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Bonita, cet homme d’affaires

Qu’on se le dise tout de suite, Bonita a une hygiène de vie irréprochable qui s’accorde mal avec le monde de la nuit.
« En fait, je n’aime pas les bars et les discothèques», explique cet Indonésien de 35 ans, d’origine Bugis. «J’ai un régime sain et équilibré, je ne bois pas, je ne fume pas», précise-t-il encore en remuant la tête avec conviction. Non, contrairement aux apparences, Bonita n’est pas une créature de la nuit. 4 à 5 heures de sommeil lui suffisent et, le reste du temps, Bonita travaille dur et applique les rigoureux principes appris pendant plusieurs années passées en Allemagne.

Issu d’une famille aisée, ses parents possèdent une des plus grosses fabriques de jeans de Jakarta, Bonita ne se voyait pourtant pas prendre la relève. C’est pourquoi il a choisi de faire des études dans l’hôtellerie et, après avoir décroché son diplôme, il s’est envolé pour Brême afin d’apprendre l’allemand. Après avoir rencontré son futur époux, un magistrat de Hambourg, Bonita passera encore cinq ans dans le froid du nord de l’Europe, travaillant au service marketing de Philip Morris. En 2001, de retour au pays avec un petit pécule, la carrière du futur entrepreneur qu’il rêve de devenir va passer par la case Jakarta, dans le vêtement et sur les traces de sa famille. «J’ai créé des collections, surtout pour femmes, je les dessinais moi-même. Très vite, ça été le succès et je me suis retrouvé avec trois boutiques à Jakarta et sept à Célèbes», se souvient Bonita. C’est comme ça qu’il fait la connaissance de toutes les célébrités de la capitale.

Mais Jakarta n’est pas l’endroit idéal pour vivre son homosexualité. Surtout après la liberté que Bonita a connue en Allemagne. L’idée de venir à Bali se fait donc jour. En 2004, il revend ses affaires de Jakarta et ouvre Warung Bonita à Petitenget. C’est en fait un restaurant, qui sera très vite connu pour son charme et sa carte et deviendra le point de départ de sa conquête de Bali. «C’est le premier restaurant gay de Bali et promu comme tel», explique Bonita qui avait dans la tête d’exploiter son carnet d’adresse de stars et son profil hors du commun dans un secteur plus proche de ses études. En 2005, attenant à Warung Bonita, il ouvre Bonita Spa, pour sa clientèle homosexuelle. En 2007, il démarre le Warung Sulawesi, toujours à Petitenget, cette fois un vrai warung, qui fait sa réputation en un tournemain auprès d’une clientèle qui vient surtout le midi.

Contre toute attente, il se lance dans l’immobilier en 2007 en démarrant Bonita Bali. «J’ai entendu tellement d’histoires de mes amis de Jakarta qui avaient des problèmes en achetant des terrains ici. Je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire», commente-t-il. Ce quelque chose à faire, c’est tout simplement enquêter sur les terrains à vendre et garantir qu’ils sont sans vice caché, aidé en cela par des notaires et des avocats. Bonita bat donc la campagne à la recherche d’ares et d’hectares à vendre à Bali et Lombok, se métamorphosant ainsi en «land investigator» comme il aime à le répéter. 15% des affaires qu’il propose sont des exclusivités. Encore une fois, le succès vient de la capitale. La majorité de ses acheteurs sont de Jakarta. Et beaucoup d’autres sont aussi des amis, encore et toujours ce fameux réseau de connaissances…

Aujourd’hui, les entreprises de Bonita Kramer emploient 62 personnes. «Pour travailler pour moi, il n’est pas nécessaire d’être gay, explique-t-il, ce qui compte c’est d’avoir un bon caractère». La recette du succès? «Je n’ai jamais cherché à faire des trucs élitistes ou branchés, je veux simplement que les gens se sentent bien», répond Bonita. Reprendre le management du paisible Nirwana pouvait donc sembler un pari impossible. Faire venir les gens dans ce bar du bout de la Dhyana Pura et les faire franchir la barricade de lady boys prostitués qui en barraient l’accès a exigé des mesures radicales. «Je voudrais changer l’image de cette rue. Pour cela, j’ai tenté de réunir les différents patrons d’établissements mais c’est difficile. Jalousie et rivalité sont plus fortes que la raison», assure Bonita. Si le succès est là, il a un prix et Bonita s’interroge. D’autant que d’autres projets murissent. Un spa luxueux «mais à petits prix» vers Canggu, une école pour les enfants déshérités de Tabanan… Bonita ne s’endort pas sur ses lauriers et continue d’appliquer sa devise: «confiance, travail et réseau» ou la clé de sa réussite.

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