Depuis la nuit des temps sans doute, Bali accueille l’art et les artistes. L’Ile des Dieux s’offre à leur inspiration. Sa luxuriance, son culte de l’éphémère et de la beauté en font une terre idéale pour la création et l’interprétation artistique. En y introduisant le tango, en invitant des danseurs argentins célèbres à l’enseigner et à montrer leur art, en créant le Bali Tango Club enfin, Stefani Kanginnadhi s’est consacrée avec courage et acharnement à une expérience à la fois évidente et insolite. Evidente, car les danses sont au centre de la spiritualité de l’île, offrandes quotidiennes aux dieux, elles sont contemplées et entendues à tout moment comme les arbres ou les ruisseaux d’une forêt. Elles expriment l’essence et la respiration de l’âme balinaise. Insolite, car la tonalité de l’île, sa légèreté ne sont pas sans colorer d’une façon ludique l’émotion et la tragédie particulière au tango, « cette pensée triste qui se danse », comme disait le grand auteur argentin Borges. Amoureux de la beauté, Bali ajoute légèreté, poésie, gaieté et originalité à l’esthétique intense du tango. Un proverbe dit que « les blessures d’un amoureux de la beauté cicatrisent toujours ». Cela est plus vrai encore à Bali qu’ailleurs. L’expérience du tango, la relation dansée à l’autre créé un échange amical authentique, profond et léger. Nietzsche ne faisait-il pas dire à Zarathoustra : « Je ne pourrais croire en un dieu qui ne danserait pas » ? La danse est une relation poétique, une relation d’âme. Au Made‘s Warung de Seminyak, les habitués du Bali Tango Club qui se réunissent le mardi et le jeudi soir, accueillent avec gentillesse et simplicité les passionnés de tous horizons, touristes de passage ou professionnels, débutants ou novices, pour célébrer la grande cause du tango. De Buenos-Aires à Singapour, Stefani et son partenaire Ogie Mendoza, avec toute l’équipe des fidèles de Bali, invitent des danseurs argentins, organisent des ateliers, des shows, enseignent sans relâche en cours privés ou collectifs, transmettant avec une profonde générosité leur passion. Egalement peintre, Stefani célèbre le couple dans le tango, l’émotion du tanguero à travers le danseur argentin Roberto Herrera. L’art du tango et celui de la peinture se répondent comme dans une correspondance amoureuse. Parisienne en vacances à Sanur, la découverte du tango à Bali et des membres du Bali Tango Club a été une aventure inoubliable que j’espère renouveler avec eux.
