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En route vers le Bali d’avant avec… Frédérique Nault

« Je vivais à l’époque aux Etats-Unis. En 1979, avec une amie et nos deux filles, nous avions décidé d’aller aux Indes, comme on disait alors. En chemin, à Hawaï, mon amie me convainc de faire un crochet par Bali, je n’en avais pas envie. Nous nous sommes installés à Ubud au Purna Homestay, presque en face de l’actuel Bintang. Notre bungalow était tout en bambou et bedeg, il n’y avait pas d’électricité, pas de mur dans la salle de bains, de l’eau froide dans un bak mandi pour se laver. Le pont en fer de Campuhan ne permettait pas aux voitures de passer en raison de son étroitesse. Juste à côté, il y avait déjà Murni’s Warung, le seul restaurant d’Ubud qui proposait un peu de cuisine occidentale. Nous avions peu de contacts avec les Balinais parce qu’ils ne parlaient pas anglais mais nous sentions qu’ils étaient délicats et charmants. Ma fille était tombée dans une flaque et avait sali sa robe, une Balinaise nous a proposé spontanément de la doucher et de lui laver sa robe. Le lendemain de mon arrivée à Bali, j’ai eu une rage de dent, je suis descendu à Denpasar en bemo à la recherche d’un dentiste, j’ai fait trois fois le tour de Denpasar en bemo roda tiga, il n’y avait pas du tout de taxi à cette époque, finalement j’ai atterri à l’hôpital de Sanglah. Pas de dentiste. A ce moment, j’avise un magnifique gars sur une moto en me disant qu’il parlerait sans doute anglais, il propose de m’accompagner chez le dentiste. Finalement, je suis revenue deux ans plus tard à Bali pour me marier avec lui, c’était un étudiant javanais en droit avec qui j’ai eu deux enfants. Nous avons vécu à Denpasar, ça ressemblait à un gros village à l’époque avec ses rizières et ses animaux qui déambulaient partout […] Les couples mixtes (mari indonésien, femme étrangère) n’avaient pas le droit d’envoyer leurs enfants à l’école internationale. Alors, avec quelques amies, nous avons créé une école nationale +, Dyatmika, au nord de Sanur, pour que nos enfants puissent conserver une partie de leurs racines indonésiennes ainsi que de bénéficier de l’enseignement de l’anglais et d’une éducation un peu plus poussée […] Mon divorce au bout de 20 ans de vie commune m’a amenée à me demander si je voulais rester à Bali puisque je m’y étais fixée pour me marier mais pas vraiment par choix. Mes deux filles étudiaient en Europe et je n’avais que mon fils à charge. C’est une procédure de divorce qui a duré 5 ans qui m’a permis de m’immerger davantage dans Bali, j’ai même fait un tour spirituel de l’île avec une amie balinaise, j’ai senti ensuite que Bali m’avait comme prise dans ses bras. A mon sens, c’est la révérence des Balinais pour la nature qui crée cette énergie si puissante sur l’île. C’est un peu comme un réseau wifi sur lequel chacun peut se brancher à sa guise, je suis sensible à cela dans la pratique de mon métier de naturopathe. Ca m’attriste de voir le développement désordonné de Bali, le peu de respect qu’on accorde au feng shui local dans la construction, la douce harmonie des maisons balinaises qui se perd au profit de ces murs en béton, de ces piscines, sans jardin. »

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