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En route vers le Bali d’avant avec Kali Sari

« Ce n’est qu’après mon second séjour en 1983 que j’ai décidé de m’installer définitivement à Bali et de réinventer ma vie. J’ai d’abord trouvé logis au Seminyak Village Inn, un petit compound à la place de l’actuel Ryoshi sur Jalan Raya Seminyak. Nous étions sur la route principale mais il n’y avait rien d’autre que des rizières alentour. A l’époque, le cours de la roupie était de 600 pour un dollar américain et avec 5000 Rp par jour, j’ai vécu comme une reine sur mes petites économies avant de me lancer dans la confection de vêtements et de chapeaux. La première année, j’ai cherché à m’intégrer dans la communauté, j’ai vraiment vécu avec le banjar, je me déplaçais à vélo. Après seulement, et progressivement, je suis allée à la rencontre des hippies du Blue Ocean (sur l’actuelle Pantai 66) « ugly but interesting guys in g-string », ils passaient leur temps à jouer au backgammon ou aux raquettes sur la plage en string ! Au nord du Blue Ocean, il n’y avait rien à part la maison de Monte à l’emplacement de la Lucciola. Bali était si mystique, on ressentait partout une intense énergie spirituelle, surtout la nuit à la lumière de la lune et des lucioles, parfois nous croyions voir des fantômes dans les arbres. Quelques-uns parmi les étrangers étaient sérieusement affectés par cette ambiance, c’était sans doute amplifié par quelques substances en vente localement ! J’ai ressenti que les « golden years » s’étaient arrêtées vers 87-89, une nouvelle vague d’étrangers est arrivée, des capitaux aussi sans doute favorisés par une nouvelle loi de Suharto […] Le Double Six a été ouvert par deux Italiens du nom de Lucio et Andrea, deux gars passionnés de backgammon, c’était à l’origine un restaurant italien derrière lequel ils faisaient pousser la rucola. Le lieu est vite devenu un night club, j’ai même été DJ en 1987, j’avais des fans, je réglais mes deux lecteurs de cassettes et ça me laissait quelques minutes pour aller danser en sarong et en tee-shirt au milieu de tous les copains, nous nous connaissions tous. En 1989, quand Pak Kadek a repris l’endroit, j’ai redémarré le restaurant italien et je l’ai tenu pendant six ans avec un beau succès. Ensuite, j’ai lancé l’aventure de Saraswati Papers, une manière de contribuer à la propreté de Bali en recyclant les vieux papiers […] Je n’ai pas eu envie que ma fille grandisse comme une étrangère à Bali, j’ai taché de lui donner un sens de la communauté. Nous avons deux familles balinaises d’adoption, nous avons été très impliquées l’an dernier dans la crémation d’une des grand-mères, elle-même avait tenu à ce que nous participions à sa toilette mortelle. »

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