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Fauzi Bowo, deux ans après

Accompagné de son vice-gouverneur,
l’ancien général Prijanto, Fauzi n’a pas
manqué de rappeler ces dernières
semaines que deux années ne pouvaient
suffire pour changer radicalement la face
d’une cité aussi complexe et désorganisée
que Jakarta. Ce n’est pas faux. Néanmoins,
il s’agit d’un laps de temps bien suffisant
pour mettre en place nombre de politiques
sensées améliorer la vie des millions
d’habitants qui y vivent ou y travaillent.
Et une des premières choses qui ressort
d’une étude menée auprès des Jakartanais
à l’occasion du deuxième anniversaire de
l’arrivée de Fauzi à la tête de Jakarta est
que les habitants de la capitale, dans leur
majorité, ne savent pas quelles politiques
leur gouvernement local a mis en place.
Un problème quand on sait que le
soutien de la population est essentiel à la
réussite d’une politique. Cela veut-il dire
que l’administration locale n’a rien fait au
cours de ces deux années ? Le raccourci
est tentant, mais il serait trop facile.

La paire élue avait basé sa campagne, et
les nombreuses promesses qu’elle inclut,
sur l’amélioration du trafic routier et la
réduction des inondations. S’il est impossible
de leur reprocher ce choix en termes de
priorités, la confrontation avec la réalité
des faits est toute autre. Difficile en effet
d’observer une quelconque amélioration
du trafic routier dans la capitale. Les projets
historiques du monorail et du MRT, un
mode de transport rapide ferroviaire, sont
constamment au point mort à cause de
difficultés de financement. La nécessité d’un
système de transports publics de grande
ampleur n’est pourtant plus à démontrer.
Car le Transjakarta peine à représenter une
alternative crédible. Certes un huitième
couloir est en partie entré en fonction,
un neuvième et un dixième devraient voir
le jour en 2010 et la flotte de bus est en
augmentation. Mais tant que les couloirs
dédiés aux bus seront aussi utilisés par
les automobilistes et qu’aucune solution
de parking ne sera offerte aux utilisateurs
aux départs des lignes, il est improbable
que le Transjakarta parvienne à convertir
les automobilistes. De fait, le trafic dans la
capitale reste un véritable cauchemar, et
dans l’état actuel des choses il est prévu
que dès 2011 la mise bout à bout de toutes
les voitures individuelles équivaudra à la
longueur des routes disponibles, soit une
situation de congestion totale. Cela n’inclut
pas les deux roues, eux aussi en nombre
croissant et qui jouent un rôle majeur dans
la difficulté à circuler à cause de leur non
respect des règles les plus élémentaires de
civilité et de code de la route.

Les efforts contre les inondations
récurrentes qui frappent presque la
moitié de Jakarta au cours de chaque
saison des pluies sont eux plus avancés. Il
y a quelques jours, le gouvernement local
a annoncé que le fameux Canal Est, long
de 23,5 kilomètres, serait achevé d’ici la
fin de l’année. Ce projet de 4500 milliards
de roupies devrait considérablement
améliorer la situation sur une surface
de 270 kilomètres carrés couvrant l’Est
et le Nord de Jakarta. Au chapitre des
réussites, il semble que l’administration
soit parvenue cette année à faire en sorte
que les différents budgets soient alloués
plus rapidement qu’au neuvième mois
de l’année comme c’est souvent le cas.
Ainsi en a-t-il été du fonds de sécurité
sociale pour les familles pauvres, qui a
été en outre substantiellement augmenté.
Le processus d’octroi de licences aux
investisseurs étrangers et domestiques a
officiellement été réduit de 196 jours à
38 jours. Néanmoins, les problèmes de la
pauvreté et du chômage seront difficiles
à contrer. C’est à Jakarta que s’effectuent
plus de la moitié des affaires nationales.
Ces chiffres attirent en permanence une
quantité d’Indonésiens en quête d’une part
de cette manne. Mais tous ne parviennent
pas à gagner des revenus décents et la
population défavorisée augmente donc
elle aussi quotidiennement.

S’il est évidemment impossible pour Fauzi
Bowo de régler tous les problèmes de
la capitale en deux ans, Jakarta souffre
incontestablement d’un manque de vision
à long terme. Selon certains experts, un
plan d’aménagement 2010-2030 serait
par exemple un outil majeur. Mais à
l’heure actuelle, il est vraisemblable que
la majorité des Jakartanais ne veulent pas
imaginer à quoi leur ville ressemblera dans
vingt ans.

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