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AVANI ECO : DES SACS EN BIOPLASTIQUE COMPOSTABLE

Vous avez sans doute vu sur Facebook la vidéo d’un jeune homme se préparant une tisane à partir d’un sac plastique en manioc. Cette technologie de « bio-plastique » est l’œuvre d’Avani Eco, une start-up indonésienne basée à Bali. Bien que seul l’avenir nous assurera que cette nouvelle technologie ne présente pas d’effets secondaires indésirables, elle est aujourd’hui promue comme une alternative compostable, biodégradable et recyclable aux sacs plastiques. Ce qui ressemble au dernier goodie écolo-bobo pourrait en réalité bien être une révolution. Sous ses airs de petites ONG parmi tant d’autres, Avani Eco est une véritable industrie, au marketing impeccable, au logo travaillé et à la technologie protégée de la concurrence par un brevet, qui pourrait un jour reprendre le marché mondial du sac… plastique.
Le mot semble devenu grossier ! Bienvenu dans le monde des « éco-bags ». Daniel Rosenqvist, un Suédois installé à Bali depuis 2010 et cofondateur d’Avani Eco a accepté de répondre à nos questions…

usine-avaniLa Gazette de Bali : En quoi ça consiste exactement cette nouvelle technologie ?
Daniel Rosenqvist : Nous fabriquons des sacs jetables à partir de manioc et de canne à sucre. Ce bioplastique parfaitement compostable se compose uniquement de la partie non-consommable de ces végétaux. L’intérêt principal de ces nouveaux matériaux c’est que, contrairement au plastique d’origine fossile qui peut polluer les océans pendant des centaines d’années, ils sont biodégradables. Ils se dissolvent presque instantanément dans de l’eau chaude et en 45 jours dans l’océan et ce sans produire de toxicité. Ce sont des produits organiques qui se dégradent au contact des bactéries : ils peuvent également aller dans le compost ! Une équipe continue à chercher de nouveaux produits, de potentielles utilisations… Il y a énormément d’idées mais nous voulons prendre le temps de tout vérifier avant de mettre quoi que ce soit sur le marché.


LGdB : Comment être sûr que ce produit n’est pas toxique ? Une fois dissous dans les océans, il sera impossible à nettoyer si on découvre qu’il représente finalement un danger.

D R : Tout d’abord, nous connaissons tous les ingrédients qui composent notre bio-plastique : il n’y a que des plantes, aucun métal. Deuxièmement, nous avons lancé un processus de documentation du cycle de vie complet de nos produits. Nous essayons aussi d’obtenir des certifications, la CE par exemple au niveau européen. Mais ce sont des mécanismes longs et coûteux !


LGdB : Vous avez de la concurrence sur ce marché ?

D R : Pas vraiment. D’autres compagnies utilisent le manioc mais ils le mélangent avec du plastique pétrochimique. C’est bien plus attractif au niveau du prix évidemment, mais ce n’est pas « green », c’est seulement « semi-green » ! D’autres technologies offrant des alternatives au plastique ont été développées, mais elles étaient toujours trop chères pour le concurrencer. Il faut être attentif à différencier notre technologie de tous les sacs annoncés « biodégradables ». Depuis quelques années de nombreux produits « novateurs » ont été conçus mais se sont révélés tout aussi nocifs pour l’environnement. Ils n’étaient pas toujours produits à partir de biomasse et certains sont fabriqués à partir de pétrole et de minerais. Ils se désagrègent en petits fragments dans l’environnement et peuvent perdurer très longtemps et ont donc tout le temps d’alimenter les « continents » de déchets flottants dans les océans. Notre produit lui se dissout intégralement.

Avani-i-am-not-plasticLGdB : Et vous, votre produit n’est-il pas trop cher pour le marché indonésien ?
D R : Deux à trois fois plus cher que le sac plastique de base mais il reste moins coûteux à produire que les sacs en papier. Ils ont d’ailleurs une bien meilleure empreinte carbone que le papier, notamment car le manioc utilise moins d’espace lors de sa production.

