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Grosses cylindrées et repression du Bandit-isme

Rouler à moto n’importe où et n’importe quand sont les signes du vrai motard. Il en est ainsi à Bali comme ailleurs. Bien évidemment, nous ne parlons pas ici des bebek, des scooters et des utilitaires de faibles cylindrées tels Tiger, Vixion, Thunder et autres monocylindres asthmatiques qui constituent 99% du marché indonésien (le 3ème mondial pour les deux-roues), mais de vraies machines. Malheureusement, la législation est ainsi faite en Indonésie que les motos de plus de 250 cc se retrouvent surtaxées, en doublant quasiment le prix et les transformant en produits de luxe. Seules quatre marques ont osé s’implanter malgré ce handicap : Harley Davidson, Ducati, BMW et KTM, devenues les jouets exclusifs d’une classe sociale aisée. Il n’est donc pas surprenant d’avoir vu fleurir ces dernières années l’alternative des « motor bodong » ou motos de contrebande, essentiellement des seconde main de Singapour entrées illégalement par Batam. Traditionnellement, les motos, comme les armes, c’est l’affaire de la police. Sans doute intoxiqués par la série télé des années 80 « ChiPs », ces bapak-bapak à moustache et bagouses dorées ne jurent que par le V-twin de la firme de Milwaukee, les Harley. Loin de ce mauvais goût ostentatoire et de ce manque de culture motocycliste, on a vu ces dernières années les routes de Bali se peupler de ces machines japonaises, italiennes et allemandes d’occasion vendues à des prix défiant toute concurrence. Moins de 20 millions pour une Bandit 400 par exemple. Sans papier toutefois. Ou avec des papiers de complaisance fournis en sous main par la police et par l’intermédiaire d’un club. A renouveler tous les ans, à la tête du client et au gré des impondérables. Source de revenus complémentaires pour certains officiers, ces pratiques sont dans le collimateur du nouveau chef de la police de Bali. « 75% des 500 grosses cylindrées de l’île sont illégales », affirme un spécialiste du marché dans le journal Bisnis Bali. Sommés de mettre fin à ces combines, les policiers traînent les pieds, en témoigne ce commentaire pur langue de bois du responsable du trafic routier, Wahyu Tri Cahyono au sujet de possibles contrôles des sorties en club : « Si nous les arrêtons, il va y avoir des accidents car les grosses cylindrées roulent vite et ça va être dangereux, et nous allons être tenus pour responsables. » Reste que plus personne n’ose sortir à « motor bodong ». Il est d’ailleurs impossible de renouveler les papiers en ce moment. Rouler en Bandit aujourd’hui va donc prendre tout son sens !

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