Accueil Billets Jalan Benesari, Kuta 80361

Classe de mer… à Kuta

Du temps où les enfants s’appelaient encore Mathieu, Alexandre ou Nicolas, les vacances, c’était cours de voile pour tout le monde à Quiberon ou à Arcachon. Mais pour les petits Louis, Hector et autres Kevin d’aujourd’hui, maintenant, l’été, c’est dans les Landes ou à Bali et sur une planche de surf. Parents, comme vous avez raison. Découvrir le surf, c’est s’initier à bien plus qu’un simple sport de glisse… A la géographie par exemple, quand, en débarquant sur la plage le prof vocifère : « Merde, mais c’est la Chine ici ! » Par cette analogie, couramment utilisée chez les surfeurs pour signaler qu’il y a du monde à l’eau, chinois ou pas, il élargit notre horizon et nous rappelle qu’en Chine, il y a vraiment du monde. Il peut aussi nous inviter à la réflexion sur des questions philosophiques diverses tel que l’existentialisme quand, contrarié par la promiscuité des autres écoles, il marmonne : « Font chier quand même ces Russes ! » Est-ce cela que Jean-Paul Sartre voulait signifier par « l’enfer, c’est les autres » ? Ou encore sur l’optimisme, quand en pointant son doigt vers une muraille d’eau qui s’élève, s’élève, s’élève… puis fracasse une dizaine d’élèves qui n’auront pas eu le temps de souffrir, il lâche un laconique : « R’ade, y a des bouts ! C’est pas mal ! »
En surf, on découvre aussi les langues étrangères. Outrepasser les quelques règles de base que nul n’est censé ignorer, pas même les débutants, devrait permettre d’approfondir son vocabulaire dans différents jargons et dialectes, et principalement dans le registre des liens maternels et du tabou de l’inceste. Ce qui conduit aussi à s’interroger sur une vieille controverse de la psychanalyse : l’hystérie est-elle exclusivement féminine ? Ou peut-être serait-ce la même part de féminité qui pousse le surfeur à tant de coquetterie avec ses tatouages, ses colliers et ses bracelets qui le rendent tellement émotif quand on touche à sa vague ? Ou bien sûr, dans certain cas, serait-il tout simplement un gros con ? Cela nous amène aux considérations politique et sociale du surf avec le localisme. Comme ses proches cousins le nationalisme et le communautarisme, il s’agit de rejeter l’autre. Dans le cas présent, en prônant la préférence régionale pour l’accès et la priorité aux vagues. Si, si, ça existe.
Il doit sûrement exister une chanson quelque part qui dit que le surf est une métaphore de la vie. Et c’est vrai que les vagues appartiennent souvent à ceux qui se lèvent tôt, que ceux qui rament le plus sont en général ceux qui prennent le plus de vagues, que ces derniers en prendront toujours moins que ceux qui par chance ou par talent seront au bon endroit au bon moment, et qu’il y en aura toujours pour être du côté obscur. Comme Keanu Reeves se l’entendait dire dans Point Break : le surf, c’est la source !

LAISSER UNE RÉPONSE

Please enter your comment!
Please enter your name here