LGdB : D’où viennent les fonds qui vous ont permis de lancer la compagnie ?
D R : Mon partenaire indonésien Kevin Kumala et son grand réseau à Jakarta nous ont permis de lever des fonds. L’investissement de base était de quelques millions de dollars. Il a fallu créer les usines, les processus de création… Je pense qu’on peut espérer un retour sur investissement dans trois ou quatre ans. En trois ans d’existence nous avons déjà environ 350 clients répartis dans Bali et les chiffres augmentent constamment.

LGdB : Pourquoi choisir de s’implanter à Bali alors que votre production est entièrement basée à Java ?
D R : On a commencé à Bali parce que ça nous semblait être le meilleur endroit pour faire connaitre notre produit directement auprès de consommateurs, de petites entreprises avec une conscience environnementale et des touristes du monde entier. Ils découvrent notre technologie et ça nous permet de voir à quelle échelle le marché pourrait se développer. C’est comme un show case pour le monde. Nous réfléchissons même à installer un mini-système de production sur place afin que nos clients potentiels puissent visualiser le processus. De plus, il y a un vrai marché de petits business qui attendaient des solutions. Notre produit est venu comme une réponse pour beaucoup de restaurateurs.

AVANI-strawLGdB : Vous n’êtes pas inquiet d’envoyer le mauvais message aux consommateurs avec ces produits ? Apprendre à jeter sans inquiétude plutôt qu’à consommer moins…
D R : Evidemment, la meilleure des choses serait que les gens emportent leurs propres sacs avec eux et se responsabilisent. Mais nous sommes loin d’en être là ! Notamment en Indonésie où un grand travail au niveau de l’éducation à la conscience environnementale est à faire. Nous avons décidé d’ajouter un « R » au slogan «Réduire, Réutiliser, Recycler » : Remplacer. Attendre que les gens apprennent à réduire drastiquement leur consommation prendra bien trop de temps, il faut leur offrir une opportunité de consommer différemment entre temps. 80 % des déchets plastiques finissent dans l’océan. Ensuite ils s’insèrent dans la chaine alimentaire et deviennent un problème mondial. En 2050, il y aura plus de plastique dans la mer que de poisson. Ca va aller très vite. Il est temps de repenser tous les objets du quotidien.

Tél. 081 999 588 224, (0361) 907 31 84. www.avanieco.com, [email protected].

S’Y RETROUVER ENTRE TOUTES LES FORMES
DE PLASTIQUE !

La matière plastique d’origine fossile que vous retrouvez majoritairement dans votre supermarché est fabriquée à base de pétrole. Elle peut mettre jusqu’à des centaines d’années avant de disparaitre. De nombreuses alternatives « eco friendly » se sont donc développées mais elles ne sont pas toutes aussi efficace qu’elles le laissent entendre. Petit lexique !

Le plastique recyclé ou éco-plastique : simplement obtenu à partir de plastique recyclé.

Le plastique biodégradable : conçu comme le plastique traditionnel à base de produits pétrochimiques, il contient des additifs qui lui permet de se décomposer plus rapidement, en laissant souvent derrière lui des résidus toxiques.

Le plastique végétal ou bioplastique : peut se fabriquer à partir de tout élément végétal qui, par fermentation, donne de l’alcool : des cerises, des betteraves, du maïs ou même des pommes de terre. Les molécules d’éthylène obtenues par le raffinage du pétrole ne diffèrent que très peu de leurs semblables obtenues à partir de matière végétale. Sa fabrication consomme beaucoup moins d’énergie que celle du plastique traditionnel. Attention, certains bioplastiques ne sont pas compostables : ils peuvent laisser des résidus toxiques ou des fragments de plastique. Le produit qu’Avani Eco propose est un plastique végétal qu’il revendique complètement compostable.

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