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Explorez l’Indonésie différemment

Et s’il fallait “bûcher” pour avoir des vacances inoubliables ? Faire des efforts physiques, financiers ou intellectuels pour avoir le droit de découvrir une destination sous un autre jour. Comme vous le verrez dans ce dossier, il existe une vaste offre pour ceux qui en ont la possibilité ou l’envie. Mais saviez-vous que pour les autres, un simple changement de raisonnement et de pratiques pendant le séjour peut le rendre tout aussi mémorable ? Cette cover-story est un peu votre cahier de vacances : ouvrez votre valise, votre esprit et vos yeux pour (ré)apprendre à explorer l’Archipel quelques soient vos moyens, votre âge ou votre situation familiale !

Par Meryam El Yousfi et Basil Burté

La “petite reine” indonésienne

Un circuit de 12 à 15 nuités, juché sur un vélo, pour découvrir l’une des îles de l’archipel : c’est ce que vous propose Nicolas Ternisien. Ce Français en connaît un rayon sur la question puisqu’il a lui même pédalé 38 000 km à vélo entre la France et le Japon, et ce pendant 2 ans et demi. Il a même traversé pendant 6 mois l’Indonésie, de Bornéo à Sumatra, acquérant ainsi une expertise du terrain et de la langue. En 2015, à travers son agence en ligne “Voyage d’Ailleurs”, il organise un premier séjour indonésien sur Sumatra.

Depuis, il propose des voyages à vélo clés-en-main et personnalisables, en Indonésie et en Asie : entre 50 et 60km par jour, en petits groupes de 3 à 7 personnes, pour garder la convivialité et favoriser les contacts avec les locaux. Le but est de prendre le temps de s’arrêter au gré des envies, de faire des rencontres pour découvrir à allure humaine la région traversée.

Nicolas précise que le vélo n‘est qu’un prétexte, un vecteur de rencontres et non un but en soit ou un souhait de réaliser une performance physique.
Pour lui, ce mode de transport reflète une certaine idée du voyage : “il y a une grosse différence entre un voyage et des vacances. Ces dernières servent à se reposer ( même si une excursion de-ci de-là n’est pas à exclure), alors que le voyage peut fatiguer physiquement mais prend une autre dimension. Et c’est cette dimension que je souhaite faire expérimenter aux gens que j’accompagne lors de mes séjours.
“Ses clients voyageurs – autant d’hommes que de femmes, des familles, des couples et des amis- ont entre 50 et 70 ans, sont principalement des touristes français ou belges qui pratiquent régulièrement le vélo
(1 balade hebdomadaire ou des trajets quotidiens en ville). Mais pour faire partie du voyage, pas besoin pour autant d’être un athlète : “J’ai eu une dame qui n’avait pas fait de vélo depuis plus de 10 ans mais qui s’est entraînée 3 mois avant et qui a tout à fait apprécié son séjour.” Pas de panique donc puisqu’il y a toujours un véhicule d’assistance qui suit le groupe. A noter que les voyageurs ne sont pas logés à la belle étoile : ils profitent du confort d’hôtels et d’auberges pour se reposer tous les soirs.
En empruntant les toutes petites routes, cela permet toutefois aux voyageurs de sortir des sentiers battus et c’est là, par exemple, que peut se faire la découverte d’un Bali plus authentique, loin de l’effervescence des plages du sud. Ici par exemple, une cérémonie et des participants – qui face à un petit groupe à vélo – sont plus enclins à faire découvrir leur culture qu’à un car de touristes qui n’a pas le temps de prendre le temps. Pour les autres îles, comme Sulawesi et Sumatra “ elles sont bien plus grandes et bien moins courues, ce qui nous ouvre la porte à un vaste terrain de jeu où les touristes se font rares et encore plus à vélo”.
Par ailleurs, comme le souligne Nicolas, en Indonésie les gens vivent sur le bord des routes. Sur le trajet, les marques de gentillesse et de surprise de la population locale sont donc nombreuses : “tous ces sourires sur le chemin sont en quelque sorte le carburant psychologique des cyclistes de passage que nous sommes. De plus, à vélo , on ressent plus les éléments. Les émotions nous parviennent plus directement à faible allure qu’en voyage motorisé. L’absence de bruit nous permet aussi de nous connecter plus facilement à la nature qui est encore bien présente dans des contrées du plus grand archipel du monde que nous découvrons à deux roues”. L’agence propose même des séjours à vélo électrique, pour diminuer le coût du séjour (pas de véhicule suivant) et limiter l’impact écologique.
Et puis, voyager autrement ne signifie pas systématiquement faire l’impasse sur des lieux touristiques. Si un site touristique représente un vrai intérêt, Nicolas propose d’y passer par exemple, sur Sumatra, ces voyageurs font un trek dans la jungle de Bukit Lawang. “Certes, l’endroit est touristique mais je trouvais dommage de passer à côté d’un des 2 seuls endroits au monde où il y a des orang outans et de ne pas y aller”.
A la fin du séjour, les voyageurs ont “grandi” car un tel voyage renvoie par exemple les participants à leurs conditions de vie en Europe. Les discussions philosophiques fusent et les échanges sont riches : “ça n’aura pas été que de simples vacances mais bel et bien un voyage, voire initiatique pour certains”.

