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Et la pire ville au monde est… Jakarta

Alors que, comme tous les ans pendant la saison des pluies, la capitale indonésienne est une nouvelle fois sous l’eau, deux enquêtes coup sur coup viennent de ternir encore un peu plus, si cela était encore possible, sa terrible réputation de ville invivable. Tout d’abord avec l’index Castrol Magnatec Stop-Start qui la place en tête de 78 villes du globe pour les embouteillages. Ce classement de la compagnie pétrolière britannique a utilisé un GPS pour calculer la fréquence des arrêts-redémarrages des automobilistes. Ceux de la capitale indonésienne en font 33 240 en moyenne par an, soit près de deux fois ce qui est déjà considéré comme sévère pour un moteur (18 000/an) selon les critères de cette étude. L’index précise également que plus d’un quart du temps de déplacement à Jakarta (27,22%) d’un conducteur moyen se passait à l’arrêt. Sans doute pour ne pas être en reste, la deuxième ville du pays, Surabaya, arrive à une bonne 4ème place mondiale avec 29 880 arrêts-redémarrages par an, juste derrière Mexico (3ème) et Istambul (2ème).

Philosophe, le gouverneur de la capitale Basuki Tjahaja Purnama, qui ne ménage pourtant pas ses efforts pour améliorer le quotidien de ses habitants, a affirmé que ce classement ne l’étonnait pas. « C’est vrai, si vous n’avez pas de transports en commun, il y a des embouteillages. Voilà notre travail pour les 30 ou 40 prochaines années. On doit continuer malgré tous ces gens entêtés ici [à refuser le développement des transports] », s’est-il expliqué devant les caméras. Il a par ailleurs affirmé, au sujet de ces mauvaises volontés contre lesquelles son administration doit se battre constamment, que les inondations de cette année auraient pu être considérablement minimisées si la compagnie d’électricité (PLN) n’avait pas montré un certain zèle à couper l’alimentation, mettant de facto hors service les pompes à eau de la ville, y compris dans des secteurs non inondés.

Inondations, embouteillages … comme si cela ne suffisait pas à mettre définitivement Jakarta au ban des villes fréquentables, une autre étude l’a déclarée presque simultanément comme la dernière ville d’un classement mondial sur la sécurité urbaine. Commandité par le magazine The Economist et Intelligence Unit, cet index prend en compte une quarantaine de facteurs regroupés en quatre thèmes majeurs : la sécurité numérique, la sécurité sanitaire, la sécurité des infrastructures et la sécurité individuelle. Dernière sur 50, Jakarta est dépassé par des cités à l’image souvent peu flatteuse comme Téhéran, Johannesburg, Mexico, Bombay ou Moscou. A la décharge de la capitale indonésienne, le fait qu’elle n’est pas le pire endroit en ce qui concerne les crimes violents, mais elle pêche quand même « par une incidence plutôt saillante des délits mineurs », affirme l’analyse.

Si différents officiels et experts de la capitale indonésienne interrogés ont fait preuve de beaucoup de mauvaise foi, certains même questionnant les méthodologies pourtant très sérieuses de ces deux études, au sujet de la piètre performance de leur ville, le gouverneur a lui fait amende honorablesur le dossier de la sécurité en énumérant les mesures que son administration a déjà mises en place depuis le début de son mandat. Un éditorial courageux du Jakarta Globe a même titré pour le défendre : « Basuki va faire ce que la police ne fait pas », mentionnant l’humiliation des Jakartanais à la publication de ces classements.
« Nous avons le droit de demander, où êtes-vous, vous les agents de police ? Puisque Jakarta et le symbole de l’Indonésie et la principale porte d’entrée dans l’Archipel, il est urgent de prouver à la communauté internationale qu’une telle étude a tort », poursuivait le texte de ce quotidien anglophone de la capitale.

Bali : les gros bras dans le top 3 ?

Un article de Rocket News 24 signé Amy Chavez donne un curieux classement des mafias d’Asie dans lequel les Laskar Bali figurent à une inquiétante 3ème place juste derrière les triades chinoises et les Yakusas du Japon. Nous passerons bien sûr sur les deux premières dont la réputation n’est plus à faire pour nous pencher sur cette organisation de gangsters locaux relativement récente qui utilise un symbole hindou comme emblème. Selon Amy Chavez, « avec un afflux constant de touristes qui s’éclatent en vacances et une population d’expats bien portante qui mène la belle vie toute l’année, l’île est un aimant pour la drogue, la prostitution et autres activités illégales. A Bali, les étrangers condamnés à mort pour trafic de stupéfiants font constamment la Une et avec autant d’argent impliqué, vous pouvez être sûr que les voyous locaux ont leur part du butin. »

