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Bien acheter pour ne pas y laisser des plumes

Pour moi – pour vous, je ne sais pas mais je me doute – le mois d’août n’est pas particulièrement propice à la productivité, au travail, à la concentration, au sérieux, à la diligence. Pour tout vous dire, juillet non plus. C’est probablement ancré dans notre identité nationale. Que l’on travaille ou pas, que l’on soit aoûtien, juilletiste ou septembriste (‘sont assez moches ces mots là d’ailleurs non ?) en juillet et août c’est pelan-pelan, le matin, et lambat-lambat, l’après-midi. Alors, après août 2013 sur les fruits défendus, août 2014 sur les vacances à Bali, je me trouvais fort dépourvue à l’approche de la fatidique date de bouclage d’août 2015.

Lasse et somnolente, levant mollement les yeux vers notre penjor de Galungan, je remarquais une flopée de moineaux en train de bécoter avec ravissement les brins (qui s’appellent en vrai des panicules… oui, oui, je sais, ça rime avec canicule) de riz ornant ce fier symbole de l’hindouisme balinais. Belle ironie, 49 semaines par an, on les empêche à grand renfort d’épouvantails sonores et de filets d’accéder à la si convoitée poacée, et puis tous les 210 jours, on leur en offre en haut d’une tige, à l’abri des chats, chiens, serpents et varans moniteurs. C’est peut-être pour cette raison qu’ils sont devenus religieux et qu’en indonésien, un moineau c’est un burung (oiseau) gereja (église)…

Voilà, le vent était revenu dans mes ailes et c’est ainsi que je pondis mon article du mois. Ploc. Non, je ne vais pas reparler de « l’étourneau de Rotschild » (Bali Myna ou Jalak Bali) endémique et revenu de justesse de l’extinction, nous l’avons déjà fait (cf. La Gazette de Bali n° 38 – juillet 2008 et n°75 – août 2011). Nous allons prendre un peu de hauteur, comme l’oiseau, et nous laisser bercer par les chants, cris, trilles, babillages, braillements, jabotages, ramages, piaulements, pépiements, gazouillis, roucoulades, margotages et chatouiller ou émerveiller par les plumages.

Nom d’oiseaux

Avant d’aller au Pasar Burung de Denpasar acheter des oiseaux pour (cela va sans dire mais ça va mieux en le disant) les relâcher dans la nature et surtout pas pour les mettre en prison chez vous puisqu’à Bali on a la chance de voir et d’entendre des oiseaux toute la journée pour peu qu’on ait un tiers d’arbre ou un demi buisson dans l’arrière-cour – j’ai même des colibris qui viennent butiner une sorte de plante grimpante à fleurs rouges derrière ma cuisine – apprenons quelques noms d’oiseaux, pas des insultes comme en français, mais littéralement les noms que les Indonésiens donnent aux oiseaux, faisant à nouveau preuve d’une gracieuse créativité poétique. Et si ça vous ennuie, au lieu de bailler aux corneilles, sautez donc ce paragraphe pour aller directement à celui intitulé « s’envoyer en l’air ».

garuda / rajawali (symbole national, aigle)
burung hantu (oiseau + fantôme = hibou)
burung unta (oiseau + chameau = autruche)
burung gereja (oiseau + église = moineau)
burung layang layang (oiseau + cerf-volant = hirondelle)
bersenandung-burung (oiseau qui bourdonne = colibri)
burung malam
(oiseau + nuit = rossignol)
Le triste et célèbre « bird market » de Denpasar, Jl. Veteran, « pasar burung » vend toute sorte d’oiseaux, mais aussi chiens (le vôtre parfois), chats, reptiles, singes et tout ce qui peut de près ou de loin être considéré comme animal de compagnie. Pour les oiseaux, de 35 000rp (les burung kaca mata  : oiseaux à lunettes, parce qu’ils ont des petits ronds blancs autour des yeux), 250 000rp le kenari,
450 000rp le love bird à 8 000 000rp le… jalak bali, si, si, le même qu’au paragraphe précédent, tout aussi protégé et en voie d’extinction… mais néanmoins en vente libre au marché. Mais que fait la police ? Et le WWF ?

