L’Indonésie sur le podium des pays les plus clientélistes
Il y a quelques semaines, un membre du Parlement -Bowo Sidik- était accusé par le KPK, l’instance chargée de combattre la corruption, d’avoir prémédité une large campagne d’achats de votes. 400 000 enveloppes contenant de l’argent liquide ont été saisies en sa possession. Quelques jours plus tard, c’est « Perludem » (Association pour les élections et la démocratie) qui indiquait qu’un certain nombre de comptes en banque avaient été crédités de petites sommes par un donateur non identifié. Ces stratégies clientélistes sont le fruit d’une longue tradition de corruption, arrivée à son apogée en 2014, lorsque le pays constate avec effroi qu’il est la troisième démocratie au monde avec un taux de clientélisme aussi élevé. En 2018, Burhanuddin Muhtadi, professeur à l’Université Islam Negeri à Jakarta réalise sa thèse sur les pratiques d’achats de vote en Indonésie. Les résultats de son étude, menée sur près de 800 000 résidents de 2006 à 2016, démontre un taux de corruption extrêmement élevé. En 2014 par exemple, près d’un tiers des votants aurait touché de l’argent ou un bien quelconque contre une promesse de vote. Cette tradition remonterait selon Burhanuddin aux élections de 1955 remportées par le PNI de Soekarno. Elle n’aurait eu de cesse de se développer par la suite pour atteindre des sommets en 2009 avec l’entrée en lice de nouveaux partis dans l’arène politique. Si le nombre de personnes corrompues est énorme, l’impact est en revanche à minimiser puisque seulement 11 % des votants appliquent l’indication de vote. 22 % des votants prennent donc l’argent et suivent leurs idées !
Exhibition de prisonniers à Renon, Denpasar
Dimanche 31 mars, le calme entourant les badauds et les familles venus profiter du Car-Free Day (journée sans voiture) à Renon est soudainement déchiré par une sirène de police. Quelques instants plus tard, 20 détenus en tenues orange se retrouvent menottés et au centre des attentions. Des policiers armés escortent le cortège jusque devant la statue de « Padarakan Rumeska Gardapati », érigée il y a quelques mois en l’honneur de la lutte contre la drogue. Après la stupeur et les questionnements, les gens se rapprochent tout en sortant leur téléphone pour filmer. Petite déception, il ne s’agit que d’une conférence de presse en plein air. Ce n’est pas la première du genre, organisée dans un lieu public très prisé des Balinais le dimanche. La volonté de la police est claire : « nous voulons leur donner une punition sociale, différente de la sanction criminelle. Nous voulons qu’ils aient honte et qu’ils se repentent », a ainsi déclaré Ruddi, le chef de la police, devant la foule observant les prisonniers. Cette mesure avait été fortement critiquée par des ONG lors des précédentes « parades », cette fois encore, elle a soulevé de vives contestations. Novian Hariawan, membre de l’association balinaise des victimes de la drogue (IKON BALI) a déclaré en ce sens : « pour moi, c’est une violation formelle de leur droits ».
Les macaques d’Uluwatu au coeur d’une étude scientifique
Jean-Baptiste Leca, professeur de psychologie à l’université de Lethbridge (Canada) s’apprête à conduire une étude psychologique sur des singes balinais. Mais pas n’importe lesquels. En effet, l’étude devrait être menée sur les macaques à longue-queue présents dans le sud de l’île, et en particulier, au temple d’Uluwatu. Ces derniers ont démontré plusieurs fois par le passé qu’ils étaient capable de se rendre-compte de la valeur des objets. En dépouillant les touristes de leurs lunettes, portables, appareils photos, nos cousins simiesques ont compris que plus la valeur de l’objet était importante, plus l’échange valait gros. Oui, il s’agit bien de troc ! En dérobant un portefeuille, les macaques obtiennent en échange plus de nourriture que s’il s’en prennent à une bouteille d’eau ou à une banane. Voilà le point de départ de l’étude que s’apprête à réaliser Jean-Baptiste Leca : « maintenant, nous nous demandons ce que les singes feraient si l’on changeait un peu les règles et introduisait quelques niveaux d’incertitude dans la récompense lors de l’échange ». Autrement dit, sont-ils capable de parier ? L’objectif du chercheur canadien est de déterminer s’il existe chez les macaques qui peuplent Uluwatu les même biais cognitifs qu’il existe chez l’homme lorsqu’il parie. Pour ce faire, des « paris » seront proposés aux singes dont une réplique modifiée d’une machine à sous. Monnaie de singe ? Nous vous tiendrons au courant dans une future édition.
Un chien balinais sur la scène internationale
Le 20 février dernier, les chiens de Kintamani ont été officiellement reconnus par la Fédération Cynologique Internationale (FCI), équivalent de l’organisation canine mondiale. C’est la première fois qu’une race indonésienne accède à cette reconnaissance. Cela pourrait permettre à ces chiens, issus du nord de l’île, de participer aux divers concours internationaux. Le gouverneur de Bali, Wayan Koster, s’est vu remettre samedi l’attestation officielle de reconnaissance internationale des mains de Benny Kwok Wie Sioe, président du club canin indonésien. Il s’est félicité de cet accomplissement et s’est dit « fier de cette reconnaissance internationale » avant d’ajouter : « nous avons une nature unique et formidable, nos plantes et nos animaux doivent être protégés si nous voulons préserver cet écosystème. » Reconnu pour son intelligence et sa fidélité sans failles, la race des Kintamani pourrait voir sa valeur économique s’envoler. Benny précise dans ce sens que le chien, vendu aujourd’hui pour une quinzaine de dollars, pourrait prochainement atteindre un prix de vente autour des 300 dollars.
Élections présidentielles 2019 : des réductions pour les votants.
Le mercredi 17 avril 2019, près de 154 Millions d’Indonésiens se sont rendus devant les urnes pour départager le président sortant Joko « Jokowi » Widodo et son opposant Prabowo Subianto. C’est 7 % de plus que lors des élections de 2014. Cette tendance pourrait être due à un phénomène économique: lors des élections d’avril dernier, chaque votant pouvait jouir d’un nombre important de réductions dans les cafés, magasins et restaurants du pays en présentant son doigt violet (marque du vote en Indonésie). Dans les magasins Krispy Kreme par exemple, tous les votants pouvaient repartir avec 12 beignets pour le prix de 6. Cette « tradition » est née en 2014 lors des élections législatives et n’a cessé de croître jusqu’à atteindre son paroxysme le mois dernier. Car ce qui pouvait être alors perçu comme une offre commerçante s’est rapidement transformé aux yeux du politique en machine à participation. C’est pourquoi cette année, la campagne de réduction fut pilotée principalement par le ministère des Communications et de l’Information (Kominfo). Si les effets de cette campagne incitative ne pourront jamais dévoiler son impact réel, une chose néanmoins est sure : pour un Jokowi acheté, un offert.