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EFI : PECHE SPORTIVE AVEC UN CHAMPION DU JIGGING

Extreme Fishing Indonesia est une société de pêche sportive dirigée par le Français Pierre Porte, un entrepreneur bien connu des lecteurs de ce journal, qui possède également une affaire d’immobilier à Bali. Créée depuis 2009, à une époque où ce genre d’activité marine à la réputation plutôt chic était encore un mystère insondé ici, EFI est aujourd’hui une entreprise florissante qui a su développer un marché où quelques concurrents sont naturellement apparus pour tenter de prendre leur part. Reste que ce Corse pêcheur depuis l’enfance n’est ni un moussaillon, ni un batelier du dimanche, et avec 5 records du monde à son actif et des amitiés placées jusqu’au ministère de la Pêche, les perspectives de développement d’EFI et de la pêche sportive en Indonésie sont au beau fixe. Tous à bord pour une virée poissonneuse dans les eaux de Bali, Nusa Penida et Lombok…

Les marins sont des gens qui se lèvent de bonne heure et il est seulement six heures lorsque nous montons à bord du Dedean 3, troisième speed boat de l’histoire d’Extreme Fishing Indonesia, dans la baie de Pulau Serangan. Implanté à Bali, EFI a toutefois fait une boucle de deux ans par Manado, avant de reprendre ses activités ici avec ce nouveau bateau. Pierre Porte nous accueille avec deux hommes d’équipage, l’équipe télé de « Mancing Mania » – le programme le plus connu de pêche sportive en Indonésie – ainsi qu’un client fortuné de Surabaya avec son assistant. La météo s’annonce bonne et les trois moteurs de 250ch rugissent et font se cabrer l’embarcation à la moindre sollicitation. A la barre, le capitaine chef d’entreprise surveille ses écrans, GPS et sonar, et nous commençons l’entretien. Tout d’abord, au sujet du bateau, un modèle que Pierre Porte a dessiné lui-même et dont les trois moteurs ont couté 750 millions de roupies. « C’est un bateau exceptionnel de dimension large, il est rapide, stable, il y a des couchettes, des toilettes, des douches à l’eau douce. Nous offrons à nos clients un confort indiscutable d’un niveau inconnu jusqu’alors », explique le patron avec fierté.

Un confort indiscutable pour un bateau qui navigue dans des eaux réputées dangereuses. En effet, nombre des spots de pêche d’EFI sont situés dans le passage entre Bali et Lombok, la fameuse ligne Wallace crainte pour ses courants puissants et imprévisibles. D’autant que lorsqu’on pêche au gros, selon la terminologie ancienne et aujourd’hui obsolète, on ne jette pas l’ancre, on laisse le bateau dérivé avec le courant pendant que les pêcheurs posent leur ligne. Un peu de houle – il y en a toujours dans ce détroit – et vous vous retrouvez ballotté dans tous les sens. Et pour peu que vous ferriez un monstre de 100kg à l’autre bout de votre ligne, vous comprenez que le terme « pêche sportive » n’est pas usurpé.

Plus de 200 spots de pêche répertoriés par GPS
Les écrans du matériel électronique de marque Lowrance indiquent au capitaine la route, mais aussi la profondeur et éventuellement la présence de poissons. « Cet équipement est cher, 9000 euros, mais indispensable. Il m’a permis de chercher les endroits poissonneux et de les répertorier. Il permet aussi de savoir à quelle profondeur, il faut jeter les lignes », explique Pierre Porte, qui a toutefois bénéficié d’un discount sur l’achat en raison de ses records du monde. La banque de données de pêche d’EFI est aujourd’hui riche de plus de 200 spots. Sans ce matériel, impossible de pêcher au gros. A EFI, on pratique trois méthodes de pêche sportive, le jigging, le popping et le trolling. La première est la plus populaire, il s’agit d’un leurre, qu’on agite en tirant sur la canne, immergé à une profondeur comprise entre 60 et 200m. Et c’est la pêche qui sera essentiellement pratiquée lors de notre sortie.

