Accueil Billets Jalan Benesari, Kuta 80361

Eddie Barclay à Kuta

On les dessine sur son Ipad, on les rêve, on les lease, on les construit, on les furnish, on y fait la fête, on y brunche, on les achète, on les loue, on en fait des sites Internet, on les nettoie, on les gère, on les sous-loue, on les retape, on en parle, on en fait des photos, des comptes rendus, on les note, on les peints en gris, puis en crème, on y ajoute des kilowatts, on s’y marie, on y vit, on y passe ses vacances, on les like sur Facebook, on leur donne des noms, on en fait des puces sur Google Map, on en fait son bas de laine, sa gagneuse, sa fierté… Bali n’est plus qu’une histoire de villas. Mais c’est quoi au juste une villa ?

Restons simple, c’est une maison avec piscine ? Pas seulement… Une maison avec piscine et une statue de Bouddha ? Trop simpliste… Une maison, une piscine, une statue de Buddha et une salle de bain en extérieur avec des galets et du corail mort tout autour ? Comment ça, je deviens cynique… Et si je rajoute une cuisine américaine et quelques guirlandes de LED au plafond, on a une villa ?

Au final, tout le monde vous dira la même chose. On reconnait une villa quand on en voit une. C’est comme pour le bon chasseur. Ou les produits bios. D’ailleurs, on pourrait considérer que la villa est un peu à la location saisonnière ce que le bio est aux fruits et légumes. Un terme gentiment pompeux, aux contours assez flous mais qui sonne bien. Personne ne saurait expliquer précisément ce que c’est mais les sous-entendus sont en revanche limpides. Tout comme une salade qui ne serait pas bio est de facto pleine de pesticide, une location qui ne serait pas une villa est forcément une cabane au fond de Kuta.

Dès lors, on peut légitimement se demander ce qu’il adviendrait de la fréquentation des Occidentaux à Bali si il n’y avait pas cette offre de villas. Logeraient-ils dans ces hôtels qui continuent de sortir de terre de manière aussi anarchique qu’incongrue ? Si malgré les travaux et les controverses, on parvient toujours à nous vendre du rêve à Bali, n’est-ce pas principalement par les photos de ces locations au luxe bon marché ? Bali n’est plus une terre d’aventure ou de découverte. C’est la toile de fond idéale pour les vacances d’une génération d’Occidentaux élevée au « parce que je le vaux bien ! »

Réservé autrefois à une clientèle qui trouvait vulgaire de prononcer le K de Seminyak et pour qui villa rimait encore avec d’exubérantes fêtes porno-chic sentant bon le patchouli et les fauteuils en rotins, le concept s’est depuis considérablement élargi, pour ne pas dire démocratisé. Aujourd’hui, la villa des uns s’arrête là où commencent celles des autres. Il y en a pour tous les goûts, du kitch au zen, du rustique au minimaliste, dans tous les quartiers et à tous les prix. Leur point commun, une certaine idée de la qualité et du confort mais surtout le fait de se louer charge comprise, à la journée, entièrement meublée et équipée. C’est ça une villa. Et en co-loc, ça revient moins cher que l’hôtel !

LAISSER UNE RÉPONSE

Please enter your comment!
Please enter your name here