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Air Bali: une entreprise de haut vol

Qui n’a jamais interrompu la dégustation de sa Bintang glacée sur la plage Double Six en entendant le bruit caractéristique des pales d’un hélicoptère qui se pointe à l’horizon ? L’allure singulière des appareils noirs et du logo rouge d’Air Bali se reconnaît tout de suite. Certains d’entre-nous se lèvent alors pour faire des signes alors que d’autres se demandent bien ce qu’un hélico vient faire par ici. S’agit-il d’une mission de secours, ou bien d’un riche touriste en goguette sur les côtes de Bali ? Le projet d’Air Bali a démarré en 2000 lorsque Garrett, qui travaillait à cette époque pour une autre compagnie aérienne, a pris contact avec deux hommes d’affaires de l’île dans le but de créer une sorte de service aérien propre à Bali. Randonnées à dos d’éléphants ou descentes de rafting mises à part, Bali manquait encore à l’évidence d’un tour opérateur de cette dimension et c’est l’idée qui a présidé à la création d’Air Bali. Garrett partit alors provisoirement honorer un contrat de pilote en Alaska, laissant toutefois son frère Marius sur place, prêt à créer la société et à commencer à faire chauffer les turbines…

Air Bali propose des services très divers. « A part les habituels vols de touristes vers les hôtels, les volcans, les plages et les autres îles, nous faisons aussi beaucoup d’évacuation médicalisée dans notre hélico ou à bord de notre jet qui rejoint Singapour en trois heures », explique ce Sud-Africain originaire de Bloemfontein. Air Bali est la seule compagnie aérienne dirigée par des Occidentaux en Indonésie. « Nous comprenons parfaitement les besoins de la clientèle internationale et travaillons dur pour satisfaire chacun de nos client », continue ce père de famille. Marius Cloete a étudié l’architecture à la fin des années 80 à l’université d’Orange Free State avant de s’engager dans l’armée sud-africaine en 1990, à l’âge de 23 ans, où il a servi pendant cinq ans dans une unité des services secrets rompue aux opérations spéciales. Il a mis fin à sa carrière militaire pour démarrer une usine de produits laitiers fabriquant des yoghourts et des glaces. Puis, en 2001, après un divorce rapide, Marius Cloete a vendu son usine dans les montagnes d’Eastern Free State et s’est installé à Bali.

A quoi ressemble une journée dans la vie de Marius Cloete et de sa flotte d’hélicos noirs sortis tout droit de la série des années 80 « Airwolf » ? Il se souvient d’une anecdote. En 2005, les autorités ont demandé à Air Bali de récupérer 13 marins chinois naufragés d’un tanker qui avaient dérivé pendant 12 jours en mer. « C’était extraordinaire de voir le soulagement de ces types lorsqu’ils ont enfin posé les pieds sur la terre ferme », se souvient ce pilote chevronné, aujourd’hui marié à Nana, une Indonésienne de Makassar. La clientèle très variée d’Air Bali va des touristes étrangers ou des gens du film qui font des repérages aux photographes aériens, géologues, producteurs de cinéma et autres représentants du gouvernement. Des célébrités comme le prince Albert de Monaco, George Lucas, Enrique Iglesias, Anna Kournikova et des stars de Bollywood ont aussi embarqué à bord des impressionnantes machines volantes des frères Cloete.

Mais en Indonésie, l’industrie aéronautique privée n’est pas que paillettes et glamour. La loi est très stricte avec une multitude de régulations et de procédures. Sans parler des lourdeurs bureaucratiques à franchir, qui prennent du temps et de l’argent, avant d’avoir tout en règle. Côté tarif, il faut compter 1760 dollars américains pour une heure de vol à bord d’un hélico et 3300 à bord du Cheyenne 400 qui fait office de « jet privé-ambulance ». L’entretien d’un hélicoptère revient à 50 000 dollars par mois, précise Marius. Ce montant inclut le carburant, l’entretien, l’assurance, l’équipage, le stationnement, les autorisations de vol et les équipes au sol. Air Bali fait sa pub sur Internet, sous la forme de son site et de « référencements » sur les moteurs de recherche, mais aussi dans la presse spécialisée. « Les spots publicitaires que nous réalisons de façon régulière nous aident aussi à communiquer sur notre présence à Bali », ajoute cet homme d’affaires astucieux. Bien qu’hors de portée de la bourse de l’expatrié moyen ici, il est inutile de dire que les demandes pour les services d’Air Bali revêtent quelquefois un caractère inhabituel, du tragique à l’impulsif, de l’étonnant au bizarre. « Une fois, nous avons eu un client qui nous a demandé d’aller chercher son chien à Java parce qu’il ne pouvait pas passer le port de Gilimanuk à cause des mesures contre la rage », se souvient Marius. Il n’y a qu’à Bali qu’on voit ça !

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