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Going Country ou le monde à l’envers

Tous les vendredis soirs à 21h05 (WITA) sur Metro TV, passe l’émission en direct de musique country et western baptisée « Going Country ». Animée par Tantowi Yahia, figure omniprésente du paysage audiovisuel indonésien, également animateur de « Qui veut gagner des millions ? » et représentant infatigable du rêve américain en Indonésie. Accessoirement chanteur et guitariste de musique country américaine, il a mis sur pied ce programme, « le seul dans toute l’Asie » s’enorgueillit-il, avec l’aide du Country Music Club of Indonesia. Cela lui permet entre autres de faire des pubs pour ses disques à chaque diffusion… Mais le propos n’est pas là, tant il est amusant de voir les orchestres et le public, d’un certain âge, « jouer aux cow-boys et aux Indonésiens », tous impeccablement déguisés en pionniers de l’Ouest, à l’exception de certaines Dolly Parton locales qui portent encore le jilbab sous le stetson !

Chaque semaine en relation avec une branche différente du CMCI, l’émission de Tantowi propose live music et reportage sur les activités du club. L’occasion, la semaine dernière, de voir les membres du club de Semarang, s’entraîner au square dance et se livrer à nombres d’activités, tels jeux, concours et loterie, comme dans une fête de village texan. Contre toute logique, l’engouement pour cette musique de l’Ouest profond vient non pas du monde rural indonésien, son homologue, qui lui est plutôt anti-américain, mais d’une classe urbaine aisée et relativement éduquée. Nous savons bien que, partout dans le monde, les classes urbaines ont tendance à mépriser les classes rurales qu’elles ont vite fait de traiter de ploucs ou d’arriérées… Les citadins indonésiens n’échappent pas à la règle et on sait quel dédain ils entretiennent habituellement à l’égard des orang kampung et leur musique : le dangdut. Contre les apparences, nos apprentis red necks indonésiens ne sont donc pas des ploucs. Ils ne roulent pas en motor bebek mais en coûteux pick-ups avec cornes de vache sur la calandre, symboles de classe et de réussite ici. On se plait alors à rêver d’un autre monde. Un monde où les habitants de New York ou Washington auraient leur émission de dangdut à la télé. On y verrait de blondes émules d’Inul Daratista rivaliser de déhanchement sur ngebor, la dance de la perceuse, en version US…

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