Accueil Portraits

Deux mesures de contemporain, une pincée d’ethnique

Passer une année sabbatique en Asie, tomber amoureuse de Bali et ne plus rêver que d’y vivre. C’est la douce maladie qu’a contractée Claire en 1979. Depuis lors, elle n’a cessé d’y faire des aller-retour avant de s’y installer définitivement en 1995. Une fois remisée sa tenue d’hôtesse de l’air au placard, elle s’est lancée dans le commerce de vêtements avec une amie. « A l’époque, pour passer un coup de fil en France, il fallait se rendre à l’aéroport. Ca ne facilitait pas la tâche mais personne ne se prenait au sérieux, les expatriés n’étaient pas vraiment à Bali pour les affaires, ils cherchaient avant tout à prendre du bon temps, se retrouver, faire la fête. Cependant, nous avons vécu comme un vrai miracle l’arrivée du télex à Kuta en 1983», relève-t-elle, amusée. Son commerce prenant de l’ampleur, Claire crée une société d’import-export à Biarritz : les commandes affluent mais le cash fait défaut. Les ennuis s’amoncèlent, le plaisir de ses débuts s’évapore, elle finit par jeter l’éponge. Elle retrouve donc son costume d’hôtesse de l’air puis endosse celui de commerciale pour une grande maison française de linge de maison. Quelques années plus tard, un voyage à Bali l’envoûte à nouveau, elle solde toutes ses affaires en France et vient s’installer définitivement.

Décorateur chez Marie-Claire Maison à Paris mais aussi photographe-assistant, Ken débarque à la fin des années 90 à Bali avec l’idée de faire quelques reportages photo. Le hasard des rencontres le conduit à prendre des photos pour un petit opus tout en photos sur Bali dont Claire est à l’initiative.
Une fois le projet de livre réalisé, Claire et Ken se lancent dans la production de lampes. Ken s’était rendu compte en prenant des photos que l’éclairage péchait vraiment dans les maisons, tout au plus « quelques 25 watts au plafond ». Claire savait qu’il n’y avait aucun fournisseur digne de ce nom qui avait pignon sur rue.

Deux ans de rôdage ont été nécessaires. Au début, Claire et Ken fabriquaient eux-mêmes leurs abat-jour puis ils ont monté un atelier. Ne se fiant pas aux équipements électriques locaux ni aux contrefaçons, leur priorité a été de trouver et d’importer ces équipements répondant aux normes de sécurité européennes, américaines, japonaises et même australiennes. Dernier point auquel ils se sont attachés, le packing : chaque lampe dans son carton pour éviter la casse, à la plus grande satisfaction de leurs clients.
« Le vrai coup de pouce qui nous a fait décoller, reprend Claire, c’est lorsque nos amis Alain et Thierry ainsi que Veronique nous ont proposé d’exposer nos lampes dans la boutique Susuk, ça a provoqué un immédiat appel d’air ». Un an plus tard, en 2001, Claire et Ken fondaient leur marque Piment Rouge© (en hommage à leurs origines communes du pays basque où l’on cultive le piment d’Espelette) puis ouvraient leur propre magasin en 2003. « Les gens viennent chercher à Bali de l’ethnique mais pas à 100%, expose Ken. Nous avons fini par trouver notre voie en ajoutant des touches ethniques à des lampes très contemporaines en accord avec notre goût français ». Etrangement, dans un pays où la contrefaçon règne en maître, les propriétaires de Piment Rouge dorment sur leurs deux oreilles. « La plupart de nos modèles sont déposés, c’est assez onéreux mais efficace, lance Claire. Nos différends se sont souvent résolus avant de porter l’affaire en justice. Les publications judiciaires pour reconnaissance de copie ont un effet très dissuasif ». Les fabricants en question ne sont pas forcément coupables de contrefaçon, ils exécutent bien souvent la commande de clients peu scrupuleux !

Même si leurs lampes sont parfois achetées en Europe 10 fois plus cher que leur prix de départ, Claire et Ken vendent au monde entier depuis Bali, nul besoin dès lors de s’implanter à l’étranger. « Nous avons démarré notre entreprise de lampes avec tres peu d’argent, nous savons ce que nous devons à Bali. Il y a peu d’endroits au monde qui offrent autant de facilités pour réaliser des échantillons et se lancer dans les affaires. Et puis, nous aimons Bali, l’île est exceptionnelle à bien des égards, concluent-ils en chœur dans leur show-room de 130 m² ».

LAISSER UNE RÉPONSE

Please enter your comment!
Please enter your name here