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Elections 2009 : une candidate venue d’ailleurs

La Gazette de Bali : Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ? Depuis quand avez-vous la nationalité indonésienne ? Pourquoi êtes-vous devenue WNI ?

Petra Odebrecht : En 1989, mon petit ami et moi avons quitté Hambourg pour Bandung, à Java-Ouest. A l’époque, je ne connaissais pas grand-chose de l’Indonésie et j’étais très amoureuse. Il m’a présenté à sa famille, ses amis, puis j’ai découvert la langue, la nourriture, l’islam, etc. Au début, j’ai étudié la danse classique javanaise. Pendant ces quatre années, je suis restée la majorité du temps en Indonésie, à l’exception d’un petit séjour de trois mois en Allemagne et d’un autre à Sydney. Mon mari lui, a continué à revenir en Europe. Pour gagner de l’argent, disait-il, je me demande encore où cet argent est passé… Plus tard, j’ai découvert qu’il avait une liaison là-bas. Alors j’ai demandé le divorce. Inutile de dire que ce ne fut pas facile puisque nous étions mariés sous la loi musulmane et que c’était l’épouse qui demandait la séparation. Pendant la procédure, j’ai décidé de rester en Indonésie et demandé la nationalité alors que mon exmari a préféré s’installer en Allemagne. J’ai obtenu la nationalité en 1992. A cet époque, mon frère est venu à Bandung pour faire un stage de trois mois dans un cabinet d’avocats. Il y a rencontré sa future femme avec laquelle il vit désormais à Hambourg. Quand le divorce a été prononcé, je suis allée à Bali où j’ai travaillé pour des agences de voyages allemandes pendant une dizaine d’années. Puis, je me suis pris d’intérêt pour le yoga. Depuis deux ans, je l’enseigne.

LGdB : Comment vous êtes-vous retrouvée candidate pour les législatives de 2009 ? Rêviez-vous de faire de la politique ?

P O : Il y a de cela un an, on m’a demandé de me présenter. C’est mon ami Rusty Ambo Dalle qui m’a fait cette proposition. C’est un ancien député du PDI-P et un des fondateurs du PDP. A vrai dire, je n’y ai pas beaucoup pensé au début… Mais fin août, I Nengah Netra, qui est le responsable du PDP-Bali et aussi le président de l’association locale des petites et moyennes entreprises, m’a demandé de m’engager. On m’a présenté la plateforme du PDP et les discussions que j’ai eu avec des proches ont fini de me convaincre. C’est ainsi que je suis devenue candidate PDP à l’échelon national. Ces dernières semaines, j’ai appris à connaître les autres candidats du parti et surtout Laksmana Sukardi, un des fondateurs et actuel coordinateur du PDP, qui m’a fait part de sa vision des progrès politiques de l’Indonésie depuis 1998. Ce qui a été fait et ce qui reste à faire. Et comment les choses vont changer sous l’impulsion du PDP. Sinon, non, je n’avais jamais rêvé de faire de la politique.

LGdB : Vous êtes en lice pour un parti récemment créé. Qu’apporte de nouveau le PDP pour Bali ?

P O : L’Indonésie est le pays à majorité musulmane le plus peuplé du monde. Connaissant l’idéologie et le programme du PDP, notamment sur les notions de respect du pluralisme culturel, ethnique et religieux, de travail en commun et de considération mutuelle, l’apport pour les Balinais est de première importance. Le PDP est un parti jeune de coeur avec une perception moderne et un esprit des plus flexibles. La plateforme du PDP est contre les pratiques féodales, contrairement à ce qui se produit dans les autres partis ici. Nous travaillons en collectif, chaque président de branche régionale a le même poids que ses confrères. Je crois aussi très sincèrement qu’avec un parti comme le PDP à l’assemblée à Jakarta, une loi comme cette nouvelle loi anti-porno ne serait pas passée aussi facilement.

LGdB : En tant qu’Allemande, Européenne, Occidentale, qu’allez-vous apporter à Bali ?

