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Fin des discriminations à l’encontre des couples mixtes

Il fut un temps pas si lointain (jusqu’en 2006) où il n’était pas bon être un mari étranger d’Indonésienne ou avoir comme parents un tel couple. Ce type d’union ne donnait aucun droit ici. En fait, l’esprit de la loi pouvait même se résumer ainsi : retournez donc dans votre pays avec votre épouse traitresse et vos rejetons métis. Si toutefois, vous vous entêtiez à rester, il ne restait alors que deux possibilités : un visa sosial budaya à renouveler tous les mois si vous étiez inactif ou le bon vieux Kitas à prolonger tous les ans si vous étiez actif. Ils furent des centaines, peut-être des milliers à s’en accommoder. Quand on aime, on est prêt à tout… La situation se corsait néanmoins dès l’arrivée du premier enfant puisque le nouveau-né devait aussi avoir son Kitas. Attention, vous aviez deux mois chrono pour courir à Singapour votre nourrisson sous le bras pour obtenir le document. Sinon, le bureau d’émigration se frottait déjà les mains, à 20 dollars par jour d’overstay pour le bambin, ça chiffrait vite pour les parents distraits ou mal informés. Sur place, après un voyage en avion durant lequel vous vous demandiez si les tympans du bébé allaient supporter la pressurisation, paperasses et attente sans fin à l’ambassade d’Indonésie…

Ouvertement xénophobe, passablement inhumaine, la loi indonésienne sur les mariages mixtes était également sexiste. Elle ne s’appliquait pas dans l’autre sens, aux couples formés d’un mari indonésien et d’une femme étrangère. Là, l’épouse se voyait gratifiée automatiquement d’un permis de séjour puis de la nationalité. Quant aux enfants de géniteur local, ils obtenaient dès leur naissance la nationalité indonésienne. Heureusement, dans l’Indonésie de la reformasi, certains ont pris conscience de l’iniquité de cette loi, notamment les associations International Rainbow Alliance et Indonesian Mixed Mariage Society et, en 2006, une première barrière est tombée avec la mise en place d’un « Kitas de mari » et de la double nationalité jusqu’à la majorité pour les enfants. Le mois dernier, un nouveau pas a été franchi avec le vote au parlement d’une nouvelle loi dont les points principaux sont les suivants :
-Les époux étrangers de nationaux indonésiens ont droit à un permis de séjour permanent (Kitap) après deux ans de mariage. Ils pourront le prolonger sur simple demande, sans frais, tous les cinq ans.
-Si les époux étrangers ont été mariés au moins dix ans, ils gardent leur droit de séjour permanent en Indonésie même après un divorce.
-Les époux étrangers sont autorisés à travailler.
-Les enfants de couples mixtes reçoivent automatiquement un Kitap à la naissance. Si à leur majorité, ils choisissent la nationalité du parent étranger, ils gardent leur droit au Kitap.
-Les investisseurs étrangers qui ont travaillé trois ans en Indonésie peuvent obtenir un Kitap.
-Les anciens détenteurs d’une identité indonésienne sont autorisés à posséder un Kitap.

Décret d’application promis dans l’année. Et comme une bonne nouvelle ne vient jamais seule, il est question, mais ce ne sont pour l’instant que des rumeurs peu précises, que l’accès à la propriété foncière des époux étrangers soit finalement permis dans certaines conditions. De même pour la loi scélérate qui fait perdre à une Indonésienne son droit à la propriété si elle est mariée à un étranger, celle-ci pourrait également être annulée bientôt. Souhaitons-le de tout cœur, l’Indonésie démocratique du 21ème siècle, forte de sa prospérité économique et de son rôle politique international naissant doit se séparer des mauvaises manières du passé et prouver qu’elle est fréquentable sur la scène internationale.

