Accueil Billets Le billet de Papaya

COMMENT LES INDONESIENS FONT-ILS POUR NOUS SUPPORTER…

…notamment quand on pleurniche sur nos soucis de sous ? Ils nous écoutent, les yeux arrondis, hochant gentiment la tête. Certes, on n’est pas tous des rapiats de la rupiah, parfois on insiste juste un peu dans l’espoir de ne plus être pris pour des vaches à roupies (c’est fichu, leur opinion est déjà faite : les bule sont tous pétés de thune et quand y a plus d’argent, y en a encore). Et quid de nos gaffes du style «600 000 rp aller-retour pour Jakarta?! C’est rien ! » devant des gens qui parfois n’ont jamais quitté leur île ou leur village – même pas en rêve ?

Et puis il faut avouer que, parfois, on se met la rate au court-bouillon pour des détails bien triviaux !

Les Indonésiens se doivent d’apparaitre toujours souriants et d’humeur égale. Je me souviens encore du rire de ce voisin balinais le jour où il m’a annoncé que sa petite-fille avait eu les yeux brûlés en couveuse et était aveugle – est-ce que vraiment leur culture exige cela d’eux ? Pudeur ou pas, ça m’a glacé le sang.

Et comment supportent-ils notre esprit critique, eux qui se forcent depuis leur plus tendre enfance à ravaler tout sentiment négatif et à ne voir que le bon côté des choses, dussent-ils recourir à des raisonnements tirés par les cheveux et qui défient toute logique ? Parfois, ça doit être rageant de nous voir faire aussi peu d’efforts tout en arrivant à conserver nos amis, non ? Et comment s’expliquer que des gens aussi râleurs et indisciplinés que les Français parviennent à gagner encore la Coupe du Monde de football ?!?

Mais les Indonésiens, fleurs bleues et hypersensibles, sont aussi à bonne école avec leurs voisins, ces grandes gueules d’Australiens qui vont toujours droit au but et jurent comme des charretiers !

Alors comment font-ils ? Bien souvent ça leur glisse comme l’eau sur les plumes du canard. Leur système « ça-entre-par-une-oreille-et-ça-ressort-direct-par-l’autre » leur permet de ne pas s’appesantir sur les rancunes. Ici on est considéré comme un loser si on s’enferre dans des « hard feelings » et la vengeance n’est pas un plat qui se mange surgelé.

On dirait presque que l’éruption du Mont Agung a repris juste au début de la haute saison touristique pour tester une fois de plus le cool des locaux… Personnellement, j’ai besoin, tel le volcan, d’une soupape pour laisser s’évacuer mes émotions mais j’admire néanmoins la classe et la grâce des Balinais qui parviennent encore et toujours à garder leur sourire imperturbable !

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