Enfin, pour vous donner un avant-goût de l’Indonésie différemment, voici les 3 plus belles routes à vélo conseillées par Nicolas: la descente des 44 virages vers le lac Maninjau sur Sumatra, la route aux alentours de Rantepao dans le pays Toraja au Sulawesi et la descente depuis Tele vers le lac Toba. Pied sur la pédale? Prêts ? partez !
Selon l’organisateur, un voyage “de niche mais pas de luxe”, à partir de 1600 euros le séjour (vol non inclus).

https://www.voyagesdailleurs.com

Luxueuse découverte d’un archipel immense

Floride. Analyste dans l’immobilier. La belle vie dorée à l’américaine. Les virées en bateau : aux Bahamas l’hiver, en Finlande l’été. Mais cette vie « rêvée » n’est pas si rose et le surmenage n’est pas loin. Alors, en 2010, changement de cap : Nikko Karki – un américain d’origine finlandaise- s’installe à Bali. Il espère y adopter un mode de vie moins matérialiste, plus sain, humain et connecté à la nature. S’ensuivent quelques années à explorer les eaux indonésiennes, souvent dans des coins reculés : « c’étaient des rencontres qui marquent… avec des locaux, avec des navigateurs hors-pair, avec une nature sauvage et aussi avec moi-même ». En compagnie de son épouse, il part en croisière quelque part dans les Komodo, alors très peu fréquentées à l’époque. « On y a découvert des terres et des mers préservées. On avait l’impression d’être au paradis », raconte-t-il les yeux brillants. « Les émotions que l’on a ressenties lors de cette expérience sont celles que j’essaie de procurer à mes clients pour qu’ils comprennent les merveilles dans l’archipel ».
En effet, depuis fin 2015, Nikko est courtier en yacht et propose des croisières (à bord d’une vingtaine de bateaux) qu’il qualifie
« d’aventure haut de gamme, à la carte, dans des lieux isolés ». Au départ, une majorité de clientèle américaine qui s’est progressivement élargie à l’Europe et l’Asie : «surtout des familles qui veulent vivre des moments magiques, loin de la foule et qui veulent pratiquer des activités variées». Des vacancier au budget confortable. Car les moindres éléments du séjour sont minutieusement pensés. En amont – alors qu’il faut construire chaque itinéraire de croisière pour voyager loin du tourisme de masse- la mission consiste aussi surtout à penser chaque petit détail : quel sentier est le plus authentique et sécurisé pour arriver à tel panorama, trouver la plage déserte idéale pour un coucher de soleil et feu de camp convivial, faire découvrir un village sans en perturber le quotidien, penser aux moyens d’approvisionnement … « Nous allons assez loin, comme avec ce client dont le rêve était de surfer une certaine catégorie de vagues. Pour préparer cela et s’occuper du client, nous avions dans l’équipe un guide de surf qui nous a permis de trouver ces fameuses vagues de rêve et un photographe pour immortaliser ce moment unique. Pour l’occasion, on a même conçu et personnalisé des planches de surf, disposées à bord pour le client ».
Pour sortir des sentiers battus, il faut savoir être toujours plus créatif, et ce parfois, en combinant les modes de transport et les activités. Ainsi, depuis peu, Nikko propose aussi un volet d’aviation privée – grâce à des entreprises partenaires- qui lui permet de rendre ses croisières encore plus exclusives. Il ne s’agit pas seulement de voler pour voler, l’idée est de pouvoir visiter un nombre plus important d’îles et de sites (en général sur une semaine minimum) mais surtout d’accéder à des lieux reculés grâce à un hélicoptère, un hydravion ou un jet, là où parfois, les bateaux ne peuvent passer. Ce mois-ci, par exemple, au programme du séjour-anniversaire d’un client : réveil avec un coach yoga sur le 2è pont d’un yacht de 52 mètres, puis plongée dans les eaux turquoises avant une randonnée à la découverte d’une petite île isolée de pêcheurs. Et au bout du
sentier : baignade dans une cascade reculée, sans la foule de touristes habituelle. Soirée repos bien méritée dans des tentes “Glamping” luxueuses dotées de tout le confort moderne, sur une plage déserte et décorée par l’équipe de Nikko. Le lendemain, après quelques heures de navigation, balade en jeep pour explorer une nature encore plus sauvage. Un hydravion viendra ensuite prendre en charge la petite famille pour découvrir, depuis le ciel, le cratère du Mont Rinjani avant un retour à l’aéroport. Jusqu’à 1000 km parcourus lors d’une croisière. «Bali et l’archipel différemment, c’est encore possible, car par exemple avec le bateau, on ne laisse aucune trace. Le lieu visité reste une perle cachée pour chaque nouveau visiteur». A en croire Nikko : « pour moi, le futur du tourisme en Indonésie qui ne posera ni problème de concurrence ni de dégradation des sites est celui des voyageurs qui oseront emprunter de nouveaux itinéraires, aller là où les autres ne vont pas. Bien sûr, cela nous demande des semaines de travail pour répondre aux demandes exigeantes des clients…Mais quelle récompense pour tous que de découvrir de tels lieux ! »
Des vacances de rêve qui ne sont bien entendu pas à la portée de tous les portefeuilles.