On le voit, le papier fait plutôt dans l’info à sensation. Néanmoins, il rappelle sans ambages un certain nombre de faits qu’on a souvent tendance à occulter ici. Il y a cinq gangs sur l’île qui sont désignés d’un point de vue légal comme des organisations communautaires (ormas). Ces organisations sont donc légitimes selon la loi, même si leurs activités ne le sont pas toutes… En façade, ces groupes travaillent surtout dans la sécurité dans les zones touristiques comme portiers, videurs, gardiens. Ils portent des t-shirts avec le nom de leur gang dessus, explique Amy Chavez. L’organisation Baladika, 25 000 membres, s’est vu par exemple gratifiée de contrats pour la sécurité lors de la 25ème conférence de l’APEC ainsi que pour l’élection de Miss World.

Mais ces activités en pleine lumière ont bien du mal à cacher les autres qui sont beaucoup moins recommandables. Faisant référence au livre de Kathryn Bonella « Snowing in Bali » sur la prison de Kerobokan, Amy Chavez rappelle que ces groupes sont impliqués dans la drogue, les armes, la prostitution, la corruption et l’assassinat. Lorsqu’un de leurs membres se fait prendre, ils affirment qu’ils ne peuvent être tenu responsables des agissements isolés de certains d’entre eux et qu’ils condamnent de telles pratiques. Ils n’ont pourtant pas peur de communiquer puisqu’ils affichent à tous les carrefours d’immenses pancartes à leurs effigies. En apparence, pour vanter leurs préoccupations sécuritaires et identitaires pour Bali, mais surtout pour marquer leur territoire. On se demande quand même ce qui leur vaut de figurer en 3ème position des mafias asiatiques car l’article ne donne aucune explication.


Virez votre femme de ménage indonésienne maintenant !

Ca ne pouvait pas tomber de pire façon. Juste avant la visite du président Jokowi en Malaisie, la marque d’aspirateur Robo Vac a sorti dans ce pays voisin de l’Archipel une campagne de pub avec le slogan suivant pour vanter les capacités de nettoyage de leur nouvel ustensile : « Virez votre femme de ménage indonésienne maintenant ! » La pub a circulé à vitesse grand V sur les réseaux sociaux, outrageant les netizens indonésiens devant tant d’irrespect et créant dans la foulée un mini-incident diplomatique juste avant le voyage officiel du président. Les relations entre les deux pays frères ennemis, qui en ont pourtant vu d’autres, n’avaient pas besoin de ça à ce moment très précis et le gouvernement indonésien a donc menacé la compagnie d’électroménagers malaisienne de poursuites au cas où celle-ci ne ferait pas d’excuses.

L’ambassadeur d’Indonésie en Malaisie a affirmé que la pub était « insensible et dégradante pour les Indonésiens » et a demandé que la campagne soit retirée. L’ambassadeur de Malaisie en Indonésie a pour sa part affirmé que la pub ne représentait pas l’état d’esprit du peuple malaisien. « Cette pub est barbare. Nous respectons les Indonésiens et avons besoin d’eux », a-t-il déclaré dans Gatra. Avant de rappeler quand même devant les demandes indonésiennes de pénalisation du fabricant que la pub « ne contrevenait pas à la loi » et de promettre de faire pression « sous la forme de conseils » auprès de l’indélicat annonceur.

Sur le forum en ligne du journal Detik.com, certains internautes s’en sont amusés avec un certain sexisme. « Laquelle virez-vous ? », demande l’un d’entre eux, mettant en parallèle l’aspirateur et une pembantu accorte qui n’est pas sans rappeler l’héroïne des films cultes des années 70 « Inem pelayan sexy ». Mais nous ne serions pas en Indonésie si la vengeance n’avait pris la forme d’un hacking de site Internet. Juste après l’infamante publicité, le site de Robo Vac affichait en page d’accueil dans un anglais de cuisine : « Please be nice to our sisters, they have family, they have kids, all need her to be fed up. Don’t forget we are Indonesian people will protect them. Your advertisement is not very funny at all. You drop Indonesian people dignity at your feet. Thank you. » Il y a environ deux millions de travailleurs indonésiens en Malaisie. La grande majorité travaille comme employés de maison et ouvriers en bâtiment. Par ailleurs, le président Jokowi vient juste de signifier son intention de supprimer la fourniture massive de domestiques à l’étranger pour une question de « dignité », mettant ainsi fin à une longue tradition d’exploitation des femmes du pays dans une forme d’esclavage moderne constamment décriée par les ONG.

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