A noter aussi quelques superstitions ou croyances indonésiennes intéressantes impliquant des piafs. Dans l’ordre chronologique, celle autour du manuk sikatan : en javanais, manuk (oiseau) sikatan (balayage) ainsi nommé probablement par analogie avec la forme des plumes de sa queue lorsqu’il les déploie. Si une femme enceinte en mange (en sate) pendant sa grossesse – mais attention il est interdit d’en croquer les os – son enfant à naitre sera « rapide » (vitesse d’élocution, de déplacement, de compréhension).
Le gagak (corbeau), quant à lui, est comme ailleurs un oiseau de mauvais augure, puisque qu’il est dit qu’un décès surviendra sous peu dans la famille habitant la maison sur le toit duquel il se pose…

A défaut d’en acheter pour les relâcher (je répète, mais c’est pour être sure), on peut aussi aller les voir en liberté surveillée au Bali Bird and Reptil Park (Parc des oiseaux et des reptiles, [www.bali-bird-park.com->www.bali-bird-park.com], Jl. Serma Cok Ngurah Gambir, Singapadu, Batubulan, tél. 0361 299 352), un joli jardin tropical avec plus de 1000 oiseaux de 250 espèces différentes, dont certains que l’on peut toucher, porter et voir en spectacle. Dans la partie « reptiles », on peut devenir pote avec des varans moniteurs (biawak) et des iguanes.

Débrouillez-vous pour avoir le prix « domestik» (en montrant un kitas, une carte consulaire, une carte scolaire, en y allant avec des copains indonésiens et en leur faisant acheter les billets, 120 000 / 60 000rp, adultes / enfants) parce que sinon c’est 3 fois plus cher, trop cher pour la taille du parc, et assez énervant… 30$ pour les adultes et 15$ pour les enfants (2 à 12 ans). Enervant parce qu’ils fonctionnent, comme beaucoup d’autres, avec le pénible système des commissions où le parc garde uniquement le prix de base (le prix local) et verse la différence aux chauffeurs de taxi, « guides », concierges d’hôtels, managers de villas ou chauffeurs tout court qui gagnent ainsi sans rien faire et sans vous le dire des sommes d’argent assez conséquentes. Ah, cette culture du maquereautage !

S’envoyer en l’air

C’est le bon moment me semble-t-il pour signaler à ceux ou celles d’entre nous qui l’ignoreraient encore, que le mot burung désigne certes les animaux à plumes, bec et os creux, les volatiles, les oiseaux mais aussi une partie de l’anatomie masculine, sans plumes, ni bec, ni os… sauf s’il s’agit du burung d’un gorille. Etrangement chez les Anglais « a bird », c’est un mot familier pour dire « une demoiselle ». Et si la demoiselle veut jouer les filles de l’air pourquoi ne pas le faire en hélicoptère !

Air Bali (cf. La Gazette de Bali n°52 – septembre 2009), propose justement de vous emmener à Gili (6 personnes – mais 437 kg max, 3580$), Nusa Lembogan (6 personnes, max 457 kg, 1380$), d’admirer le coucher de soleil comme vous ne l’avez jamais fait  (45 minutes, 465$ par personne), de voir Bali tel Garuda (le symbole national lui-même) survolant son domaine (Tour « Best of Bali », 1 heure, 595$, on notera que c’est toujours moins cher qu’un étourneau de Rothschild de contrebande…). Pour l’offre complète et les réservations, on écrit à Susan : [[email protected]>[email protected]]. Benoa Heliport Complex, Jl. Raya Pelabuhan, Benoa, Pesanggaran. Tél. 087 726 342 657, (0361) 767 466. [www.airbali.com->www.airbali.com].

Plus raisonnable en terme de budget, mais plus fatigant aussi, on peut survoler la mer en para-voile ou parachute ascensionnel (parasailing en anglais, ça sonne moins bizarre que para-voile, non ?) avec par exemple Bali Water Sport : [http://www.bali-day-trip.com/bali-water-sport.html->http://www.bali-day-trip.com/bali-water-sport.html]. Il faut absolument réserver par courriel ([[email protected]>[email protected]]), ou par téléphone (081 239 568 28) ou en utilisant le formulaire du site Internet parce que la faisabilité de la chose dépend du vent et de la marée… en plus, ça vous donnera l’occasion de négocier un peu le prix, sachant que le prix « public » est de 125 000rp par personne, pas de quoi casser 3 pattes à un canard, donc.