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Le saviez-vous ? Speakeasy & Indonésie

Un restaurant, une plage, un bar que l’on connaît sur le bout des doigts. “J’ai fait tout Canggu, Jakarta ou Florès”… Pourtant certains lieux cachés comme les speakeasy, proposent de bousculer -de manière ludique- l’offre de lieux festifs. Souvent nichés dans des ruelles peu touristiques, ces lieux mystérieux commencent à se faire une petite place dans la liste des visites immanquables et contribuent à redessiner les contours des zones d’intérêt touristique.

Mais au fait, qu’est ce qu’un speakeasy ? À l’époque de la prohibition – de 1920 à 1933 – la vente d’alcool était interdite aux États-Unis. Les patrons de ces bars clandestins demandaient à leurs clients de parler bas
(« speak easy ») lorsqu’ils passaient commande, pour ne pas attirer l’attention des policiers. D’où une certaine idée de la discrétion et du secret…qui se retrouve jusque dans les verres. Ainsi, certains de ces établissements avaient pour coutume de placer une plume de coq dans les boissons et indiquer la présence d’alcool, faisant ainsi honneur à l’origine du mot cocktail (“cock-tail”). L’histoire est chargée, l’ambiance est particulière.
Aujourd’hui, les speakeasy vivent une seconde jeunesse et sont devenus branchés. L’archipel n’échappe pas à cette nouvelle vague. Naturellement on devrait pouvoir passer devant ce type de bar à cocktails sans le repérer. Enfin presque… Instagram est passé par là. Sur l’île des Dieux, en plein milieu du “célèbre” short-cut de Canggu, s’étend une longue file d’attente devant une simple épicerie. Attention aux apparences, les vacanciers attendent en fait de pouvoir se filmer – chips et gâteaux en arrière-plan – passant à travers la porte d’un frigo… qui débouche sur un de ces bars à l’ambiance tamisée. On ne vous en dira pas beaucoup plus. L’atmosphère, festive et décontractée, est heureusement bien loin du décor dépeint dans “Les fantastiques années 20” de Raoul Walsh. Mais une chose est sûre, les speakeasy ne sont définitivement plus illégaux. Cet établissement balinais est l’oeuvre d’un homme très discret, installé depuis des années sur l’île et qui a connu le Canggu “originel”. Il a d’abord ouvert une supérette, puis le speakeasy s’y est agrégé il y a 3 ans. Ce bar, c’était un peu pour garder l’esprit du Canggu passé : celui où le Sand bar était le seul endroit pour passer la nuit en musique. Mais voilà, l’esthétisme via les réseaux sociaux est devenu une véritable quête. Et l’authenticité du speakeasy un réel coup marketing, voulu ou non ? À chacun son libre arbitre. Mais une chose est sûre, cela permet de (re)découvrir certains quartiers ou ruelles, voire même de les remettre au centre de la carte touristique. Depuis l’ouverture du premier bar (“Prohibition”) à Jakarta d’autres le phénomène s’est largement répandu dans la capitale : le Hemingway (caché derrière l’atelier d’un tailleur), le Goldstein ou le Bauhaus.

