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Climat: Bali dessine l’esquisse d’une avancée

La posture européenne était limpide : le texte qui sortirait de Bali devait être une référence claire aux éléments du rapport du IPCC et par conséquent, devait inclure dans son texte l’objectif de réduire les émissions de dioxyde de carbone entre 25 et 40 % avant 2020. Les USA ont cependant affirmé que le fait d’introduire ces chiffres dans la feuille de route de Bali prédéterminerait les négociations des prochaines années. Ils ont donc refusé de l’inclure. Malgré le manque de temps, la délégation américaine n’a pas bougé d’un millimètre. Elle a exigé que les pays pauvres assument aussi un engagement clair concernant leurs émissions. C’est à ce moment là que l’Europe s’est levée et a tapé du poing sur la table : l’Union européenne ne se rendrait pas à la réunion des pays les plus pollueurs l’année prochaine à Washington si des avancées significatives n’étaient pas réalisées à Bali.

Les pays en voie de développement, regroupés en G77 plus la Chine, ne sont pas non plus restés muets : ils ont dénoncé le fait qu’ils avaient subi des menaces de sanctions commerciales s’ils n’acceptaient pas de réduire ces émissions (qui, lors de ces dernières années, ont explosé dans des pays comme la Chine, l’Inde, le Mexique ou le Brésil). Ils ont maintenu fermement leur position de ne pas s’engager à réduire les émissions si on les empêchait de se développer et de sortir leur pays de la misère. Le dernier jour de la conférence, Munir Akram, ambassadeur du Pakistan à l’ONU et président du G77 a déclaré : « les pays industrialisés ont eu deux cents ans pour suivre un processus de développement économique avec une utilisation intensive de dioxyde de carbone. Quand vient enfin notre tour, ceux-ci nous annoncent que nous ne pouvons le faire ». Munir Akram a ensuite prôné pour ces pays des objectifs de réduction d’émissions de gaz qui soient « volontaires, nationaux et dans un contexte de développement soutenu ». Le vendredi soir, la conférence commençait à toucher à sa fin. Le groupe, réduit à quarante ministres, a alors convoqué le président de la conférence, le ministre indonésien de l’environnement Rahmat Witoelar. Aucun accord n’avait encore permis d’arriver à un texte commun. Le président indonésien décida alors de prolonger d’une journée la conférence. La tension était palpable.

Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, revint de son voyage au Timor pour demander aux participants de la conférence de se mettre d’accord « pour le bien de l’Humanité » et le président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono, fit un discours et en appela au sentiment de responsabilité pour dépasser les différences. Depuis plusieurs jours déjà, les médias installés sur place dénonçaient l’égoïsme de la position figée des Américains. Les USA n’ont donc pas eu d’autre choix que de céder. L’Union européenne a accepté une légère baisse de ses prétentions : la référence aux objectifs du 25 /40 marqués pour le IPCC n’apparaissent plus que dans une note de bas de page. Les pays en voie de développement, pour leur part, durent aussi être flexibles et accepter de s’engager à mettre en place des moyens de baisser leurs niveaux de dioxyde de carbone de manière contrôlée et vérifiée.

La conférence de Bali n’a pas donné le résultat fort que tout le monde souhaitait mais cela n’a pas non plus été un échec comme d’autres le craignaient. En fait, on a pu voir un rapprochement de positions très différentes et le recul de l’administration américaine qui avait jusqu’à maintenant toujours refuser d’amorcer tout compromis. Toutefois, la feuille de route n’est pas un accord final, elle n’est que le calendrier de louables déclarations d’intention. Ambitieuses certes, mais qu’il faudra porter à nouveau jusqu’en 2009 pour atteindre enfin cet accord qui servira à sauver la planète de nous-mêmes.

Ana Cardenes

Traduction Mary Gavira

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