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Arjuno et Welirang : voyage à Java au pays des volcans

Il y a deux siècles et quelques mois, le 5 avril 1815, se produisait la plus violente explosion volcanique dont nous gardons la trace à l’époque moderne dans l’histoire du monde, celle de l’éruption du volcan Tambora sur l’île de Sumbawa, à un peu plus de 120 km à l’est de Bali. Ce fameux 5 avril, on n’entendit qu’une explosion, un peu retentissante quand même puisqu’elle se fit entendre à 1400 km de là ! Ce n’est que 5 jours plus tard que la grande machine tellurique fit vraiment parler d’elle. En quelques jours, plus de 100 km3 de roches furent vaporisées en poussière dans l’atmosphère provoquant une explosion estimée 52 000 fois plus puissante que celle d’Hiroshima, le volcan passa d’une altitude de 4300m à celle actuelle de 2850m. L’explosion tua plus de 60 000 personnes sur place, elle eut en plus une incidence sur le climat mondial en libérant dans l’atmosphère une énorme quantité de cendres qui provoquèrent une année sans été en 1816 (plus de 18 mois plus tard) au point qu’il y eut des famines en Europe qui provoquèrent la mort de milliers de personnes. Pour donner un point de comparaison plus contemporain, sachez que les éruptions du volcan islandais Eyjafjöll en 2010 n’ont rejeté dans l’atmosphère que 80 millions de mètres cubes de cendre, soit environ 90 000 fois moins que le Tambora. Quand on se rappelle les perturbations que ça a engendré dans le trafic aérien mondial ! Ce que le grand public sait un peu moins, c’est que ces cendres du volcan islandais contenaient environ 600 tonnes d’uranium et 1800 de thorium dont la radioactivité aurait un potentiel toxique au moins égal à l’accident de Tchernobyl…

J’aime raconter cette histoire inconnue du Tambora pour témoigner de la puissance de la nature ici dans l’Archipel et de cet univers unique et grandiose à découvrir pour nos visiteurs. Sur le bord de cette plaque asiatique qui chevauche la plaque indienne des volcans sont nés et l’Indonésie en compte 147 dont 129 encore actifs, médaille d’or mondiale ! Une belle part du patrimoine de ce pays repose sur sa nature volcanique et a aussi une incidence sur le caractère de ses habitants qui font contre mauvaise fortune bon cœur avec les aléas de cette nature explosive. En ce moment, le Raung fait des siennes et a provoqué à plusieurs reprises la fermeture des aéroports de la région dont celui de Bali. Ce volcan au cratère très profond est situé à Java-Est, il s’aperçoit sur la gauche de l’avion un quart d’heure après le décollage de Bali en direction de Jakarta. C’est un beau volcan d’un peu plus de 3000m dont nous vous avons raconté l’ascension dans une précédente édition (cf. La Gazette de Bali n°93 – février 2013), une balade tranquille à faire sur deux jours avec un beau bivouac à 2800m. Attendez tout de même qu’il ait fini d’éructer avant de vous y rendre!

Ca fait huit ans que nous vous emmenons une ou deux fois par an à la rencontre des volcans, nous vous avons présenté dans le journal les plus célèbres (Rinjani, Kawah Ijen, Bromo, Agung), le plus haut (Kerinci), les plus dangereux (Merapi, Semeru), les plus inconnus (Ebulobo, Inerie, Sumbing). Bali compte encore deux volcans actifs (Agung et Batur) et une floppée de volcans éteints du côté de Bedugul (Pohen, Adeng, Batukaru, Sengayang et Lesung) auxquels nous rendons visite de temps à autre et qui font l’objet de publications sur notre blog dédié à l’ascension des volcans. Le petit dernier que nous avons grimpé, c’est l’Arjuno à Java-Est, à environ 50km au sud de Surabaya. Il présente la particularité d’être relié à un autre volcan, le Welirang par un alignement de cônes et de cratères volcaniques qui mesure 6 km de long, les deux volcans culminent à plus de 3339m pour l’Arjuno et 3156 pour le Welirang et dominent toute la plaine alentour. Le Welirang est exploité pour sa solfatare, ce terme désigne les dépôts soufrés rejetés par sa fumerolle. La plus célèbre solfatare d’Indonésie, vous la trouverez à quelques dizaines de kilomètres de là sur le célèbre volcan du Kawah Ijen.

Pour préparer ce trek, nous avons abondamment puisé dans les ressources offertes par le site gunungbagging.com (cf. La Gazette de Bali n°91 – décembre 2012) et entre autres trouvé un excellent guide (mas Sugang : 085 707 647 020). Il nous a fait la surprise de venir avec son père qui est un des plus vieux guides de Java et qui a commencé à accompagner les gens dans les montagnes à la fin des années 60. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, il nous a garanti que les autorités ont cherché à protéger les derniers tigres en prétendant que l’espèce endémique de Java s’était éteinte dès les années 40 alors qu’on en trouvait encore dans les années 60, ceci afin de les protéger des chasseurs. Et quelques heures plus tard, il nous a demandé si on appréciait la viande de cerf parce qu’il en avait entendu un dans les environs. Avec les deux autres porteurs, il a réussi à le rabattre. On n’a pas compris s’il aurait été capable de le tuer avec la machette qu’il tenait en main mais nous avons été bien soulagés de voir l’animal s’échapper in extremis. Comme toutes les montagnes inconnues du grand public et des touristes, celle-ci est très préservée, on y trouve peu de plastiques et très peu d’humains. L’eau coule en abondance et on a l’embarras du choix pour planter sa tente. Surprise vers le sommet, avant le lever du jour, plusieurs arbres étaient en train de se consumer doucement et luisaient dans la nuit. Nous avons dû aussi traverser de grandes zones complètement calcinées. Il semble que des hommes mettent le feu aux arbres volontairement pour fabriquer du charbon de bois et ça provoque des feux de forêts malgré les panneaux d’interdiction qu’on trouve de ci de là. Sic!

Comme sur tous les volcans indonésiens, on trouve toujours des tombes près du sommet, là encore il y en avait quelques-unes, peut-être des fabricants de charbon de bois pris dans des incendies. Certains volcans comme le Merapi ou le Semeru tuent avec leurs émanations toxiques et les pierres
qu’ils rejettent ; sur d’autres, on imagine que les visiteurs sont peut-être morts d’épuisement ou de froid. La récompense de nos efforts, nous l’avons eue lors de l’arrivée au sommet de ce très beau volcan. Il y avait non seulement une vue magnifique sur l’ensemble Bromo-Tengger-Semeru éloignés de quelques dizaines de kilomètres. Mais surtout, nous n’avons pas fui le froid et le vent comme d’habitude au bout de 10 minutes à peine après avoir pris la photo de groupe. Nous nous sommes offert une sieste pendant près d’une heure
au-dessus des nuages, à plus de 3000m, une sieste dans le domaine des dieux !

Le blog de la Gazette de Bali dédié aux volcans : [http://ascension-volcans-indonesie.blogspot.com->http://ascension-volcans-indonesie.blogspot.com] et le site de référence en anglais sur tous les volcans d’Indonésie [www.gunungbagging.com ->www.gunungbagging.com ]
Pour en savoir plus sur l’actualité des volcans en éruption, nous recommandons en français le site www.activolcans.com et en anglais
[www.volcanodiscovery.com->www.volcanodiscovery.com] et [www.geo.mtu.edu->www.geo.mtu.edu]

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