Alexia Dréau, auteure : “ retourner aux bases de la vie locale pour mieux Visiter Bali”

Auteure du guide “Quelque Chose de Bali” (Editions Nanika), Alexia pense que le dépaysement et le divertissement ne suffisent pas à faire un voyage réussi. Les discussions, activités et recherches qu’elle a menées pendant un an pour rédiger son ouvrage lui ont permis d’élaborer sa conception du voyage idéal : un séjour responsable, sous forme d’apprentissage pratique et faisant la part belle aux expériences sensorielles tout en respectant la vie locale. Grâce à son expérience balinaise, voici un décryptage donnant des clefs concrètes pour vous aider à voyager différemment et vous immerger dans l’âme de l’Indonésie.

“Quelque chose de Bali” mais quoi ?
“Quelque chose de Bali”, c’est à propos de tous les petits détails qui font l’âme de cette petite île: la vie quotidienne, les habitudes qu’on prend inconsciemment, toutes ces petites choses qu’on ne remarque pas ou plus. Un voyage fait appel à tous nos sens, c’est une découverte complète : des images, des sensations face à un paysage, une explosion de couleurs, des mots étrangers, des sons, une musique, le goût des herbes et des épices, des saveurs inconnues, des odeurs, ou encore le parfum des fleurs… C’est donc un condensé de toutes ces petites choses qui, mises à bout les unes des autres, rendent compte de mon expérience autre que le classique Bali touristique.

Visiter Bali différemment, c’est encore possible à l’ère du tourisme de masse ?
Pour le moment, le tourisme de masse est concentré dans le sud de l’île. Dès que l’on s’éloigne des coins touristiques, on est de retour dans l’ambiance de village. Et puis, tant qu’il y a une population locale, il restera une culture, des traditions et de l’authenticité. Il y aura toujours une manière plus responsable de voyager face au tourisme de masse !
Pour moi, visiter Bali différemment c’est retourner aux bases de la vie locale: culture, nature et communauté, sous l’angle nécessaire du tourisme responsable.
Tous les acteurs touristiques cherchent à trouver des nouvelles façons plus tendances de faire l’expérience de Bali, mais je le vois plutôt comme un retour à la simplicité. Tout est déjà là, il n’y a rien à inventer. Voici quelques conseils qui ont marché pour moi :
S’éloigner des coins les plus touristiques : ce qui aide à booster l’économie locale de régions plus isolées du tourisme et permet de voir comment vivent les gens dans les villages ;
Se méfier des listes “top 10 à voir” : j’ai toujours été déçue des activités les plus populaires. L’abondance des touristes dénature l’activité ou le lieu en lui-même, il n’y a plus de place pour l’authenticité. Mais il faut décider au cas par cas ;
Tout au long du voyage, il faudrait garder en tête l’idéal “vivre comme un local le ferait” ;
Rester local : découvrir les savoirs faire locaux, consommer des produits locaux ;
Privilégier les expériences plutôt que les choses : faire les choses de ses mains par exemple !

Pourquoi préconisez-vous de transformer le voyage à Bali en apprentissage ? Et quelle est votre méthode pour y parvenir sans pour autant transformer son séjour en épreuve du bac ?
Quand je parle d’apprentissage, je parle d’expérience de vie, de contacts humains, de valeurs qu’on acquiert, de choses qui nous bouleversent et nous font grandir. Somme toute, je préconise l’apprentissage par la pratique, c’est-à-dire par l’expérience.
Je pense en effet qu’il faut apprendre de son voyage, car ce n’est pas juste une histoire de divertissement et de dépaysement. J’ai l’impression qu’aujourd’hui on voyage plus pour échapper à sa réalité plutôt que pour expérimenter un rite initiatique, une façon de se (re)trouver. De nos jours, le voyage s’est transformé en un produit comme les autres. Le voyage est à la mode. On voyage vite, on voyage beaucoup et la consommation est reine. Pourquoi aller au bout du monde, si ce n’est pour bouleverser tout ce qu’on a toujours connu auparavant? Quel est le but du voyage sinon grandir à travers la différence? Lorsqu’on est confronté à la différence, elle nous fait réfléchir sur notre propre façon de vivre. C’est ainsi que l’on grandit.

