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Devdan, l’Archipel comme à Broadway

Ca devait arriver, à force de se donner en spectacle, Bali allait bien finir par faire son propre show. Avec « Devdan, Treasure of the Archipelago », fantaisie musicale, chorégraphique et acrobatique évoluant autour des merveilles touristiques qu’offre l’Indonésie, nous entrons dans cette ère nouvelle, celle d’un Bali parc d’attractions. A la plus grande joie des enfants, de leurs parents et de tout amateur du genre, passons en revue cette revue au rythme échevelé !

Tout d’abord, afin d’éviter tout malentendu, rendons à César ce qui lui appartient. Les pionniers du grand spectacle à Bali sont les créateurs de « Bali Agung : The Legend of Balinese Goddesses », une représentation théâtrale basée sur l’histoire de Bali qui avait démarré en septembre 2010 sur la scène du Bali Safari and Marine Park. Certes spectaculaire et inhabituel pour ici, ce show gardait la caractéristique d’être basé sur des références historiques et pouvait donc attirer logiquement les spectateurs en demande de culture balinaise. Avec Devdan (cadeau des dieux en sanskrit),
nous sommes cette fois ailleurs, de plain-pied dans une rêverie kitsch, entre Holiday on Ice et des visions hallucinées de boules neigeuses. Et même si la créatrice de ce projet pharaonique, l’Indonésienne Lindratini Liauw Suparsono, met en avant son désir de présenter et préserver la culture de l’archipel comme raison d’être de son show, nous savons bien qu’il ne s’agit
là que d’un spectacle de divertissement.

<emb2744|left>Cela n’enlève aucun mérite à ce projet qui a coûté huit millions de dollars, construction du site et création de la revue comprise. Le Bali Nusa Dua Theatre est en effet une salle magnifique de standard international qui hisse Bali à un niveau inconnu jusqu’alors. Au programme, une revue d’une heure trente en cinq tableaux avec 63 comédiens. Cinq survols menées tambour battant de quelques danses et traditions emblématiques de Bali, Sumatra, Java, Bornéo et Papua. Touriste cantonné dans ton resort à étoiles, si tu ne vas pas à l’archipel, l’archipel ira à toi grâce à Devdan… « Nous travaillons avec les hôtels, les agents et sur l’Internet pour promouvoir notre spectacle », explique rationnellement Stephen Lomax, le directeur américain du théâtre. Les touristes sont bien sûr la clientèle visée mais le directeur ne désespère pas d’attirer bientôt les spectateurs locaux. « Mme Suparsono a bien entendu choisi Bali car cette île est la porte d’entrée vers la culture indonésienne », ajoute-t-il docte.

<emb2742|right>Le projet est né à la fin des années 90 mais la crise monétaire de 97-98 l’a relégué à plus tard. Quand Lindratini Suparsono et son équipe reviennent à la charge, c’est cette fois le premier attentat à Bali qui remet le projet sur l’étagère. Cela aurait pu en désespérer plus d’un mais, en voyant avec quelle rapidité Bali s’est remis de toutes ces catastrophes, Lindratini Suparsono est plus que jamais persuadée que c’est à Bali et nulle part ailleurs que son rêve se réalisera. Le site a été bâti en quatorze mois sur l’ancien amphithéâtre en plein air de Nusa Dua. Créé par Hengky Hartadi et Jeffrey Hall – ce dernier ayant été le chorégraphe de la tournée 2010 du Cirque du Soleil – le spectacle a été mis sur pied en neuf mois avec des artistes et comédiens en provenance de Bali, Solo et Yogyakarta. « Au départ, nous avions fait appel à des acrobates chinois pour tous les numéros de cirque mais nous avons très vite compris que les artistes indonésiens étaient tout aussi bons », explique le Californien Jeffrey Stafford, un directeur de production débauché de Broadway pour l’occasion.

<emb2740|left>Fil rouge du spectacle, deux enfants piochent dans une malle aux trésors et en extraient des objets qui symbolisent les régions vers lesquelles les danseurs et comédiens vont emmener les spectateurs. A tout seigneur tout honneur, Bali ouvre le bal et la fin du tableau, tout en prouesses pyrotechniques, donne d’emblée le ton de cette revue. Nous avons à faire à des pros et ils n’ont pas lésiné sur les effets spéciaux. Une démesure rare
ici, seulement concurrencée par les grands événements nationaux, comme
par exemple la somptueuse cérémonie d’ouverture des SEA Games à Palembang le mois dernier. Du presque jamais vu en Indonésie donc et c’est à Bali que ça se passe ! Il tonne, il pleut, on y nage, on y pagaye, on y vole grâce à de merveilleux acrobates qui évoluent sur des rubans de soie qui tombent d’un ciel scénographique. Soudain, des paillettes descendent comme
au ralenti sur le public, renforçant cette vision incongrue de boule neigeuse alors que de la musique hip hop succède au gamelan du dalang dans le tableau sur Java. Une Ratu Kidul de trois mètres de haut avance avec majesté alors que les danseurs virevoltent. Il y a même des clowns et des danseuses qui viennent dans les rangs du public comme si nous étions au cirque.

<emb2741|right>Seule vraie déception, le dernier tableau, celui de la Papua qui semble un peu laissé pour compte et ne présente pas la même intensité. D’ailleurs, cela commence plutôt mal puisqu’en cherchant dans la malle aux trésors, le petit garçon en retire une koteka avec grand étonnement. « Qu’est-ce que c’est que ça ? » s’exclame-t-il. La petite fille, un peu plus âgée certes, lance avec expertise : « Un étui pénien de Papua ! » Et alors le môme, tenant la « chose » du bout des doigt lâche un grand « bahhhh » de dégoût. Et même si après, les danseurs entament un ballet avec pagne et étui pénien « king size », qui a le mérite de montrer ce qui est généralement flouté à la télévision indonésienne, il y avait là sans doute mieux à faire en terme de bon goût et de respect de la culture papoue… Interrogés à ce sujet, Stephen Lomax et Jeffrey Stafford affirment que le show va encore évoluer tout au long des deux ans de représentation qui sont prévus et certains tableaux pourraient être modifiés ou rallongés. De quoi nous laisser le temps de passer une soirée en famille devant ce spectacle unique à Bali, de nous émerveiller avec les yeux de nos enfants devant ce show grand public sans prétention qui fait écho à notre culture populaire francophone, de la « revue nègre » de Joséphine Baker, en passant par le Cirque du Soleil ou l’académie équestre de Bartabas, jusqu’aux innombrables créations à grand spectacle de Robert Hossein.

Prix des places de 45 à 120 dollars adultes et de 29 à 120 dollars enfants [www.devdanshow.com->www.devdanshow.com]

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