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Gros coup de froid sur les vapeurs du Kerinci

Des petits, des gros, des méchants, des endormis, des explosifs, des célèbres et même des sous-marins, eh oui, le choix est large dans la grande famille des volcans indonésiens qui compte 150 membres. Pour lequel opter et selon quel critère ? Car une vie ne suffira pas à tous les visiter, le choix est parfois cornélien. Pour notre dernier trek, nous avions opté pour le plus haut et à peu près inconnu du grand public, le Kerinci, volcan toujours actif qui culmine à 3805 m dans l’ouest de Sumatra. Petit frisson supplémentaire, ce volcan domine un parc naturel censé encore abriter des espèces animales en voie d’extinction telles que le tigre et le rhinocéros de Sumatra, des espèces endémiques de cette immense île.

Le dépaysement commence à Padang, dès la sortie de l’aéroport. Cette ville a été touchée en octobre 2010 par un tremblement de terre et un tsunami qui a causé des centaines de morts, il en reste de nombreuses traces dans la ville, des immeubles effondrés sur eux-mêmes comme des gâteaux pas frais mais la vie a bien évidemment repris le dessus dans un pays si coutumier des soubresauts de la ceinture de feu du Pacifique et du jeu des plaques tectoniques. C’est la première fois que nous nous rendons à Sumatra, nos yeux sont grand ouverts. Pendant les 8 heures de route qui nous séparent du pied du volcan, nous scrutons la nature et cette forêt primaire convoitée par l’homme. Des feux un peu partout continuent de brûler pour gagner du terrain, la fièvre du palmier à huile a aussi gagné cette région ! Nos cœurs se serrent mais c’est le mode de développement qu’ont choisi nos hôtes et nous ne pouvons qu’assister impuissants à ce massacre.

Finalement, nous arrivons dans la petite ville de Sungai Penuh où nous attend notre guide, le réputé Pak Subandi. Il fait frais sur ce haut plateau et l’accueil en famille est charmant. Premier dîner où nous goûtons les pommes de terre d’Ibu Subandi, succulentes, nous en redemandons et découvrirons plus tard qu’elles sont abondamment saupoudrées de MSG mais à la guerre comme à la guerre !
Le lendemain matin, nous découvrons l’extraordinaire panorama de ce volcan majestueux qui se détache sur les champs de thé qui environnent la maison de notre hôte. Des paysans passent sur leur char à bœufs, les gamins posent pour nous sur le chemin de l’école.

Nous nous élançons avec notre équipe de porteurs, dès le début notre guide donne le ton en nous détaillant tous les arbres que nous croisons. C’est la première fois que nous aurons affaire à un guide aussi passionné et curieux, il est d’ailleurs spécialiste de bird watching et intarissable sur la faune et la flore de son parc. Nous lui demandons rapidement s’il a déjà croisé des tigres, il nous répond qu’il en a vu des empreintes et surtout des excréments pour marquer leur territoire.
L’ascension se déroule dans une belle forêt, relativement facile dans sa première partie. Ensuite, c’est nettement plus escarpé, en particulier un couloir très dru et interminable où nous nous hissons dans les racines et les pierres. Il commence à faire frais mais l’emplacement en forêt où nous comptions établir notre campement est occupé par d’autres trekkeurs, il nous faut donc continuer notre ascension et quitter la forêt pour installer nos tentes en plein vent. C’est la première fois que nous aurons aussi froid. Le soleil se couche et le panorama nous coupe le souffle. Pour fêter la grandeur de la nature et nous réchauffer un peu, nous sortons les bouteilles de vin et le fromage de chèvre, trekkeurs mais gourmets ! Pendant la nuit, les toiles de tente claquent tellement que nous ne dormirons que très peu. Lever à 3h, le thermomètre est à zéro, à l’abri. En vivant en Indonésie, nous ne sommes plus habitués au froid et pas très bien équipés, c’est une épreuve mais nous sommes prêts. L’ascension finale débute, au pied du dernier cône, nous croisons la tombe d’un malheureux tombé au champ d’honneur des amoureux de la montagne, l’occasion d’avoir une pensée pour le vice-ministre de l’Energie et des Ressources minérales Widjajono Partowidagdo qui vient de décéder pendant l’ascension du Tambora. Le souffle est court, nous sommes en haute montagne. Finalement, nous atteignons le sommet pour le lever du soleil, le cratère fume. Tout autour de nous s’étend une immense forêt où doivent veiller quelques tigres ! Nous sommes fascinés par ce paysage, heureux et totalement congelés, impatients de redescendre pour prendre un bon petit-déjeuner et se réchauffer.

Le lendemain matin, pour se « décrasser », nous entreprendrons une petite ascension de 700 m pour nous rendre au lac Sept (Danau Tujuh). Au programme, découverte de plantes carnivores et d’iguanes nains et surtout baignade dans un lac d’altitude, on se croirait en Suisse. Nous nous sommes tous promis que nous reviendrions à Sumatra et que nous repartirions avec Pak Subandi et les fameuses pommes de terre d’Ibu que nous avons dévorées à chaque repas !

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