Vous évoquez dans votre ouvrage le slogan : “Tourists for Bali, not Bali for tourists”. Les gouvernements successifs ont-il su répondre à cette demande ?
Dans les années 1970, des étrangers ont découvert une bannière sur une route rurale avec un slogan choc : “Des touristes pour Bali, pas Bali pour les touristes!”. Il y avait déjà l’idée que le tourisme, à comprendre les intérêts financiers, risquait de prendre le pas sur les intérêts des Balinais. Le gouvernement cherchait comment faire profit avec le tourisme tout en préservant la culture locale. Mais il est arrivé que la population proteste contre certains gros projets de développement. Comme celui de la baie de Benoa qui prévoyait la construction d’hôtels de luxe, de restaurants et de parcs touristiques sur 800 hectares d’une terre pourtant désignée sacrée par des grands prêtres hindous. Malgré les protestations, ce projet avait quand même été validé par le gouverneur de Bali… J’aurais donc plutôt tendance à dire : non, Bali n’est pas suffisamment protégée et que la priorité reste l’argent et le pouvoir.
Autre donnée à prendre en compte : 85% de l’industrie du tourisme serait détenu par des investisseurs étrangers. Il serait donc légitime de se demander si le tourisme de masse profite vraiment (et au long court) au Balinais moyen?

Est-ce un devoir de la part des voyageurs de visiter Bali différemment ?
On vient à Bali pour des raisons précises : l’exotisme de la nature, les rizières, le calme apaisant, l’air de village… Mais l’ironie est telle que le tourisme de masse détruit exactement ce qui rend Bali si attractif ! Et les problèmes s’empilent les uns après les autres.
Invasion de plastique dans l’océan, difficulté à gérer les ordures, épuisement des réserves d’eau, transformation des belles rizières en villas touristiques, délaissement de l’agriculture au profit d’un tourisme (plus lucratif), augmentation du trafic sur la route, tandis que les espaces verts laissent place à l’urbanisation. Bref, l’aspect de Bali change.
Quand on voyage au bout du monde, il y a parfois une sorte de déresponsabilisation à l’oeuvre: on se dit que ce n’est pas chez nous, qu’on ne peut rien faire, et que ce n’est pas notre problème. Il faut se sentir plus responsable, puisque nos choix en tant que touriste ont un grand impact. Ainsi, au lieu de dépenser son argent dans un grand hôtel appartenant à des étrangers, on peut privilégier une petite guesthouse locale. Idem pour les restaurants et activités. C’est de cette manière qu’on aide concrètement les locaux à vivre !
Il est facile de voyager, de venir prendre ce qu’il y a à prendre, et repartir… Mais pour moi, un voyage, c’est donner et recevoir. Si on aime Bali, on se doit de changer et d’être conscients de nos choix. Pour cela, on peut se poser des questions simples : Où vont finir ces six bouteilles en plastique que je consomme par jour? Quel impact ont mes 4 douches journalières? Cette activité qui implique des animaux est-elle éthique? Qu’est-ce que je finance avec mon argent?

Des lieux ou activités pour expérimenter Bali d’une autre façon ?
Je préconise de voyager de manière plus responsable, sous l’angle de la culture, l’environnement et la communauté. Voici mes activités préférées pour expérimenter Bali d’une autre façon :
• Fabriquer quelque chose de ses mains : apprendre à confectionner des offrandes, des décorations balinaises, des paniers, du jamu (boisson médicinale indonésienne) ou encore des bijoux en argent avec un artisan ;
• Participer à l’une des immersions organisées par l’ONG Five Pillar, qui aide les Balinais à mettre en valeur et vivre de leurs savoir-faire traditionnels (pour éviter qu’ils désertent les villages pour chercher du travail dans les coins touristiques!) Vous pourrez visiter des fermes pour voir comment on fait le sucre de palme notamment ;
• Participer à un nettoyage de plage et contribuer à la protection des tortues en relâchant des bébés tortues dans l’océan ;
• Marcher dans la nature ou se joindre à un “herbal walk”, une promenade dans les rizières avec des Balinais qui vous expliqueront tout les plantes médicinales locales…

Illustration : Fanny Liger

Quelques pistes pour voyager “utile” en Indonésie

Mission humanitaire :

Conservation de la faune, protection de la biodiversité, soutien aux services communautaires, enseignement… L’archipel et ses habitants ont besoin de votre bonne volonté et de certaines de vos compétences.
https://www.volunteerworld.com/fr/volunteer-abroad/indonesie

Vacances actives :

Voyager en étant logé et nourri. Un rêve accessible, en échange de quelques heures par jour de participation à la la vie quotidienne d’associations, d’ONG et petites entreprises familiales.
Pour les petits budgets mais une grande immersion.
www.workaway.info

Tourisme responsable :

Commerce équitable, participation à des initiatives solidaires d’écotourisme, hébergement et activités chez l’habitant… Pour prendre le temps de découvrir l’archipel en douceur.
http://www.tourismesolidaire.org/destinations/indonesie

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