Accueil Billets Jalan Benesari, Kuta 80361

Des pierres blanches… à Kuta

D’abord vinrent les dinosaures. Puis des tribus de chasseurs à l’âge de pierre et de plus vastes populations d’agriculteurs à l’âge de bronze. L’hindouisme arriva à pied par Java vers la fin du premier millénaire, suivi quelque temps plus tard par Majapahit qui, à la suite de désaccords théologiques avec les nouveaux sultans javanais leur abandonna son empire pour débarquer à Bali avec ses prêtres, ses meubles et ses bouquins.

Durant l’âge d’or des grands navigateurs nous sont rapportés les premiers témoignages d’un paradis terrestre à la culture complexe et unique, sur lequel règne un sympathique monarque avec ses 200 femmes et un chariot tiré par des buffles blancs. En revanche, pas grand-chose à vendre ou à prendre. On les laissa donc tranquilles un petit moment, se contentant d’échanger de l’or et de l’opium contre des mercenaires et des esclaves.
Après que Napoléon eut mis l’Europe sens dessus-dessous, les Anglais regardèrent les Hollandais dans le blanc des yeux, l’air de dire « si t’y vas pas, j’y vais ». Et ces derniers évidemment d’y aller. Pour simplifier les débats avec les régents balinais, ils s’installèrent dans le seul endroit où les étrangers étaient tolérés, en compagnie des corsaires Bugis, des marchands chinois et des exilés balinais, sur la langue de terre de Kuta.

Flairant l’opportunité d’un marché en pleine expansion, un habile négociant danois qui aimait le billard, les dalmatiens et le beau monde leur emboîta le pas. Ca a plutôt l’air de bien marcher pour lui, jusqu’à ce que les Hollandais, fâchés avec les rajas sur la question du droit au pillage d’épaves et du monopole de la vente d’opium, cassent l’ambiance en sortant littéralement l’artillerie lourde pour imposer leur loi une bonne fois pour toute. S’en suivirent les tragiques Puputan qui, s’ils marquèrent la fin du pouvoir des monarques balinais, conforta aussi l’administration coloniale dans l’idée de gérer Bali avec des pincettes.

Et c’est ainsi qu’à l’aube de la 2ème guerre mondiale, intellectuels, artistes et écrivains s’y rendirent par dizaines pour découvrir et faire le récit d’un monde et d’une culture préservés. C’est aussi à cette période qu’un Américain vint pour la première fois surfer une vague à Kuta et ouvrir son Kuta Beach Hotel.

Après la guerre et l’indépendance, tout s’accélère. En 68, l’aéroport devient international, le film « Morning of the Earth » montre à la planète surf les vagues d’Uluwatu, les hippies se passent le mot pour venir se dorer la pilule, ils enchainent les trois K, Kaboul, Katmandou et Kuta. Puis, Century 21 débarque, un Hard Rock Café ouvre ses portes, Eat Pray Love devient best-seller. Les Australiens font leur spring break, les Chinois font du tourisme, les Russes apprennent le surf, on peut voir « The Hobbit » en 3D… Je sais ce que vous allez me dire. Mais c’est aussi ce qui fait qu’aujourd’hui, on a un Zara.

LAISSER UNE RÉPONSE

Please enter your comment!
Please enter your name here