La coque du Dedean 3 a coûté 600 millions de roupies à fabriquer. En local, près de Jimbaran, nous dit celui que tout le monde appelle PP. Avec son équipement complet, Dedean 3 a coûté 1,6 milliard de roupies. Une sortie en mer coûte une fortune en essence, environ 40% du budget. Heureusement, l’entretien du bateau n’est que de 6 millions de roupies par mois. Pont en tek fixé sur le polyester, courant en 220v, ventilateur en cabine, espace raisonnable pour les clients, sans oublier nasi bungkus, snack et boissons à volonté à l’heure de la pause, ce n’est pas le luxe intégral pour autant mais nous ne sommes pas en croisière. Et les passionnés de pêche n’en espèrent de toute façon pas tant. Il y a trois formules de sorties en mer : La demi-journée à 550 dollars, la formule « 6 heures détente et pêche » pour les familles (jusqu’à 8 personnes avec les enfants), à 700 dollars, et la journée complète pour les fanatiques, à 950 dollars. Le tarif comprend tout, c’est-à-dire même la voiture aller-retour à votre domicile, et le matériel de pêche pour 4 à 5 pêcheurs. Et les affaires vont bien… « En janvier, nous avons fait 19 sorties, en février, 14 », commente avec satisfaction le capitaine corse au sujet de sa clientèle qui se répartit environ entre 60% d’étrangers et 40% d’Indonésiens.

Mission de développer la pêche sportive en Indonésie
Dans le plus grand archipel du monde, allongé sur l’équateur, il n’est pas vain d’affirmer que l’Indonésie a « les meilleures conditions de pêche au monde ». Et si la pêche est perçue ici en général comme une activité de pauvres exercée dans des conditions dures, la pêche sportive a su rapidement trouver sa place auprès d’une clientèle indonésienne riche. « D’autant que nous offrons du service et que nous ne comptons pas notre temps », ajoute Pierre Porte, conscient de la dimension passion de la pêche sportive auprès des clients. Il faut compter entre 2000 et 2500 euros pour une canne, un moulinet, du fil et des leurres de qualité. Extreme Fishing Indonesia en a 18 à la disposition de ses clients, 10 pour le jigging, 6 pour le trolling et 2 pour le popping. Ainsi que 8 cannes légères à environ 3 millions de roupies pour la pêche à l’appât. Pierre Porte a également créé sa propre marque de leurre pour le jigging, Virus Bali, avec des leurres très lourds adaptés aux courants puissants entre Bali et Lombok.

Fréquenter cette richissime clientèle et passer régulièrement à la télévision a donné à Pierre Porte de l’entregent. Fort de ses records mondiaux tous obtenus en Indonésie, il a aujourd’hui la réputation d’un « jago », d’un champion dans son domaine, qui fait qu’il est très courtisé ici. Jusqu’à la célèbre ministre de Pêche Susi Pudjiastuti dont il est proche et qui lui a demandé de développer la culture de la pêche sportive en Indonésie sous l’angle d’une nouvelle activité touristique à promouvoir. Et de développer également une éthique de la pêche, respectueuse de l’environnement. Le président indonésien Joko Widodo l’a invité récemment à participer à Ternate (Moluques) au 1er Widi International Fishing Tournament. Enfin, le gouverneur de cette province lui a aussi demandé de développer la pêche sportive dans sa région. Cette effervescence lui donne bien sûr des idées, comme celles de construire un deuxième bateau pour organiser des safaris de plusieurs jours Bali-Lombok-Manado-Maluku.

En attendant, ce chef d’entreprise comblé se concentre sur le présent et gère son temps au mieux avec cet essor de la pêche sportive indonésienne. EFI emploie 5 personnes, dont 4 marins payés à la sortie, qui récoltent environ un salaire de 15 millions par mois, sans compter les pourboires des clients et le poisson qu’ils se partagent après chaque sortie. Car la pêche appartient au bateau. La pêche au gros rapporte des prises qu’on ne voit pas souvent sur les marchés du coin, et qui se revendent à très bon prix au kilo. Et des kilos, il y en a à la pêche au gros ! Les poissons protégés sont remis à l’eau après la photo. Les autres sont tués juste après avoir été sortis de l’eau selon la méthode Ikejime, qui consiste à poinçonner leur système nerveux afin qu’ils meurent sur le coup sans souffrance. Cette méthode a également les faveurs des restaurateurs car la chair est ainsi meilleure dans l’assiette et se vend deux fois plus chère. Et comme nous le rappelle Pierre Porte lors de notre retour dans le port de Serangan, alors en pleine procession de Melasti : « Et puis nous, nous sommes hindouistes, alors nous ne laissons pas les animaux souffrir… »

Extreme Fishing Indonesia, Jl. Tukad Penataran, Serangan, Denpasar, 80229 Bali. Tél. 081 338 627 534, 081 338 373 614.
[email protected]
www.extremefishingindonesia.com

 

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