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En route vers le Bali d’avant avec Herling Wowor

« Mon grand-père était originaire du nord de Célèbes. Il nous parlait toujours de l’Indonésie. Mon père a fini par y aller en exploration. Nous n’avons plus eu de ses nouvelles pendant trois mois, il n’y avait pas de téléphone à l’époque. Sitôt revenu en France, il a liquidé notre ferme en Normandie et quelques mois plus tard, nous sommes arrivés à Legian. J’étais le seul enfant non balinais de mon âge à Legian, on me regardait et on me touchait comme si j’étais un extra-terrestre, on m’invitait constamment partout. Je me levais à 5 heures du matin pour aller à l’école à Denpasar, mais j’arrivais toujours en retard. Il fallait prendre le vélo jusqu’à Kuta, une vraie expédition à l’époque pour franchir les deux kilomètres de verdure, puis le bemo, j’y allais avec mon seau et mon balai, on n’apprenait pas grand-chose à l’école, un peu de balinais, un peu d’indonésien, il y avait beaucoup de cérémonies.

A Legian, c’était le désert, alors je poussais jusqu’à la plage de Kuta pour vendre des boissons ou des fruits, je me débrouillais bien avec les touristes, il n’y en avait jamais plus de 100 à 200 sur la plage.

J’ai été absent de Bali entre 1975 et 1978 et, quand je suis revenu, Legian avait démarré, il y avait des boîtes de nuit. Après, la vie s’est concentrée autour du Blue Ocean qu’avait monté Malcolm. Nous ne vivions pas chez nous comme maintenant, nous ne faisions que dormir dans nos bungalows sans confort, tout se passait dehors et sur la plage. Jusqu’alors les touristes étaient plutôt concentrés à Sanur et quelques-uns à Kuta. A partir de 1980, les touristes ont déferlé, il n’y avait pas assez de losmen, ils étaient obligés de dormir sur la plage. Je me rappelle que les banjar se sont réunis pour trouver des solutions et accueillir dignement tous ces tamu qui leur faisaient l’honneur de visiter leur île. Ils leur ont trouvé de l’hébergement gratuit chez les particuliers, je pense que c’est unique au monde !

Ce qui m’épate, c’est que je rencontre encore maintenant des touristes qui ressentent le même émerveillement que moi il y a 35 ans, le charme est encore puissant à Bali. J’ai peur que les nouveaux arrivants ne prennent pas la mesure de tout ça et qu’ils ne banalisent Bali avec leurs blockhaus minimalistes, des fours à micro-ondes comme les appelle Made Wijaya. »

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