P O : Je vais paraphraser I Nengah Netra. Avoir une Occidentale en lice à l’échelon national pour représenter Bali montre au monde que Bali se positionne pour la démocratie, le respect des Droits de l’Homme et reste ouvert et flexible avec les étrangers. Une idée par exemple, je pourrais devenir un lien entre Balinais et étrangers en matière d’investissement et de coopération, dans le respect mutuel et sur des bases légales solides. Etant Occidentale, je peux bien sûr éclairer les Balinais sur ces sujets et aider. Faire comprendre aux locaux les inquiétudes qui existent devant l’incertitude légale qui règne ici et comment améliorer le climat général des investissements. Je rêve par exemple de lier plus d’étrangers à des projets en rapport avec l’établissement d’un environnement propre, qui profiterait à tous. Et aussi obtenir plus de support gouvernemental pour de telles pratiques.

LGdB : Est-ce votre terrain de prédilection dans cette campagne ? Quel est votre programme ? Votre agenda si vous êtes élue ?

P O : Pour le moment, je ne peux pas dire grand-chose. Courant décembre, tous les candidats du PDP à l’échelon national, venus de toutes les provinces, vont se réunir à Jakarta pour un séminaire de trois jours qui coordonnera les sujets primordiaux de la campagne et l’agenda.

LGdB : Vous êtes la première candidate d’origine étrangère. Comment vous sentez-vous par rapport à cela ? Etes vous fière ? Ressentez-vous une charge supplémentaire ?

P O : C’est absolument super-intéressant pour moi d’être de plus en plus impliquée, d’apprendre le fonctionnement du parti de l’intérieur, aussi bien à Bali qu’à Jakarta. Je me sens un peu dépassée parfois mais je suis fière d’être un membre actif du PDP et fière de ses principes. Est-ce un poids supplémentaire ? Jusqu’à maintenant, non… Sauf peut-être quand je dois répondre à des gens comme vous… Non, je plaisante !

LGdB : Votre parti vous présente à tout va comme la première « caleg bule » (candidate blanche), ne pensez-vous pas être utilisée comme un outil de communication ?

P O : Pour gagner, toutes les stratégies sont bonnes, tant qu’elles sont saines et positives. Si c’est un moyen pour les gens de s’intéresser au PDP, de découvrir son programme et pourquoi pas de nous rejoindre, ça ne me dérange pas du tout. D’autres partis, et ils sont nombreux, utilisent des acteurs, chanteurs et autres célébrités pour leurs campagnes. Il y en a même un qui ne présente pas moins de 22 stars… Par ailleurs, le PDP essaye aussi de valoriser la femme dans ce pays, pour son avenir, mais aussi pour élargir l’horizon. Améliorer la participation des femmes dans tous les aspects de la vie… y compris en politique.

LGdB : Avec vous comme caleg, ne pensez-vous pas que votre parti ne cherche qu’à attirer les fonds de la riche communauté occidentale de Bali ?

P O : Non, pas du tout !

LGdB : Retournons vers les électeurs balinais. A une époque où Bali semble traverser une crise d’identité, ne croyez-vous pas que votre candidature va attiser le ressentiment à l’encontre des étrangers installés ici ?

P O : Non, je ne crois pas. Je suis candidate au niveau national, à Jakarta, pas au niveau local, kapubaten ou desa, car je ne suis pas Balinaise d’origine. Je ne pourrais pas interférer dans leurs affaires. Je respecte les Balinais et me conforme à leurs façons de faire depuis que je vis ici. Et puis, n’oubliez pas que le PDP travaille en collectif, il n’y a pas de place pour des initiatives perso, et c’est valable pour tout le monde au PDP. Je ne crois pas que la crise d’identité se nourrit du fait que de nombreux Occidentaux vivent sur l’île. Je crois que ce problème est un problème national, les Indonésiens ne savent pas apprécier leurs particularités, leurs propres produits, leurs arts, etc. Ils s’orientent très souvent vers un style de vie et des valeurs à l’occidentale sans vraiment comprendre ce qu’ils copient. Ce problème est enraciné dans la longue colonisation hollandaise. Heureusement, tout ça devrait disparaître avec le temps.

LGdB : En tant que lien entre deux mondes, avez-vous un message à passer à nos lecteurs ?

P O : Au PDP, les gens sont jeunes, 40% des membres sont des femmes. Tout fonctionne en collectif, pas sous la tutelle d’un chef comme dans les autres partis. Le PDP lui-même est encore en train de grandir, de se développer, et nous sommes toujours ouverts à de nouvelles idées, de nouvelles suggestions, afin de créer une meilleure façon d’être ensemble. Si vous avez des commentaires, n’hésitez pas à me contacter. Merci beaucoup.

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