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En famille, à la rencontre des tribus Dani de Papua

En juillet 2011, nous avons décidé d’entreprendre notre premier voyage en Papua avec ma femme Suly et notre fils Laislee. Cap sur la fameuse vallée de Baliem et ses tribus Dani avant que la civilisation n’ait définitivement fait rentrer dans le rang ces derniers hommes libres. Après un voyage de 3h en avion de Denpasar à Jayapura, en faisant escale à Timika, on reprend un autre avion pendant 45 mn pour se rendre à Wamena, la porte d’entrée de la vallée de Baliem, située à 1600 m d’altitude. Notre guide Olfied nous accueille à la sortie de l’aérodrome et nous conduit à ce qui semble être le seul hôtel valable de cette ville de 10 000 habitants, le Baliem Pilamo.

Le jour même, nous commençons la visite du marché de cette petite ville, il y a peu de marchandises et en petite quantité mais ce qui nous frappe, c’est la propreté exemplaire de tous ces fruits et légumes et aussi leur prix, tout est très cher en Papua, les pièces et les petites coupures n’y ont pas cours ! Sur ce marché, on découvre de longs bâtons blancs, c’est du sagou, cette fécule alimentaire extraite d’un tronc de palmier et qui est l’aliment de base des Papous bien qu’il ne contienne ni protéine, ni graisse, ni vitamines, ni minéraux. Une nenek nous montre ses mains amputés, elle nous apprend qu’à chaque décès d’un membre de la famille, elle s’ampute d’une phalange au moyen d’un silex, sauf les pouces !

Le deuxième jour, notre guide nous emmène en 4×4 jusqu’à un point d’entrée de la vallée, nous passerons nos journées à marcher à la rencontre de tous ces villages, une dizaine en tout pendant les huit jours qu’a duré notre séjour. Nous serons accompagnés dans nos pérégrinations par notre guide Olfied, un homme originaire de Sulawesi marié à une Papoue. Pour le seconder, notre porteur Apoke, un sourd muet qui s’est pris d’affection pour mon fils et qui ne porte pour tout vêtement que sa koteka (étui pénien) et pour tout bagage, un petit sac plastique qui abrite son tabac et un briquet. Il profite de chaque mare et de chaque trou d’eau pour se baigner constamment.

Dans la plupart de ces petits villages, on vit encore de manière traditionnelle dans des huttes rondes, les hommes d’un côté, les femmes de l’autre. Quelques cases sont communes, il y en a même une réservée à la gaudriole. Certaines cases possèdent deux niveaux : au rez-de-chaussée, on fait du feu et à l’étage, on profite de la chaleur montante pour dormir sur un tas d’herbe, sans aucun vêtement. Le feu s’allume encore avec une cordelette frottée sur un morceau de bois et des herbes sèches. Le seul bien que les habitants semblent posséder, c’est une momie conservée dans le seul meuble de la hutte et qu’ils sortent avec plaisir pour nous la montrer. Ce n’est pas la momie de n’importe quel ancêtre mais du plus valeureux des guerriers, mort au combat !

Le clou de notre séjour, c’est une grande fête organisée en notre honneur dans un de ces villages où nous passerons la journée entière. Ce sont les hommes qui nous accueillent d’abord, en armes, puis nous pénétrerons dans le village, ensuite nous pourrons voir les femmes. Entre autres, la dernière épouse du chef, ici on pratique la polygamie avec frénésie, il nous semble qu’elle porte au moins le dossard numéro 10 ! Les activités ont démarré avec la préparation du repas qui ressemble fort à ce que j’avais déjà vu en Polynésie, le ma’a Tahiti, du moins pour la manière de le cuire. Un trou est creusé, on y dépose des herbes puis des légumes, des pierres chaudes et enfin les morceaux de cochon. On recouvre le tout avec les herbes et on laisse cuire à l’étouffée. Nous apprenons à cette occasion que l’alimentation des Papous est presque exclusivement végétarienne, la viande ne constitue qu’un mets de fête,
il semble qu’un cochon coûte dans les 40 millions de roupies ! Le cochon est tué avec une flèche tirée à distance puis dépecé au moyen de bambous très effilés. Les enfants sont chargés de nettoyer les abats dans la rivière, ce sont eux et eux seuls qui auront droit de les manger, c’est bon pour leur croissance. Pendant le repas, nous serons surpris aussi de voir que ce sont eux à qui échoient les pièces de choix tandis que les anciens ne doivent se contenter que des plus bas morceaux.

Ensuite, nous assisterons fascinés à un concours à la Robin des Bois, c’est à celui qui fichera sa flèche le plus près possible d’un cercle blanc dessiné sur le tronc d’un bananier. Tous redoublent d’adresse, quasiment 100% des flèches se fichent dans le bananier qui se trouve pourtant à plus de 10 m des archers. Même les gamins, qui s’exercent à décocher des lances font preuve d’une habileté stupéfiante. Nous avons bien le sentiment d’assister aux vestiges d’une culture en danger de disparition très prochaine. Les missionnaires sont partout, tâchant d’évangéliser, de scolariser tout ce qui peut l’être. Dans le village le plus éloigné, il y a la piste d’atterrissage d’un missionnaire américain qui se rend sur place régulièrement et possède d’ailleurs dans ce village une maison avec tout le confort moderne !

Alors que nous sommes en train d’attendre dans la salle d’embarquement de Wamena, les yeux remplis de toutes ces belles images et de toutes nos rencontres de la semaine passée au contact de ces robustes Papous, nous avons la surprise de voir débarquer Apoke, notre cher porteur qui a marché plus de 6 heures pour venir nous saluer avant notre départ. L’hôtesse a eu beau lui dire qu’il ne pouvait pas accéder à la salle d’embarquement, il ne s’est pas embarrassé de manières et a forcé le passage, on ne résiste pas aux Papous surtout quand ils ne portent pour seul attribut que leur koteka !

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