Accueil National

Facebook, l’arme fatale

En 2009, le réseau a ainsi connu une croissance impressionnante de 1500%. Les quinze millions d’utilisateurs ne représentant néanmoins que 6% de la population indonésienne, Facebook a semble t-il encore quelques beaux jours devant lui dans l’archipel.

S’il est surprenant de voir un pays en développement s’immiscer au sein de grandes puissances numériques dans ce classement, cela l’est beaucoup moins quand on connaît l’importance accordée par les Indonésiens au « nongkrong », cette activité consistant à se retrouver (souvent dans un centre commercial) pour discuter de tout et de rien et des dernières rumeurs du moment. Une activité incroyablement populaire et qui, si elle était rémunérée, ferait sans aucun doute de l’Indonésie la grande puissance économique mondiale. A la lumière de cela, on se dit finalement que Facebook a été inventé pour les Indonésiens.

Ce qui est plus surprenant et très intéressant, c’est l’utilisation récente qu’ont fait les Indonésiens de Facebook. Fort de son succès, le réseau a été utilisé à plusieurs reprises par la société civile afin de soutenir différentes causes. Ce fut tout d’abord le cas dans le conflit opposant deux responsables du KPK à d’autres institutions nationales moins respectables. En quelques jours, la lutte anti-corruption a réuni plus d’un million de soutiens électroniques. Une véritable armée de la Toile, invisible mais loin d’être inaudible, qui a d’ailleurs largement contribué à la résolution raisonnable du cas et au retour des désormais célèbres Bibit et Chandra au sein de la Commission anti-corruption. La preuve qu’un crocodile, aussi puissant soit-il, ne peut rien contre une armée
de geckos.

Dans la continuité et toujours dans la série David contre Goliath, c’est Prita, jeune mère de famille de la banlieue de Jakarta, qui a été sauvée de l’injustice et de la prison par la mobilisation lancée sur Facebook. Traînée en justice par un hôpital qui n’appréciait pas que sa médiocrité et son incompétence soit exposées, elle fut condamnée à de la prison d’abord, puis à une compensation financière substantielle (204 millions de roupies) pour pseudo diffamation par email. Devant le désarroi et l’impuissance de la jeune femme, quelques-uns ont lancé l’idée d’une collecte de pièces de menue monnaie sur Facebook et à l’échelle nationale afin d’aider Prita à payer son injuste amende. Devant l’incroyable succès de l’opération, Prita ayant recueilli plus de quatre fois la somme nécessaire en quelques jours seulement, l’hôpital en question s’est même résolu à abandonner toute action, ce qu’il aurait manifestement dû comprendre bien plus tôt. Mais la remise en cause n’est pas le trait de caractère le mieux partagé chez les pseudo-puissants.

Plus récemment encore, c’est le parti communiste indonésien qui a tenté un retour sur Facebook. Interdit et tabou depuis 1965 et la propagande suhartienne, le PKI 2010 ne compte pas encore beaucoup de membres. Mais il semble que les réseaux sociaux sur Internet, au premier rang desquels se situe Facebook, représentent de plus en plus des outils de liberté d’expression et de contestation. Utilisés de cette manière, ils sont un formidable apport à la démocratie. « Geeks » de tous les pays, unissez-vous !

LAISSER UNE RÉPONSE

Please enter your comment!
Please enter your name here