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En route vers le Bali d’avant… avec Gil Frei

Rencontre avec Gil Frei, marin américain, qui lors d’une escale sur l’île de Bali n’est plus jamais reparti.

« Les îles des mers du Sud exercent une grande attraction sur les marins, et tous ceux qui traînent dans le Pacifique Sud ont un jour ou l’autre entendu la chanson Bali-Hai. Le titre est tiré de la comédie musicale South Pacific jouée à Broadway en 1949 puis portée à l’écran en 1958. C’est un peu mièvre, ça doit ressembler à un chant de sirènes mais ça vous habite et ça imprègne votre imagination. Je ne me rappelle pas précisément si j’avais cette chanson en tête quand j’ai débarqué pour la première fois à Bali en 1993 mais je la connais depuis très longtemps. Bali ne devait être qu’une escale mais je ne suis jamais remonté sur ce beau yacht. Je me suis arrangé pour trouver un capitaine remplaçant ainsi qu’un second puisqu’il m’avait suivi et je n’ai plus jamais quitté Bali. Pourquoi ? J’avais de vieux copains de New York qui avaient posé leurs valises ici, Paul Ropp et John de Cooney. J’ai visité beaucoup d’îles et même vécu longtemps à Saint-Barth dans les Caraïbes mais il faut croire que Bali a un pouvoir de séduction supérieur à toutes les autres. L’île a beau se trouver géographiquement dans l’océan Indien, pour moi, elle appartient culturellement au Pacifique. Pourtant, je trouvais cette île sale, Denpasar était jonché de plastiques, à présent des efforts ont été entrepris contrairement à ce que les nouveaux résidents déplorent. J’étais comme tout le monde, je détestais et j’aimais plus que tout. Au début, un jeune retraité comme moi s’ennuyait beaucoup. Dans la journée, je traînais au Krakatoa pour voir des films mais il n’y avait pas encore d’ordinateurs, Internet ni même simplement le téléphone. Je n’ai jamais été sensible au théâtre de la religion comme beaucoup d’amis à Bali, mon dieu se trouve partout dans la nature et dans le miracle de vie sous toutes ses formes, je suis un peu panthéiste.

C’est sans doute pourquoi j’ai planté du riz dans mon jardin, pour devenir partie prenante de cette culture millénaire, de cette histoire. En revanche, j’ai beaucoup circulé à Bali et je continue encore et encore d’explorer cette île mystérieuse sur ma bebek, je l’appelle l’île des flâneurs, elle se prête bien à la déambulation. La moitié de mon plaisir à être ici repose sur ces balades vers Amlapura, Seririt et plein d’autres lieux encore. L’autre plaisir, c’est que nulle part au monde on ne peut avoir des amis d’autant de nationalités, il y a des gens du monde entier qui vivent ici, je compte même un ami albanais, des Iraniens… A mes débuts, la vie nocturne était centralisée au Goa 2001 et au Double Six, maintenant c’est tout éparpillé, il y a plus de choix et on continue surtout à se faire de grandes soirées entre amis. Ce qui ternit un peu mes pensées pour l’avenir de Bali, c’est la circulation, il faut agir vite parce que ça s’est vraiment dégradé ces dernières années. »

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