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Envahisseurs étrangers !

2ème partie. Un cas intéressant d’une possible introduction dél i bérée d’ une es pèce étrangère est celui du pterois. A Bali, les plongeurs sont toujours enthousiastes de voir ce poisson spectaculaire qui rôde dans les coraux, prévenant tout le monde de ne pas l’approcher trop près en déployant ses nageoires équipées de longues et fines épines veni meuses. Ces poissons sont endémiques de beaucoup d’endroits du Pacifique et sont exportés dans le monde entier comme poissons d’aquarium. En 1992, on en a vu à Biscayne Bay, sur la côte est des Etats-Unis et il se disait que leur présence était le résultat d’introduction délibérée afin que les plongeurs du dimanche puissent voir quelque chose de pl us i nt éres s a nt et d’exotique. Ces dernières années, ces prédateurs se sont répandus tout le long de l a côte atl anti que des Etats-Unis jusqu’au Golfe du Mexique et dans les Caraïbes et les dégâts qu’ils ont infligé à la faune locale de poissons et de crustacés est énorme. Il va être très difficile de les contrôler maintenant.

Les introductions d’amphibiens racontent une autre histoire. Par le passé, le xénope du Cap (Xenopus) était utilisé dans le monde entier comme test de grossesse. Un de ces crapauds injecté avec l’urine d’une femme produisait à coup sûr des œufs si cette femme était encei nte . Mai s des tests chi mi ques pl us fiabl es et pratiques sont devenus depuis monnaie courante, reléguant ces batraciens aux caniveaux et aux rivières où ils sont devenus de véritables prédateurs, dévorant la plupart des animaux aquatiques locaux. En Australie, le crapaud buffle (cane toad), importé des Amériques pour débarrasser la canne à sucre de ses nuisibles est maintenant si répandu qu’il est tenu pour responsable de l’extinction de nombres d’animaux autochtones. Avec sa peau venimeuse, il n’a aucun prédateur naturel et les efforts pour l’éradiquer ont tous échoué jusqu’à maintenant. Ici à Bali, si l’on va se promener vers les lacs à Bedugul la nuit, on entendra résonner le chœur profond de crapauds buffles américains en cavale, originellement importés pour faire de savoureux plats de cuisses de grenouille (zuike) dans les restaurants. Ces grenouilles géantes dévorent presque tout ce qui peut rentrer dans leur gueule énorme, comprenant les grenouilles du cru, des oiseaux, des serpents et des mammifères.

Récemment, on a entendu une intéressante histoire au sujet de cobras (apparemment d’Asie continentale) ayant été introduits pour combattre les populations de rats dans les plantations de palmiers à huile de Kalimantan. Si cela est vrai, et étant donné le manque d’anti-venin en Indonésie, il y a un risque que ces serpents deviennent une cause de mortalité fréquente des planteurs et des populations avoisinantes.

Le commerce des animaux de compagnie encourage les gens à acheter des animaux exotiques mais souvent sans la prévoyance nécessaire. Les petites tortues de bassin (originaires d’Amérique centrale) sont mignonnes lorsqu’elles sont toutes petites mais deviennent sales, puantes et agressives quand elles sont adultes. Le « Bassin des Tortues sacrées » de Penang en Malaisie en est plein ! Et au sujet d’étranges animaux exotiques avec un statut religieux, une photo dans un journal de Java-Centre montrait récemment des gens apportant des offrandes à une « tortue sacrée » qui, en fait, est une tortue serpentine d’Amérique du Nord.

Les zoos sont pleins de pensionnaires non désirés et les évasions arrivent. Singes et perroquets psychotiques et asociaux sont souvent jetés dans le morceau de jungle le plus proche, souvent le jardin botanique du coin, a fortiori quand ils deviennent grands et agressifs. Des macaques de l’Ouest indonésien causent des dommages importants dans les plantations et les jardins de Jayapura en Papua.Des histoires racontent que des hordes d’iguanes sudaméricains rejetés prospèrent dans les plantations de thé de Puncak, au sud de Bogor à Java-Ouest. Que mangentils là-bas ?

Selon un expert, les espèces étrangères introduites aux Etats-Unis sont la deuxième cause de disparition des espèces protégées après la destruction de leur habitat.Mais qui se soucie de la disparition d’obscures petites espèces autochtones ? Souvent, on ne leur reconnaît même pas un quelconque bienfait ou intérêt alors que l’introduction de monocultures, résistantes au nuisible comme le riz, va nourrir cette population mondiale sans cesse croissante. Mais est-ce que le bénéfice économique immédiat surpassera le coût à long terme ? Pour moi, l’argument selon lequel la suffisance alimentaire est plus importante que la biodiversité est biaisé. La diversité génétique est la clé de la survie de l’habitat écologique et, à la fin, de notre propre bien-être. Le manque de biodiversité mène à la consanguinité avec le risque d’une perte de résistance aux maladies et un potentiel désastre économique et social. Par conséquent, un contrôle strict des animaux et des plantes est primordial si on veut éviter ces problèmes à l’avenir. D’un point de vue économique, la prévention est certainement moins chère que le remède !

Alors, la prochaine fois qu’un marchand essaiera de rendre votre jardin encore plus exotique, de vous vendre des oiseaux au plumage coloré ou des poissons spectaculaires, reconsidérez les risques d’acheter des espèces étrangères. Et exotique ici, veut aussi dire d’une île à l’autre de ce vaste archipel. Il est préférable de demander si ce que vous achetez est bien natif de la région, ou mieux, partez pour une randonnée et découvrez ces trésors en liberté dans la nature.

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