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Anom Darsana, l’homme orchestre des festivals balinais

Est-il besoin de rappeler que Anom Darsana, ingénieur du son, est le fondateur d’Antida Studio ? Cette star de la musique à Bali, la quarantaine passée, expose fièrement ses envies de réveiller l’art vivant de son île. Parmi les multiples projets qui l’animent : l’organisation du Ubud Village Jazz Festival. Cette septième édition du festival balance entre conscience écologique et pédagogie musicale.

Comment est né le Ubud Village Jazz Festival ? J’ai tout d’abord créé un centre d’art et de musique en 2011 à Kesiman où j’organisais les “Jazz rendez-vous” en réunissant les jazzmen de Bali. Le guitariste Yuri Mahatma et moi-même avons senti que quelques chose se passait, que les gens appréciaient ces rendez-vous musicaux. Encouragés par cet engouement, nous avons lancé le Ubud Village Jazz Festival (UVJF) en 2013. La première édition comptait un peu plus de
500 personnes et une grande partie des personnes présentes étaient des initiés.

Quelle est la couleur de ce festival ?
Ce festival c’est avant tout une ambiance singulière qui s’appuie sur un lieu. D’abord parce qu’il se tient à Ubud, véritable centre culturel et spirituel. Cela crée une énergie créative, renforcée par le travail d’un architecte qui conçoit le festival de façon à ce qu’il soit unique à chaque édition. À l’UVJF, la disposition des scènes ainsi que la décoration changent mais toujours sur le thème de la nature. Ce festival est convivial et humain, d’où le nom de village. Je souhaite aussi d’intégrer toute les catégories sociales, prouver que le jazz n’est pas réservé qu’aux riches ou aux intellectuels. Nous essayons également d’être plus écologique en limitant notre consommation plastique par exemple.

Face à un calendrier culturel chargé, comment résister à la concurrence ?
Le jazz ne bénéficie pas d’un public conséquent, comme peut l’avoir le rock ou le rap par exemple. Je ne me fixe donc pas réellement d’objectifs mais nous sommes aux alentours de 5000 personnes. L’audience ne cesse de croître, avec une typologie de public beaucoup plus variée. Nous voulons que les gens s’initient à la culture jazz, développent leurs oreilles et découvrent de nouveaux artistes, de nouveaux talents qui ne sont pas forcément connus. Notre volonté ? Ouvrir le champs des possibles du jazz et faire émerger d’excellents musiciens. Le Ubud Village Jazz Festival n’est pas une rencontre commerciale, ni dans les rapports, ni dans la musique. On ne va passer au plein milieu du festival un son de Snoop Dogg. Bien sûr nous avons besoin d’argent pour continuer à exister, mais ça n’est pas notre moteur. Nous ne sommes pas une opération commerciale.

Vous organisez un autre festival, pouvez-vous nous parler de Tepi Sawah ?
C’est la troisième édition du festival Tepi Sawah (“au bord de la rizière”). Il a une vocation pédagogique avec un important volet environnemental. C’est pour ça qu’il se tient dans la campagne environnante de Pejeng. Tout en promouvant la musique nusantara, c’est-à-dire de l’archipel, et ce dans toute sa diversité. Auprès de notre public local et d’expatriés, nous organisons des ateliers. Nous racontons, par exemple, des histoires balinaises, nous apprenons aux enfants à sentir et créer la musique. Cette année nous allons revisiter l’oeuvre du groupe indonésien Koes Plus.

M.E.Y et BB



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