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En route vers le Bali d’avant… avec Jean-Marie Peloni

« J’ai quitté la France en novembre 1976. J’avais une envie profonde de découverte pour l’Asie du sud-Est. Sur le chemin de mon périple, en août 1977, je suis arrivé à Bali. J’ai le souvenir de grappes de gens débordant des marchepieds des bemo, de petites routes désertes. Et surtout des processions et des rizières, le spectacle n’a pas changé, il semble séculaire. J’ai logé à Kayu Api chez Winnie, seul losmen et petit resto à Legian Kelod où il n’y avait d’ailleurs pas encore de route goudronnée ni d’électricité ! Mon voyage s’est prolongé en Australie où je me suis installé. Je ne suis revenu à Bali qu’en 1984 pour faire produire des bijoux en argent et en nacre, les meilleurs tailleurs de nacre, originaires de Madura, opéraient tous vers Tuban. Jusqu’en 1989, j’y ai séjourné plusieurs mois par an avant de décider de m’y installer. A cette époque, la By Pass n’existait pas encore, il fallait descendre jusqu’au Bemo Corner pour accéder à Denpasar. Vers 1986, à la grande délivrance de tous, la route de la prison Tangkuban Perahu a été ouverte et nous a permis de rejoindre directement Jl Imam Bonjol. A l’époque nous roulions à Binter (vieux modèle Kawasaki), nous ressemblions tous à des Rapetou tant les routes étaient poussiéreuses lors de nos nombreuses excursions dans l’île. Presque comme des pionniers du rafting, inconscients, nous descendions sans casque et en hurlant la rivière Ayung sur des pneus de camion que nous faisions gonfler le plus près possible de notre point de départ. Les villageois n’en croyaient pas leurs yeux et quelques-uns se sont retrouvés à l’hôpital de Sanglah ! […] Peu de gens savent qu’il n’y avait qu’une seule banque à l’époque, Exim, à Denpasar. Les taux d’intérêt se montaient à 24%, les transferts n’arrivaient jamais à temps, les employés étaient infects avec leurs frères Balinais, seuls les étrangers osaient élever la voix. Le plus drôle, c’est que la plus grosse coupure n’était que de 10 000 Rp, j’ai le souvenir d’avoir vu une vieille dame repartir avec un énorme sac plastique sur la tête rempli de billets après avoir fait une transaction immobilière ! […] Vers 1989-1990, il y a eu un vrai tournant à Bali. La By Pass Sanur a été construite, les hôtels Grand Hyatt, Hilton et Sheraton entament leur construction, le fax arrive à Bali, Le Krakatoa Business Center ouvre ses portes à Seminyak et tout le monde s’y retrouve, y compris le patron d’une des plus grosses sociétés balinaises actuelles qui venait y recevoir et envoyer ses fax.
A l’époque, il n’y avait que les généraux ou les grosses huiles à être capables de se payer des lignes de téléphone à environ 5 000 USD ! C’est aussi l’avènement du Goa 2001 devant lequel on se gare comme on peut à tel point que la route est parfois obstruée ! Et toujours plus de soirées déguisées, avec des thèmes jungle, space, red […] Je voudrais dire enfin que je trouve le développement à Bali plutôt positif, cette île continue à nous offrir des souvenirs merveilleux. C’est une terre nourricière pas seulement pour les Balinais mais aussi pour des gens de tous horizons. Beaucoup de nouveaux arrivants sont confrontés à leur projection sur cette île, en particulier en matière d’embouteillage ou d’urbanisation. Il reste cependant que nous sommes de plus en plus nombreux à vouloir vivre sur cette île, j’espère que nous saurons aider à son développement durable. Avec ma compagne Dominique, nous présentons nos meilleurs vœux à tous les lecteurs de la Gazette ! »

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