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LE CHIENCHIEN A SA MEMERE

En ce mois de février, nous ne passerons pas du coq à l’âne. Même s’il pleut comme vache qui pisse et que le bourdon nous guette, prenons le taureau par les cornes et entrons avec optimisme dans l’année du Chien. Comme le bonheur, c’est d’avoir une bonne santé et une mauvaise mémoire, oublions cafard et morosité volcanique et projetons-nous avec une faim de loup vers un futur radieux. Versons une ultime larme de crocodile pour Tusu, la Sicilia ou the Party Clandestino, dernières victimes de la furie des Dieux. Mais soyons lucides et, sans noyer le poisson, ces lieux ne cassaient pas trois pattes à un canard.

La night, c’est la loi de la jungle. Et pendant que certains clubs tombent comme des mouches, d’autres rugissent de plaisir. Alors que les patrons successifs de Red Ruby (ex-Mint, ex-The Electric) devenaient chèvre à force de changer (en vain) le concept – on les suspectait même d’avoir des dons de magnétisme tellement ils attiraient les emmerdes – les voici fiers comme des paons devant leur succès aussi tardif qu’inattendu, alors que la situation commençait à sentir le moisi. Petite parenthèse à ce sujet : si les cochons sont les plus forts pour trouver les truffes, ceux qui trouvent les meilleurs coins à champignons, ça reste quand-même les gynécologues. D’ailleurs, quand je vois les chiens se saluer, je me dis qu’en chacun d’eux, il y a un proctologue qui sommeille…

Mais revenons à nos moutons ! Serrés comme des sardines entre poules de luxe et chauds lapins sur le dance floor de Red Ruby, je décide de filer comme un lièvre pour aller visiter « ze new place to be » : Aya Street, reconnaissable au lama sur son logo et qui se situe sur le trottoir d’en face. Juré, craché, je n’ai jamais vu autant de tailles de guêpe, yeux de biches et cous de cygnes au mètre carré se regardant en chiens de faïence ! Je me sens comme le loup dans la bergerie. Une bécasse sur le retour, un brin panthère et tellement refaite qu’à sa mort, elle pourrait léguer son corps à la science-fiction, accoste un ours mal léché, dindon de la farce. Sous prétexte de chercher le Prince Charmant, elle a décidé de se taper tout le royaume. Malheureusement, elle tombe sur un os. Malin comme un singe, notre pigeon, un brin poule mouillée lui pose un lapin et rentre dormir comme un loir.

Comme j’ai d’autres chats à fouetter, je choisis de changer de crèmerie. Direction Envy. A peine entré dans la vaste salle, je roule des yeux de merlan frit. La déco a du chien et les projections en mapping sur les murs et les plafonds me clouent le bec ! Il n’y a pas encore un chat, mais je reste immobile, à profiter du spectacle, muet comme une carpe. La fameuse « carpe diem » dirait-on en franco-indonésien ! Mais comme dit le proverbe chinois : « Les grandes âmes ont de la volonté, les faibles n’ont que des souhaits. » Avec l’avènement d’établissements plus petits comme Escobar, 40 Thieves, Mal.Funk.Tion ou Black Shores, à Canggu et ailleurs, la night de Bali se réinvente et rajeunit. Accompagnons-la et faisons en sorte que cette nouvelle année lunaire ne nous réserve pas une vie de chien !

Didier Chekroun

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