus grande île au monde, avec près de cinq cent mille kilomètres carré et plus de cinquante millions d’habitants. A Sumatra, on vous souhaite le bonjour en vous disant « Horas! » L’aéroport de Medan (la plus grande ville) est complété par celui de Padang, plus au sud, deuxième port d’entrée sur l’île. Les touristes, qui ne sont pas si nombreux, restent en général sur cet axe Medan-lac Toba-Padang, la jungle couvrant la moitié de l’île. Le lac Toba est incontournable à Sumatra. C’est un lac de cratère né il y a environ cent mille ans d’une éruption volcanique. Long de cent kilomètres et d’une profondeur pouvant atteindre les quatre cents mètres, il y abrite la magnifique île de Samosir, qui se trouve donc être une île dans une île… Le trip moto de nos dix-huit aventuriers de la Réunion s’est concentré autour de ce lac et de l’île de Samosir, qui compte 130 000 habitants, avant de se terminer dans la forêt primaire de la réserve du Bukit Lawang, à la rencontre des derniers orangs-outans sauvages de la planète.

Après une bonne journée de voyage, difficile de se retrouver quatre heures – dont deux bonnes heures d’embouteillage – enfermés dans un bus à la climatisation aléatoire pour le trajet Medan-Siantar. Très vite, nous apprendrons qu’à Sumatra, comme en Indonésie, « rien n’est grave », qu’il ne sert à rien de s’énerver, ni d’être trop pressé. On trouve toujours une solution à tout. Il suffit de voir ces deux-roues d’un autre âge, BSA, Vespa et autres pétrolettes réparées ingénieusement pour en être convaincu. Dès le lendemain de notre arrivée, nos motos nous conduisent à travers de somptueux paysages, plantations de thé, cacao et café. Nos haltes régulières dans les « bars » locaux, ne se font pas sans un kopi (café) traditionnel, où l’on trouverait plus à manger qu’à boire. Les jours suivants, ce sont les rizières qui nous ravissent, puis les routes de montagne jusqu’à Panguruan, ville étape à l’entrée de l’île de Samosir. Les touristes de Samosir aiment se reposer dans la presqu’île de Tuk Tuk. L’île se visite en une journée, par son littoral ou par ses plaines verdoyantes où se perdent des buffles nonchalants. La traversée des forêts d’eucalyptus nous laisse quelques souvenirs endoloris.

Des modèles réduits de maisons batak nous intriguent, car on en aperçoit partout. Il s’agit de tombeaux, que les habitants de l’île de Samosir construisent dans leur jardin, véritable culte des morts. Certains enterrements sont d’ailleurs une vraie fête lorsque la personne disparue a vécu longtemps et a suffisamment réussi sa vie notamment avec des enfants devenus indépendants. Mais les morts sont bien morts, bien que l’on pense qu’ils aident les vivants en leur donnant une force intérieure. Les Bataks ont aussi l’habitude, plusieurs années après la disparition de leur proche, de rouvrir la sépulture pour changer le linceul. C’est l’une des nombreuses similitudes que nous observerons ici avec le peuple malgache, à qui il est reconnu des origines indonésiennes.

Nous quittons la région du lac Toba de manière assez rocambolesque. En effet, c’est tout un art de faire passer neuf motos sur une planche étroite pour rejoindre une embarcation, loin des normes européennes. La route pour parvenir à « l’embarcadère » est aussi pittoresque, détrempée par l’orage de la veille. Les jours suivants nous rapprochent de la forêt primaire. Avant d’y arriver, nous passons une nuit dans la petite ville de montagne du joli nom de Berastagi. Perchée à 1600 mètres d’altitude, elle offre un marché de fruits bien pourvu et est un point de départ pour le volcan Sibayak. La route qui nous mène jusqu’à la réserve du Bukit Lawang, est révélatrice du drame écologique que tentent de combattre les amoureux de la nature. A la forêt succèdent des champs de palme, cultivés pour leur huile très rentable. Ces terres ont été vendues par les habitants pauvres et pour qui les risques de disparition des espèces animales peuplant ces contrées pesaient bien peu face à leur propre survie. Aujourd’hui, le développement de l’écotourisme aux abords de la forêt primaire, comme celui de la réserve où nous passons trois jours, permet de concilier essor économique des villages et préservation des autres « habitants de la forêt », que sont notamment les orangs-outans. Il reste moins de sept mille orangsoutans à Sumatra et ces aires de préservation, comme le Gunung Leuser National Park, sont leur seul salut. Ils y cohabitent avec d’autres singes. Ce sont les plus grands primates asiatiques, dont le patrimoine génétique est très proche de l’homme (à 96 %). L’orang-outan se nourrit surtout de fruits et peut atteindre 1m 40 pour 90 kilogrammes. Son espérance de vie est de 40 ans. Le petit n’est autonome que très tard et reste éduqué par sa mère jusqu’à sept ou huit ans.

Cette ultime étape nous fascine, nous qui n’avons pas l’habitude à la Réunion de rencontrer une telle faune en forêt. Nous partons à regret et certains d’entre nous se jurent déjà de revenir un jour sur l’île attachante de Sumatra.

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