Dès leur entrée dans le bureau je vois que ça ne va pas très fort. Elles sont deux jeunes femmes de 25-30 ans que je fais asseoir devant moi: à ma gauche Julie, cheveux châtains, à ma droite Laure, brunette.
Elles sont arrivées il y a deux jours pour des vacances bien méritées après une dure saison travaillée dans un restaurant de Lacanau.
C’est Laure qui prend la parole: la nuit dernière, elles ont été attaquées en revenant dans leur hôtel de Kuta par deux jeunes en moto. Frappées à coup de casque, sac arraché…mais Laure éclate en sanglots et ne peut continuer le récit. Je lui donne vite un paquet de mini-mouchoirs sorti de mon tiroir.
Julie reprend le fil de l’histoire: portefeuilles, cartes de crédit, passeports volés… Mais elle aussi ne tient pas et les larmes lui montent aux yeux. Nouvelle offrande de ma part d’un paquet de mini-mouchoirs.
Dans l’attente de l’arrêt des flots, je pense aux trois mois d’efforts pour réaliser leur rêve de venir à Bali et j’ai moi aussi le cœur pincé devant cette peine mais tout le monde sait que les garçons ça ne pleure pas (mon œil !).
Elles veulent rentrer en France au plus vite. Je les en dissuade; on fait l’état des lieux et on trouve des solutions: prêt du consul, opposition à la banque, Western Union, aide de la famille etc… Elles me quittent un peu rassérénées par ce plan de reconstruction; Laure m’appelle deux heures plus tard pour m’annoncer avec une esquisse de sourire dans la voix qu’elle a retrouvé les passeports dans la chambre, c’est un bon début.
En 1 dans la panoplie du consul: toujours avoir un stock de mini-mouchoirs.
