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Difficile de faire son miel à Bali

«  A Bali, il existe trois sortes d’abeilles (lebah en indonésien). Les plus communes sont les abeilles rayées que nous appelons en balinais nyawan bali. On trouve aussi assez facilement des abeilles noires, toutes petites (kala). Enfin, la troisième espèce est l’abeille sauvage (nyawan alas) qui vit dans les arbres et ne se domestique pas. En fait, n’est pas apiculteur qui veut à Bali, Wayan Durpa qui nous reçoit aujourd’hui dans son village de Tenganan nous confirme qu’il faut avoir reçu le taksu (l’inspiration divine, asi asian en balinais) pour que les abeilles acceptent de venir loger dans les petites ruches que vous mettez à leur disposition. En fait, les ruches balinaises sont très rudimentaires, elles ressemblent aux troncs creux dans lesquels les abeilles sauvages installent leurs colonies. Nos ruches sont donc fabriquées à partir de bambou ou de bois de cocotier (d’environ 50 cm), elles sont fendues dans le sens de la longueur pour pouvoir accéder au miel. On les suspend le long de la maison ou dans les arbres. Et on attend !

On récolte à chaque pleine lune le miel des abeilles rayées. On enfume un peu leur maison et on récupère les alvéoles qu’on écrase simplement dans un tamis. Le goût du miel et sa couleur dépendent des fleurs que les abeilles rayées butinent : à certains moments, le miel dégage un fort goût de café quand elles se nourrissent de fleurs de caféiers.

Les abeilles noires produisent beaucoup moins de miel, on ne le récolte qu’une fois par an, en général au début de la saison des pluies. Comme elles se nourrissent exclusivement d’une fleur d’un certain palmier, le goût est assez constant. Du fait de sa rareté, leur miel est très recherché, il présente une belle robe sombre.
Il y a enfin un miel qui fait l’objet d’une cérémonie particulière, c’est celui que l’on récolte des essaims logés dans les temples domestiques. L’intégralité de la récolte est offerte au guérisseur qui officie.

L’apiculture ne peut pas constituer une activité à part entière à Bali parce que les ruches produisent très peu : Wayan Durpa dont l’activité principale est la vannerie nous avoue qu’il ne produit que 25 petites bouteilles de miel par an, soit environ 3 kilos !
Le miel est exclusivement employé à Bali pour un usage thérapeutique, on l’utilise pour soigner la colique, la tension artérielle, les brûlures et toutes sortes de maux. Quand les clients apprennent que le miel est un peu amer, tout le monde se précipite pour en acheter parce qu’on lui prête dans ce cas beaucoup plus de vertus.
Si nous ne consommons pas le miel pour sucrer nos aliments, en revanche nous nous régalons d’une plat assez rare que nous appelons nyawan mesanten. Nous cuisinons les larves d’abeilles, eh oui, c’est délicieux, avec du lait de coco, de l’ail, de l’échalote et du piment. »

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