Un peu moins haut que l’hélico et le para-voile, le Bali Tree Top Adventure Park est bien haut perché quand même dans le palmarès des activités et attractions locales. En réservant à l’avance (pour la réduction et pour être sûrs de ne pas faire le trajet pour rien), 2h30 de batifolage sportif dans les arbres, pour voir la forêt comme un oiseau et descendre en volant… à l’aide d’une tyrolienne (rubah terbang, de l’anglais flying fox), vous coûteront 22$ par adulte et 14$ par enfant (moins de 12 ans). A partir de 110 cm (la taille des enfants, pas des arbres) et avec équipements et standards de sécurité européens. Il faudra payer en plus l’entrée du jardin botanique de Candi Kuning (voiture + passagers) dans lequel se trouve cette installation « accro-branche ». Pensez bien à prendre un pull et un pique-nique (les restaurants ne sont pas dans ce secteur).

Ils proposent aussi de venir vous chercher et de vous reconduire, de vous faire visiter un temple (Ulun Danu Bratan), les chutes d’eau de Munduk, de déjeuner au bord du lac, évidement de faire les circuits d’accro-branche, le forfait journée est plus ou moins à la carte, le premier prix est de 64$ par adulte, mais tout est expliqué sur le site : www.balitreetop.com. Tél. (0361) 934 00 09.

Pour se remplumer sans se faire plumer

Si votre truc à vous, c’est les trucs en plume (comme Zizi Jeanmaire, qui dans les années 60 faisait preuve d’une jolie intuition linguistique comme nous l’avons vu au paragraphe précèdent) plutôt que regarder des animaux à plumes, je conseille l’acquisition d’un plumeau : 18 000rp (au marché), ils sont assez décoratifs (et tant que tout le monde – ou presque – continuera de se gaver de poulet matin midi et soir, l’offre de plumes pas chères n’est pas prête de se tarir à Bali).

Vous pouvez aussi vous rendre au centre régional de la NASA… 493 Jl. Raya Legian, en face de la banque Mandiri, tél. (0361) 765 752. Bon ok, c’est pas vraiment vraiment la National American Space Agency, mais une petite boutique d’artisanat, tenue par le fort affable monsieur Sofyan qui s’est lancé depuis peu (avant c’était plutôt perles, nacre, noix de coco) dans les trucs en plume justement…

Certes, ce n’est pas arrivé d’un coup à Kuta, il y a 20 ans, il y en avait déjà partout, mais on note depuis quelques mois une résurgence des topi indian (oui, oui des coiffes d’Indiens, ahhhhh les fameux Indiens de Bali…) et des dream catchers (penangkal mimpi buruk : antidote à cauchemars, de véritables attrape-rêves amérindiens made in Bali) à partir de 20 000rp pour les petits en nylon (pas chez Sofyan, mais dans tous les magasins de souvenirs, bracelets etc. en allant vers la double six), à 350 000rp pour les grands attrape-rêves en coton tissé (chez Sofyan). Pour les topi indian en plume de poulet hein, pas d’aigle, on en trouve des pas terribles à partir de 100 000rp, mais à la Nasa, pardon dans le magasin Nasa, autour de 250 000rp pour les tailles enfants, et à partir de 350 000 pour les modèles adultes.

Que vous ayez un appétit d’oiseau ou un estomac d’autruche, que vous soyez gais comme des pinsons, fiers comme des paons, bavards comme des pies ou soûls comme des grives, vous avez maintenant de quoi ne pas être les dindons de la farce, ne pas être pris pour des pigeons, et voler de vos propres ailes. Bel été à tous et gare à ne pas faire comme Icare !

*« Ça vit d’air pur et d’eau fraîche, un oiseau. D’un peu de chasse et de pêche, un oiseau. Mais jamais rien ne l’empêche, l’oiseau, d’aller plus haut. » C’est pas moi qui le dis, c’est Michel Fugain, alors !

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