Député conservateur et porno-crate

Les députés indonésiens ne sont guère différents des nôtres. En session, quand ils y assistent, ils ont une forte tendance à s’ennuyer. On les comprend car on le serait à moins. Comme chez nous, les caméras des journalistes les surprennent en train de roupiller, de lire les résultats du foot ou de faire leurs sms… Le mois dernier, Arifinto, un député du très conservateur parti musulman PKS a été surpris par un photographe de l’assemblée en train de mater un film porno sur sa tablette PC. Pour situer, le PKS est le parti qui a poussé pour le durcissement de la loi anti-porno, ce sont des associations qui lui sont affiliées qui ont obtenu le lynchage du chanteur Ariel, le célèbre ministre des Communications Tifatul Sembiring, qui ne touche pas la main des femmes à part celle de Michelle Obama et qui pourfend le porno sur Internet, en est un cadre actif. L’opprobre populaire s’est donc déchaînée. Tout le monde, d’une seule voix, a réclamé la tête d’Arifinto et on se demande encore comment il a pu échapper à des poursuites pénales. Il a promis de démissionner. Les loups ont donc tous hurlé à la mort, scellant ainsi l’acceptation sans condition des termes de la loi anti-porno, confirmant la victoire définitive des conservateurs sur ce dossier, faisant de leur rapport problématique à la sexualité une affliction désormais commune à tous. Seule une actrice de sinetron a eu un peu d’audace : « Regarder du porno, pourquoi pas, mais pas à l’assemblée… »

Bali, c’est l’enfer

Time a publié un article sur Bali qui a provoqué des remous. Le célèbre newsmag dresse une liste des maux qui frappent l’île. Sous le titre « Vacances en enfer : les malheurs actuels de Bali », Time énumère ce que nous savons déjà tous, à savoir la pollution, les embouteillages et l’insécurité. Le gouverneur Made Mangku Pastika a réagi avec discernement. « C’est un magazine réputé. Ce qu’ils disent est conforme aux faits. Nous devons faire notre introspection », a-t-il déclaré à l’agence de presse balinaise BeritaBali. Les officiels indonésiens sont d’habitude très chatouilleux au niveau des critiques et ont vite fait de dénoncer des « complots de l’étranger ». Pour mémoire, souvenons-nous d’un autre article du Time il y a quelques années qui avait dénoncé la corruption des Suharto. Il s’en était suivi un procès en diffamation devant une juridiction… locale bien sûr, qui avait condamné Time à des dommages et intérêts faramineux, conférant à leur réaction encore plus de ridicule. Non, cette fois, le seul hic est venu du bupati de Badung, Anak Agung Gede Agung, qui s’est empressé de dire à la même agence que « les ordures sur la plage de Kuta sont extérieurs à Bali », reflétant ainsi une idée communément admise par les Balinais de la rue qui veut que tous les déchets viennent de… Java.

Les Français vivent tous à poil

L’interdiction de la burqa en public en France n’a pas échappé à la presse musulmane indonésienne, au premier rang duquel le célèbre quotidien Republika. On peut se demander comment un journal peut délivrer un travail intègre et honnête en mesurant sa ligne éditoriale à l’aune unique de ses convictions religieuses, mais bon, il en est ainsi, le quotidien Republika – drôle de nom pour un canard musulman – est très respecté dans l’archipel. Il s’est fait une spécialité de titres folklo qui en appelle à dieu, du genre « Walah, le harcèlement sexuel dans l’armée US est en hausse » ou « Walhamdulillah, des mosquées sont construites aux quatre coins de la planète », une rhétorique et un style qui ne manquent pas d’amuser les khafir que nous sommes. Pour l’histoire de la burqa en France, Republika a titré : « La France interdit la burqa mais tolère la nudité ! » Il n’est fait référence à aucune nudité en particulier dans le reste du papier mais, comme nous sommes de fidèles lecteurs de Republika, nous savons que sa rédaction ne manque jamais de s’étonner des vacancières à moitié nues sur les plages ou de la première dame exposée dans le plus simple appareil dans les pages des magazines… Eh oui, c’est bien connu, en France, ils vivent tous à poil et ils s’éclatent !

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