Accueil Billets Le billet de Didier Chekroun

Back in the USSR

Après l’immigration de milliers de paysans australiens – les Indiana Jones de la Bintang fuyant les crocodiles et l’ennui-, puis l’arrivée en masse de boat people franchouillards, (jeunes cadres dynamiques, terrorisés par les violences fiscales dans leur pays) ou encore l’invasion de Chinois en crocs (grouillant dans les toko oleh-oleh bon marché) voici le débarquement de la grande armée russe : affluant par volées de Tupolevs, traumatisés par les goulags et l’hiver sibérien. Plus de guerre froide, les voici bien au chaud !

Bienvenue à Seminyak-sur-Volga ou Canggu-en-Oural ! Car sortir en ce moment à Bali, c’est “Ketut au Pays des Soviets”et non l’inverse. Certes, après les évènements en Crimée, la crainte d’une annexion de l’île est dans tous les esprits (tordus), mais avouons que pour un nyctalope, ces derniers temps, il est bon d’avoir des amis moscovites. Car s’ils ont célébré comme nous le passage à 2020, le 7 Janvier ils ont fêté leur Noël et le 13, leur ancien nouvel An. Quel rythme ! A Bali, les établissements se sont vite mis à la page face au diktats de cette clientèle exigeante.  Alors que Lost City organise des Russian nights, au très select Métis, on danse pour le Noël russe sur fond d’images de la cathédrale Saint-Basile.

Pour le réveillon, Ibiza in Bali y a même été de sa salade russe, avec projection sur écran géant, du discours de voeux du président Poutine ! Quant à Jungle, le club est passé sous management bolchevik et n’engage plus que des camarades DJs du Parti, originaires de contrées qu’on ne peut connaître que si l’on a joué à Risk dans sa jeunesse. Pas de Lada garées sur le parking, mais à l’intérieur on y sert des Moscow mules à des ânes de la Taïga, froids comme des glaçons. Ici la glasnost se sert avec de la vodka. Le choc culturel est violent quand le peuple le plus ronchon du monde arrive au royaume du sourire. Leur anglais n’est pas très orthodoxe et ils se prennent pour des Tsars.

Mais que peut-on espérer d’un pays où le plus grand intellectuel s’appelait Gogol et l’oeuvre lyrique majeure ”Casse-noisette” ? Lors d’une typique party russe, le comptoir du bar est désert car, en bon champions de l’Art de se faire inviter, ils ne dépensent rien, à part quelques seigneurs de guerre tchétchènes, assis à des tables entourés de pin-up et de bonnes bouteilles, afin de rincer les apparatchiks. Côté fête, par contre, c’est le Ballet du Bolchoï. Car danser, ça, ils savent faire ! Un dance floor russe, c’est avant tout esthétique : du caviar pour les yeux! Il faut dire que (jeune), ce peuple est doté d’une beauté physique presque insolente ! Quel manque de bol de naître laid dans la toundra ! Mais comme il y a toujours une justice, Dieu les a pourvus d’un talent infaillible pour l’enlaidissement : chirurgie esthétique à outrance, mauvais goût vestimentaire dépassant l’entendement et surtout ces horribles sacoches qu’ils portent obligatoirement, aussi bien sur une robe de soirée que sur un jogging.

Même s’ils font la gueule, ils ont toujours la banane ! Mais une bonne blague caucasienne à 3 roubles bien cocasse et la glace est brisée. Enfin, ça fait un peu sourire ces dames. C’est déjà un début. Une petite Pérestroïka s’imposerait tout de même chez nos nouveaux amis venus des steppes. Rien de révolutionnaire, mais un peu moins de matérialisme (ce cher Vladimir Ilitch doit se retourner dans sa tombe) et un peu plus d’ouverture au monde et le tour serait joué!

Il y a tout de même mieux à embrasser que la pensée de leur vénéré président : ”Plus je connais les gens, plus j’aime les chiens.”

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